Des internautes tentent de clouer au pilori Jean-Marc Kabund, président intérimaire de l’UDPS/Tshisekedi, depuis la diffusion sur les réseaux sociaux mardi d’un enregistrement sonore dans lequel il accuse Moïse Katumbi (Ensemble pour la République) et Jean Pierre Bemba (MLC) de vouloir bloquer l’Union sacrée de la Nation (USN) en voulant s’arroger l’Assemblée nationale et la primature pour le compte de cette nouvelle coalition. Alors qu’il animait une conférence de presse mardi 19 janvier, l’informateur désigné par Fatshi afin d’identifier la majorité parlementaire, Modeste Bahati est revenu sur ce sujet et a appelé à ne pas biaiser la politique du chef de l’État avec les idées égoïstes de partage des postes.
Depuis lors, Kabund est devenu un bouc émissaire, responsable des difficultés que rencontre la nouvelle coalition présidentielle. Certains vont même jusqu’à l’accuser d’avoir «dévoilé un secret d’Etat» en le considérant comme un agent-double au service de Kabila au sein de l’UDPS (sic !) tout simplement parce qu’il a osé défendre les députés nationaux du FCC qui ont choisi de soutenir l’USN du président Tshisekedi.
A vrai dire, Kabund est victime d’un lynchage dicté par la boulimie de Katumbi et Bemba qui se voyaient déjà à la tête du bureau de l’Assemblée nationale du gouvernement. Pourtant à l’instar des dissidents du FCC, ils avaient eux aussi fait la pluie et le beau temps aux côtés de Kabila qu’il diabolisent aujourd’hui. Alors qu’ils avaient déclaré dans leur pseudo opposition défendre le peuple, les voilà alléchés par les postes et les prébendes au sein du nouveau gouvernement en gestion.
Déjà, au sein de Ensemble pour la République de Katumbi, les réactions allant dans ce sens sont orchestrées dans le but de faire chanter Fatshi. Ainsi l’intervention du député Muhindo Nzangi la semaine dernière sur Top Congo Fm ou encore les sorties médiatiques de
Olivier Kamitatu, Francis Kalombo, Chérubin Okende, voire Franck Diongo qui se sont tous fendus des réquisitoires au vitriol contre Kabund pour avoir qualifié d’irréalistes les revendications de Katumbi et Bemba qui confinent selon lui à une mise à mort de l’Union sacrée, les deux compères ne disposant pas de plus de 100 députés sur les 500 que compte la chambre basse du parlement. «Tout de suite je leur ai dit que ce n’était pas possible et je l’ai exprimé au président de la République. Je ne pouvais pas comprendre qu’ils proposent pareille chose et j’ai étais direct avec eux en leur faisant remarquer qu’ils n’avaient même pas 100 députés. En réclamant la primature et l’Assemblée nationale, vous voulez donc faire croire que les autres n’ont rien apporté dans cette histoire? Vous méconnaissez les efforts des autres», leur avait-il signifié.
Tel un bouillon de culture, l’état de décomposition avancée dans lequel Bemba et Katumbi témoigne de leur véritable nature. Ils ont beau s’ériger en «victimes» des membres du FCC et de Kabund, ils sont des acteurs de ce cirque à ciel ouvert que certains médias stipendiés feignent de prendre au sérieux dans leur propre intérêt.
Leur projet est une mascarade pour couvrir un partage du gâteau qui relègue le bon peuple au second plan et qui, si on n’y prend garde, risque de finir en pantalonnade sanglante. Une mascarade des ténors d’intérêts compradores appuyée sur des campagnes de communication qui ne sont que de vulgaires opérations de marketing où les deux candidats à la primature et à la tête de l’Assemblée nationale rivalisent de servilité devant leurs mentors qui les arrosent d’une pluie de dollars dans un pays délabré où plus de la moitié de la population vit dans la misère. C’est cela leur «démocratie».
Cette clownerie politicienne se caractérise par l’inanité des concepts de débat public et de consensus démocratique. Car la compétition pour le pouvoir ne se déroule, nulle part, dans des conditions idéales où l’objectivité et l’impartialité des règles du jeu seraient garanties. Aucun arbitrage incontestable ne veille à la régularité des opérations, aucune juridiction au-dessus de la mêlée ne détermine les limites d’un affrontement où tous les coups sont permis. La politique selon leur acception n’a rien de transparent où les opinions seraient équivalentes et dotées des mêmes moyens. Alors que leurs partisans commencent à s’en prendre au président Tshisekedi pour n’avoir pas encore donné écho à leur fameux «cahier de charges».
Les jours à venir risquent d’être riches en rebondissement.
A.M