Depuis qu’il a été reçu le 6 janvier dernier au palais de la nation pour un long entretien avec le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi, Lambert Mende Omalanga, député national de la circonscription de Lodja (Sankuru), initiateur du regroupement CCU et Alliés et PCA des Lignes Maritimes Congolaises (LMC, SA) fait les choux gras de certains médias et réseaux sociaux comme lorsqu’il fut l’inamovible porte-parole du gouvernement sous Joseph Kabila.
La brusque irruption de ce dialecticien hors-pair suscite l’intérêt de la plupart des chroniqueurs lorsqu’elle ne donne pas des sueurs froides à ceux qui ne jurent que par sa mort politique.
Dans le souci d’éclairer l’opinion sur les tenants et aboutissants de cette audience présidentielle, la troisième depuis sa désignation à la tête des LMC SA à l’en croire, Mende avait pourtant mis fin à deux années d’éclipse médiatique qu’il s’était imposée après la déroute à l’élection présidentielle de la famille politique FCC du président de la République honoraire Joseph Kabila. Il avait certes gardé le silence après son entretien avec le président de la République (« le temps de faire rapport aux élus de notre plateforme ‘’Alliance CCU & Alliés’’» selon ses propos), mais ce n’était que partie remise car un peu plus d’une semaine après ses échanges avec le chef de l’Etat, l’«homme au verbe facile» a mis fin au suspense en se déployant à deux reprises dans la presse audiovisuelle pour confirmer et commenter la décision prise par son regroupement Alliance CCU & Alliés de soutenir l’initiative prise par Félix Tshisekedi de constituer une vaste coalition gouvernementale dénommée Union sacrée de la nation.
Avec sa redoutable faconde habituelle, Lambert Mende a été tour à tour l’invité de Christian Lusakueno de Top Congo FM dans l’émission «face à face», puis de Jean Marie Kasamba dans l’émission «JMK Today» sur Télé 50. Deux sorties médiatiques qui ont suffi à l’élu de Lodja pour expliciter sa pensée et celle de ses amis politiques avec une rare netteté. «On a beau dire, ce monsieur a un sens aigü de la communication et de la dialectique qui lui permet de rendre intelligible les situations les plus confuses», a reconnu un député de l’UDPS contacté par nos rédactions.
Sur les motivations de l’appui de son regroupement à l’Union sacrée, les propos de l’élu de Lodja sur Top Congo FM et Télé 50 ne pouvaient ni prêter à confusion ni faire l’objet d’équivoque car il était resté égal à lui-même avec le franc parler et les mots toujours concis et bien choisis qui le caractérisent.
Mais c’était sans compter avec la malveillance de certains commentateurs qui passent le plus clair de leur temps à déblatérer sur les propos des autres et qui donnent raison à ce meilleur élu des législatives de 2018 dans la province du Sankuru (cinquième score au niveau national) lorsqu’il a prévenu que « les petits esprits aiment à parler d’eux-mêmes, les esprits moyens parlent des autres alors que seules les idées et les projets occupent les grands esprits». Ses détracteurs se sont amusés à déformer délibérément les propos de Lambert Mende, voire à lui attribuer des déclarations qu’il n’a jamais faites.
Le chroniqueur José Mbembo qui dit agir en solidarité avec un patriote nationaliste s’insurge à ce propos contre «les propos dénaturés, fallacieux, calomnieux et incongrus attribués à Lambert Mende et qui ne peuvent résister ni à la critique objective ni à l’analyse de contenu. Des propos mensongers susceptibles de mener en bateau des esprits peu alertes. D’où la nécessité de les confronter à l’authenticité de ses déclarations». Et Mbembo de noter que «Lambert Mende n’a jamais déclaré ‘expressis verbis’ ni même insinué que c’est Joseph Kabila qui lui a demandé de rejoindre l’Union sacrée de la nation comme on le dit dans certains démentis répandus ci et là sur la toile par des communicants pour le moins indélicats et leurs relais. Il a par contre précisé que le président de la République honoraire Kabila est mû par les mêmes considérations patriotiques qui ont conduit son successeur à mettre en place une coalition gouvernementale élargie baptisée Union sacrée de la nation et qu’il n’a, à sa connaissance, jamais laissé entendre aux membres de son FCC que l’objectif de cette plateforme était de combattre l’Union sacrée tout comme Félix Tshisekedi n’a jamais dit que son initiative avait pour objectif de clouer au pilori le FCC». C’est sur cette convergence parallèle que Mende et ses partenaires se sont librement appuyés pour justifier leur position de soutenir une idée qui, à leur point de vue, allait dans le sens des intérêts supérieurs de la Nation à laquelle va leur allégeance. José Mbembo ajoute que dans ses deux prestations, Mende a ajouté que tout au long de ses dix années au ministère de la Communication, «jamais l’ancien président Joseph Kabila ne m’a demandé de mettre mes talents à son service personnel. Il m’a toujours encouragé à rester envers et contre tout au service des Intérêts Nationaux». Il en veut pour preuve le fait qu’en 2014, alors qu’un débat houleux opposait autour du quatrième chef d’Etat rd congolais partisans et adversaires d’un tripatouillage de la constitution qui lui aurait permis de rempiler pour la troisième fois consécutive, Mende avait jeté un pavé dans la marre en annonçant avec l’accord de JKK sur TV 5 Monde qu’«en 2016, il y aura un passage de flambeau entre un président sortant et un président entrant », au grand dam d’une noria d’extrémistes. Le chroniqueur note également que l’alors ministre de la Communication du gouvernement Matata avait révoqué Christophe Kolomoni, membre du PPRD de Kabila, fraîchement nommé directeur général de la RTNC à la suite de propos xénophobes tenus sur la chaîne nationale par des partisans exaltés du parti présidentiel qui échouèrent à obtenir du Raïs son éviction du ministère pour ce qui était considéré par d’aucuns comme un crime de lèse-majesté.
