«Qu’en est-il au juste de la fermeture de tous les cachots secrets de l’ANR qui est une des promesses solennelles faites par le chef de l’Etat Félix Tshisekedi en janvier 2019 lors de sa prise de pouvoir ? S’agissait-il de populisme ou d’escroquerie politique de sa part?», s’interroge le chroniqueur Sedrick Mputubala au sujet de l’interpellation musclée du pasteur Daniel Ngoy Mulunda Nyanga à Lubumbashi par des policiers exécutant un ordre du responsable provincial de l’Agence nationale des renseignements (ANR) non couvert par un mandat judiciaire.
Le mouvement citoyen Communauté des jeunes leaders CJL dénonce la brutalité dont Daniel Ngoy Mulunda aurait été victime par les agents de l’ANR venus l’arrêter lundi 18 janvier 2021 à sa résidence de Lubumbashi pour incitation à la haine tribale et atteinte à l’intégrité du territoire lors de son sermon à l’occasion du 20ème anniversaire de l’assassinat de Laurent Désiré Kabila.
Très remonté, le clergyman avait appelé le régime actuel à avoir «des égards envers les leaders politiques de chaque peuple, et particulièrement avec notre leader à nous katangais, l’ancien président Joseph Kabila».
Depuis l’accession au pouvoir du président Tshisekedi, plusieurs escarmouches ont opposé des membres de son parti, l’UDPS et des ressortissants de sa province d’origine le Kasaï, à des groupes d’originaires du Katanga, fief de son prédécesseur Joseph Kabila. Des insultes, des actes d’intimidation et des violences ont été ainsi signalés notamment à Lubumbashi et Kasumbalesa (Haut-Katanga). «Ici au Katanga, et même à Kinshasa la capitale, les services de sécurité ont tendance à avoir la main lourde contre tous ceux qui osent critiquer le régime Tshisekedi. Tous les moyens son bons pour les réduire au silence et même la justice congolaise n’hésite pas à offrir ses services à cette fin en organisant des procès en flagrance au cours desquels les peines les plus lourdes sont infligées à quiconque ose critiquer le régime », témoigne un enquêteur de Human Rights Watch pour qui « si le président n’intervient pas plus vigoureusement pour mettre un terme à tous ces abus, il y a, à terme, un sérieux risque de révolte dont nul ne peu prédire les développements».
Une source à Lubumbashi indique qu’après l’arrestation de Ngoy Mulunda par l’ANR assistée par la police nationale dont des éléments auraient vandalisé la résidence, un bande de casseurs identifiés comme activistes de l’UDPS ont envahi le 19 janvier 2021 le siège de l’association socioculturelle ‘’Buluba i Bukata’’ (Balubakat) dans la capitale du cuivre dans laquelle ils se seraient livrés à des actes de pillage et d’incendie.
Jean-Jacques Musinde
Correspondance particulière
AFFAIRE NGOY MULUNDA : Liberté d’opinion et services des renseignements
