La Fédération des Entreprises du Congo (FEC), par la voix de son président, Albert Yuma Mulimbi, fait un constat mitigé de l’application du code minier de 2018 révisé. Le patron des patrons dit observer une mise en œuvre en demi-teinte de ce texte. Il en veut pour preuve le fait que les superprofits ou la fin des régimes préférentiels liés aux conventions dérogatoires ne soient pas encore d’application malgré la loi. Pour Yuma, des efforts énormes ont été consentis pour aboutir à la révision du code minier en RDC et le pays est en droit de s’activer pour en tirer profit.
«Nous sommes au milieu du gué ; une bataille féroce a déjà eu lieu pour faire adopter ce code, mais ce n’était que la première mi-temps. La seconde sera de lui faire produire tous ses effets et c’est alors que nous saurons si nous avons gagné le match du rééquilibrage du partage de la richesse entre les investisseurs internationaux présents dans notre pays et la République Démocratique du Congo», explique-t-il en estimant que les revenus actuels du secteur minier sont faibles. «Je sais combien cette question est sensible, mais combien de temps faudra-t-il pour que tous comprennent, qu’il n’y a aucune raison pour que nous nous satisfassions de revenus actuels de notre mine, quand notre industrie nationale du cuivre et du cobalt contribuait fiscalement à hauteur de 39% de la valeur totale des exportations dans les années 80 et pour moins de 10% aujourd’hui ?», s’est-il interrogé avant d’ajouter que «ce combat est donc un combat légitime, que notre Etat doit mener pour créer les marges de manœuvres dont il a besoin pour financer ses politiques publiques».
Cependant, Albert Yuma se veut optimiste. Il estime, en effet, qu’une fois le succès sera obtenu dans le secteur des mines, la RDC pourra espérer tirer profit de ses 3 autres grands atouts à savoir le majestueux Fleuve Congo, les dizaines de millions d’hectares de terres arables et la puissance écologique de sa forêt équatoriale.
En même temps, le président de la FEC déplore une administration publique défaillante. Ce qui constitue une faiblesse pour l’Etat congolais. Pour lui, il est impératif de rajeunir, de former et de rémunérer décemment les fonctionnaires de l’Etat. «C’est à cette condition qu’ils pourront être rendus comptables de leurs performances et qu’ils deviendront une véritable administration de développement dont le secteur privé a tant besoin», a-t-il conclu.
Le code minier, révisé en mars 2018, est censé doper la contribution du secteur au budget de l’Etat. Il prévoit une hausse des redevances classiques de 2 à 3,5% allant jusqu’à 10% sur les minerais considérés comme stratégiques, tels que le cobalt, le cuivre et le coltan. Or, depuis la promulgation de la loi et l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions, en juillet 2018, ces changements n’ont pas eu de répercussions sur le Trésor Public.
OH