Il faut dire que l’euphorie générale au sein de certaines couches de la population congolaise à la suite du soutien annoncé le 13 janvier 2021 de Lambert Mende, un poids lourd de l’arène politique congolaise et de son regroupement politique, Alliance CCU et Alliés à l’Union sacrée de la Nation n’a pas fait que des heureux.
Nonobstant cette clarification sur les motivations du regroupement lumumbiste qu’il dirige, des voix discordantes, aiguisées par la haine et la jalousie s’en sont prises à l’initiateur de l’Alliance CCU et Alliés par une campagne de médisances et de calomnies. Un nivellement par le bas du débat politique dénoncé par Alfred Mote, secrétaire général adjoint de la CCU qui s’est inscrit en faux notamment contre une pique de Francis Kalombo, ancien kabiliste notoire devenu porte-voix de Moïse Katumbi, leader du parti «Ensemble pour le République» qui s’est fendu d’un bien curieux ‘‘droit de réponse’’ à Lambert Mende alors que sur Télé 50, le nom de Katumbi n’avait été que très brièvement évoqué à la suite d’une affirmation purement ‘’périphérique’’ et un tantinet provocatrice du journaliste selon laquelle l’ex-gouverneur du Katanga «ne veut pas de vous (Mende) à l’USN», ce qui avait suscité l’étonnement du lumumbiste, Katumbi n’étant pas l’initiateur de l’USN. Kasamba ayant malicieusement insisté que Katumbi n’était «pas disposé à travailler avec vous car vous avez fait votre temps sous Joseph Kabila», l’élu de Lodja avait réitéré sa surprise du fait que Katumbi lui-même fut collaborateur de l’ex-président congolais 14 ans durant, soit deux ans de plus que lui. «Sans s’appesantir sur le fond du débat, Francis Kalombo, l’‘’atalaku politique’’ de personnalités comme le défunt Charles Mwando Nsimba et le sénateur José Endundo, deux très proches collaborateurs du maréchal Mobutu prétend pince-sans-rire que Mende pour avoir participé aux gouvernements de Tshisekedi père et de Kabila a fait son temps et serait ‘’ménauposé’’ (sic !)», s’indigne Mote.
Dans la même veine, Serge Kadima, un cadre du PPRD, s’est laissé aller à «démentir» des propos jamais tenus par Lambert Mende en lui faisant dire fallacieusement que Joseph Kabila lui aurait demandé d’adhérer à l’Union sacrée alors que rien n’est plus faux. «En réponse à la question de savoir s’il avait été autorisé par Joseph Kabila à apporter son soutien à l’USN, le leader de l’Alliance CCU & Alliés avait pourtant clairement indiqué que ni son regroupement, ni lui-même n’avaient à solliciter une telle autorisation car leur adhésion au FCC n’a pas eu pour conséquence de faire d’eux des aphones ou des mineurs dépourvus de liberté de pensée et d’action. Nous nous sommes assumés en adultes en ayant en vue l’intérêt de la nation. Tout le contraire des affirmations de Kadima», a bûcheronné ce haut cadre de la CCU avant de rappeler que c’est l’ensemble des formations politiques de l’Alliance CCU et Alliés ayant des élus nationaux et provinciaux qui en ont décidé ainsi pour donner au pays la chance d’aborder dans la cohésion la mobilisation des énergies nécessaires à son émergence. «Mende assume pleinement ce soutien à la vision de l’Union sacrée du président Tshisekedi sans cracher sur Joseph Kabila avec lequel il continue de plaider pour le maintien des passerelles en dépit des bisbilles qui ont entraîné la rupture entre CACH et FCC», a ajouté Mote.
