Moins de deux ans après son arrivée au pouvoir, voilà que Félix Tshisekedi semble être décidé de rompre l’accord FCC-CACH pour créer autour de lui une «union sacrée de la nation».
Décidémment, le président de la République est déterminé à prendre le dessus sur son partenaire Kabila, détenteur d’une majorité parlementaire avec qui il avait été contraint de former une alliance à son arrivée au sommet de l’Etat, le FCC, majoritaire au parlement ayant renoncé à une cohabitation malgré sa suprématie dans les deux chambres du parlement et au sein du gouvernement où il contrôle 65% des portefeuilles ministériels contre 35% au CACH du président Tshisekedi.
Du fait des tensions qui caractérisent aujourd’hui, les activités de l’équipe gouvernementale, le FCC a jugé nécessaire d’aller en retraite politique à Safari Beach d’où les partisans de Kabila ont exigé que toute initiative institutionnelle se conforme à la constitution et aux lois de la République. Ils ont rappelé notamment l’article 91 de la loi fondamentale qui stipule que «le gouvernement définit, en concertation avec le président de la République, la politique de la nation et en assume la responsabilité. Le gouvernement conduit la politique de la nation».
S’agissant du projet de Félix Tshisekedi de recomposer la majorité parlementaire en pleine législature, ils ont dénoncé le caractère immoral dont les stratèges de l’UDPS ne font plus mystère de leur volonté du président de procéder par la corruption des députés FCC, une pratique contraire à l’article 54 du règlement intérieur selon lequel «le groupe parlementaire est un groupe politique formé de membres de l’Assemblée nationale partageant les mêmes opinions politiques. Un député ne peut faire partie que d’un seul groupe parlementaire au cours de la législature. Les groupes parlementaires sont constitués pour la durée de la législature».
C’est fort de toutes ces considérations que l’ancien président de la République Kabila a appelé sa plateforme FCC à la «résistance» face à Tshisekedi qui, ne regardant plus que les élections de 2023, ne respecte pas l’accord signé début 2019. «Peut-être s’est-il souvenu des mots de Machiavel, ce penseur de la Renaissance italienne, qui déconseilla au prince bien avisé d’accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus», écrit Jeune Afrique à ce sujet.
«Tout à son obsession de rempiler pour un second mandat dans trois ans, le président Tshisekedi ne trouve plus aucun intérêt à respecter ses engagements de 2019 ou la constitution qu’il a juré de respecter devant la nation d’autant plus qu’il vient de prendre à la hussarde la Cour constitutionnelle en y écartant illégalement deux juges pour les remplacer par des hommes à lui et en éjectant ou en réaffectant vers des positions périphériques quelques officiers de l’armée réputés proches de Kabila», croit savoir un intervenant aux assises du FCC à Safari Beach et qui pense que le président est gavé des interprétations farfelues et fallacieuses sur les possibilités que lui ouvriraient les dissensions réelles ou supposées au sein du FCC dont certains députés nationaux pourraient claquer la porte pour rejoindre sa future «union sacrée».
Ainsi que l’écrit Jeune Afrique, à ce sujet, «la messe n’est pas encore dite. Il faudra encore évaluer la marge de manœuvre dont dispose Tshisekedi pour se défaire d’un partenaire puissant – contrôlant encore le parlement et comptant toujours des fidèles dans l’armée – et se lier avec des acteurs potentiellement inconstants. Pour le moment, il devra déjouer le piège dans lequel ses prédécesseurs se sont laissés enfermer. Celui d’une ‘’union’’ qui ne serait qu’une énième plateforme de redistribution du gâteau, qui ne contribue pas à améliorer le quotidien des Congolais».
JN