Le répit des fêtes de fin de l’année n’aura été que de courte durée pour la classe politique congolaise, en ébullition depuis plusieurs mois déjà. L’union sacrée de Félix Tshisekedi, ragaillardie par des nouvelles recrues du FCC, poursuit sa route et veut s’affirmer comme la seule voix devant être entendue par tous. La dernière manœuvre, c’est la nomination de Modeste Bahati Lukwebo en qualité d’informateur afin d’identifier la nouvelle majorité au sein de l’Assemblée nationale qui perçue comme un schéma de mise hors-jeu du gouvernement Ilunkamba.
Connu pour son expérience politique, Bahati Lukwebo détient peut-être les armes pour démembrer la majorité parlementaire FCC et accélérer le basculement.
L’élu sud-kivutien ne manque certainement pas de comptes à régler à ses anciens camarades mais en politique rien n’est joué d’avance. Il le sait, lui qui avait vu ses rêves de président du Sénat s’évanouir dans l’épais brouillard politique congolais.
Du coté FCC, pas question de cautionner cette dérive autoritaire du chef de l’Etat et qui remet en cause les acquis démocratiques ayant permis la toute première alternance politique en RDC. Les fidèles de JKK se sont d’ailleurs réunis le week-end autour du 1er ministre Ilunga pour affuter les armes dans une guerre que l’Union sacrée estime avoir déjà gagnée.
Le FCC rejette la nomination de l’informateur et s’oppose radicalement à la chute du gouvernement Ilunkamba.
Signe d’une tension politique bouillonnante, les échauffourées observées à la plénière de l’Assemblée nationale, du 05 Janvier 2021, dirigée par le bureau d’âge auquel le FCC reproche d’avoir inscrit à l’ordre du jour le contrôle parlementaire donc une motion de défiance contre l’actuel 1er ministre. En guise de protestation, le député PPRD Manara a même failli déclencher une rixe en règle avec ses collègues du pré-carré tshisekediste à l’assemblée, ce qui présage une session fort mouvementée.
La bataille des chiffres entre les deux camps qui réclament détenir la majorité parlementaire risquerait, elle aussi, de se transformer en un conflit plus sérieux pouvant embraser le pays et le faire basculer dans l’instabilité politique et sécuritaire.
Pour l’analyste Gilbert Mondunga, les uns et les autres doivent privilégier l’intérêt supérieur de la nation car le problème de fond de la crise politique congolaise n’est pas réglé par l’Union sacrée. Le tripatouillage de la Constitution, contesté par le FCC depuis de longs mois, met en péril les fondements de la RDC et le danger pointe à l’horizon en dépit du triomphalisme curieusement affiché par le camp présidentiel.
Quel que soit le scénario, avec ou sans le FCC, le président de la République ne peut occuper l’espace politique qu’à travers une coalition politique au sein de laquelle son parti ne pourra qu’être minoritaire. Si cette réalité n’est pas intériorisée, le président sera obligé de trouver de nouveaux boucs émissaires, cette fois au sein même de l’Union sacrée qui est déjà à un monstre à plusieurs têtes.
A.M.