Transfuge du MNC/Lumumba Originel (ancienne dénomination de l’actuelle CCU de Mende), Franck Diongo, président MLP, y a vu une occasion en or de régler ses comptes en s’improvisant donneur de leçons pour un futur gouvernement dans lequel on a du mal à voir son apport, son parti n’ayant aucun élu à l’Assemblée nationale. «Mende n’a pas sa place dans le futur gouvernement issu de l’USN car il a travaillé avec Kabila», a claironné Diongo qui a pourtant lui-même été candidat à un maroquin ministériel sous le régime du 1+4 de JKK qui lui préféra ses frères Joseph Olenghankoy et Otete Omanga, ce qui explique son aversion viscérale vis-à-vis du fils de Mzee Kabila qu’il fait passer pour un engagement ‘‘patriotique’’.
Pour Mote, «ce n’est pas à cet adhérent purement fantaisiste à l’Union sacrée qui ne représente que lui-même et ses illusions qu’il revient de déterminer qui peut faire partie ou non du gouvernement de la République. Sa posture sans fondement idéologique ou juridique relève plus de la peur panique de voir la présence de Lambert Mende à l’Union sacrée l’obliger à réviser à la baisse des ambitions démesurées que suscitent son ego surdimensionné».
Comme on peut s’en rendre compte, la fluidité et la limpidité du langage de Mende n’étaient guère de nature à rassurer nombre d’arrivistes qui usent d’une agitation de mauvais aloi à l’appui soit de leur OPA (Offre Public d’Achat) agressive sur l’USN de Fatshi, soit de leur entrisme forcené au gouvernement ou dans d’autres institutions ou organes de l’Etat. Ils n’hésitent pas pour cela à recourir à des contre-vérités cousues de fil blanc ou à des projections psychotiques débridées dans le but de diaboliser et vouer aux gémonies leur cible.
De toute évidence, avec les talents de communicateur qu’on lui reconnaît, Mende est pour les uns et les autres une sorte d’épouvantail du fait de sa capacité à mettre à nu les conspirations de ceux d’entre eux qui ne caressent que l’idée égocentrique de se servir de la politique à leurs fins privées.
Le n°1 de la CCU est incontestablement détenteur d’un apport en industrie à nul autre pareil susceptible de leur faire de l’ombre au sein de l’Union sacrée où certains pensaient déjà avoir conquis une chasse gardée.
Une troisième catégorie de rancuniers est tapie dans la famille politique de Joseph Kabila. Lambert Mende les avait pointés même s’il s’était gardé de les citer nommément comme responsables de la déroute de la coalition FCC-CACH et des revers du FCC. Ils s’évertuent à distendre anachroniquement sa relation idéologique et républicaine avec l’autorité morale du FCC.
Lumumbiste devant l’Éternel comme il se définit lui-même, ayant la République chevillée dans l’âme, Mende a dénoncé à bon escient l’incongruité des accusations selon lesquelles il aurait ‘‘trahi’’ la personne de JKK alors que son osmose avec ce fidèle continuateur de Mzee Kabila et de Patrice-Emery Lumumba tient moins à sa personne qu’à son engagement jamais démenti jusqu’à ce jour dans la défense des intérêts vitaux de la RDC face aux appétits voraces des prédateurs de tous bords. Des analystes superficiels ont vite fait d’attribuer sa vélocité dans l’exercice de ses fonctions de porte-parole du gouvernement apprécié de celui qui était alors garant du bon fonctionnement des institutions nationales à un mercenariat à motivation individuelle. En tout état de cause, l’adhésion de sa CCU à l’Union sacrée s’est faite en âme et conscience après toute une semaine d’intenses discussions constructives.
Trois acteurs politiques à savoir Alain Atundu (CDR), Vincent Mulegwa (UR) et Aimé Kilolo (PRPC-Vivant) ont annoncé leur retrait de l’Alliance CCU et Alliés pour marquer leur refus de soutenir l’Union sacrée de Tshisekedi. Alfred Mote qui signale que Aimé Kilolo revendique une aile du PRPC-V inconnu du regroupement lumumbiste regrette la position des deux frondeurs qui, bien qu’ayant participé à la constitution de l’Alliance CCU et Alliés, n’y ont jamais amené le moindre élu vaillant. Leur impact sur ce débat institutionnel est donc nul et de nul effet. «L’essentiel pour nous est que le point de vue défendu par l’initiateur Lambert Mende reflète la position de tous les élus sans exception de notre regroupement. Les réfractaires dont certains doivent auxdits élus les postes qu’ils occupent à divers niveaux sont appelés à tirer toutes les conséquences de leur défection motivée pour certains par des atavismes locaux qui n’ont rien à voir avec les objectifs de la CCU et Alliés».
Voilà qui a le mérite de mettre les points sur les i.
JBD avec Le Maximum