L’Union sacrée de la Nation a-t-elle du plomb dans l’aile ? La rencontre de mercredi dernier entre ses trois poids lourds, Moïse Katumbi Chapwe (Ensemble pour la République), Jean-Pierre Bemba Gombo (MLC) et Jean-Marc Kabund (UDPS) autour du chef de l’Etat a donné à le croire. De nombreuses adhésions de députés élus sur des listes des partis et regroupements affiliés au FCC de Joseph Kabila ont manifestement bouleversé la donne au sein de la coalition initiée par le président Thsisekedi qui a demandé aux uns et aux autres de mettre de l’eau dans leur vin.
On rappelle que la jonction entre des parlementaires de l’opposition et plusieurs mécontents du FCC a occasionné la chute du bureau de l’Assemblée nationale dirigé par Jeanine Mabunda. Avant cet épisode, Ensemble pour la République de Katumbi était supposé détenir le plus grand nombre d’élus au sein de la nouvelle Union sacrée lancée par Tshisekedi.
L’irruption des députés nationaux issus du FCC qui constituent désormais le groupe le plus fourni dans cette nouvelle coalition impose un nouveau rapport de forces.
Ô temps, suspends ton vol !
Les calculs sont donc à revoir. Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba renâclent devant la nécessité d’adapter leurs projets à cette nouvelle situation.
A en croire, l’UDPS Jean-Marc Kabund, Katumbi et Bemba se seraient montrés trop gourmands en continuant d’exiger la primature et la présidence de l’Assemblée nationale en dépit de la place étriquée de leurs formations politiques respectives au sein de la nouvelle majorité en gestation depuis que des groupes issus du FCC ont résolu de s’impliquer également dans l’Union sacrée de la nation. L’information provoque l’ire des deux hommes qui se déchaînent depuis lors sur lui par leurs porte-voix interposés, notamment l’ancien speaker de la chambre basse Olivier Kamitatu et le fantasque ancien ‘’atalaku politique’’ kabiliste Francis Kalombo dont le nouveau boss Katumbi et son alter ego ne juraient que sur un triumvirat avec Fatshi avant la ruée des parlementaires FCC dans l’Union sacrée. A l’instar des amoureux du poème «Le lac» de Lamartine, ils semblent vouloir que le temps suspende son vol et aux heures propices de les laisser savourer les délices des beaux jours d’antan…
A l’évidence leur combat était purement égocentrique et ne répondait guère à l’impératif de soutenir la vision émancipatrice du président Tshisekedi ainsi qu’ils le claironnaient sur tous les tons. Seuls les postes et les prébendes les intérressent dans la perspective de 2023 d’où l’excessif agacement de leurs lieutenants qui rivalisent en insultes face à toute analyse critique, Kamitatu évoquant la ‘‘fatuité’’ de Jean-Marc Kabund et Kalombo qualifiant Lambert Mende de ‘‘ménopausé politique’’.
Seule l’union fait la force
Quoiqu’il en soit, les élus des partis et regroupements inscrits dans diverses entités regroupées au sein de ‘’Ensemble’’ et du MLC mis ensemble ne dépassant pas 100 députés sur les 500 qui siègent dans l’hémicycle, ils ne sont pas en mesure à eux seuls de renverser la vapeur pour permettre au chef de l’Etat de disposer d’une majorité parlementaire indispensable à l’accomplissement de la titanesque tâche de mettre en pratique son programme politique. L’ancienne opposition réunie ne totalisait que 106 députés nationaux sur 500. Même en s’alliant à la quarantaine d’élus UDPS et Alliés, le compte (251 députés nationaux au moins) n’y serait pas.
Tout acteur politique normalement constitué souhaitant soutenir Fatshi ou lui faciliter la tâche ne saurait faire fi de bonne foi de cette arithmétique politique élémentaire. Ce n’était vraisemblablement pas le cas de MM. Katumbi et Bemba qui n’ont les yeux rivés que sur leurs propres ambitions présidentielles à l’horizon 2023. C’est leur droit le plus légitime mais ils devraient faire preuve de réalisme dans la recherche des voies et moyens de concrétiser ces ambitions. «Dans la présente situation, il faut savoir composer avec les autres. Un peu de recul dans le temps s’impose. Dans le passé, la quasi-totalité des cadres d’Ensemble et du MLC ont eu à travailler avec le régime des Kabila, voire avec la dictature du Maréchal Mobutu. Il est dès lors assez surprenant de les entendre aujourd’hui reprocher à Tshisekedi de s’allier à des membres du FCC de Joseph Kabila!», fait remarquer sous le sceau de l’anonymat un analyste politique kinois pour qui les leaders d’Ensemble et du MLC ne jouent pas franc jeu ni avec l’opinion congolaise, ni avec Félix-Antoine Tshisekedi.
K.I. avec Le Maximum