Après une première alerte relayée il y a une semaine par l’Association africaine des droits de l’homme (Asadho) et JED, la société civile du Sankuru revient à la charge pour dénoncer la persistance des actes de violences mortelles,
de tyrannie, de terrorisme et d’arbitraire perpétrés par des éléments appartennant
aux forces de l’ordre commandés par Joseph-Stéphane Mukumadi, gouverneur
déchu du Sankuru en séjour dans les territoires de Lodja et de Lomela.
« Les populations de ces deux territoires
accusées de ne pas soutenir l’exgouverneur dans son conflit
avec l’Assemblée provinciale sont livrées à une violente vindicte de sa part depuis plusieurs jours», a déclaré l’avocat Benoît Dandja, président de la société civile du Sankuru dans un entretien avec nos
confrères de Top Congo FM diffusé samedi 5 septembre. «Quelques 30 militaires et policiers ont été déployés depuis le 2 septembre dans le secteur de Kondo-Tshumbe, une entité dont l’honorable dé-
puté national Lambert Mende, ancien challenger de Mukumadi à l’élection du gouverneur est ressortissant. Ces
éléments, sous la conduite d’un certain
Bono Emakitshi, ancien chef de secteur, s’adonnent au pillage systématique des biens des habitants, notamment de la zone de santé de Vangakete qui y est
installée», a-t-il ajouté. Informés de ces exactions du corps expéditionnaire militaro-policier coordonné par le
colonel FARDC Kalala
basé à Lusambo, l’auditeur militaire supé-
rieur (parquet général militaire) de MbujiMayi s’est transporté à Lodja pour interpeller le colonel Kalala qui a
pris la poudre d’escampette par la route provinciale reliant Lodja à Lusambo, d’où il était venu une semaine
plus tôt.
Aux dernières nouvelles, sa fuite ayant
été signalée par des radios locales, Kalala
à bord d’une jeep d’escorte de Mukumadi
aurait froidement abattu dimanche soir
un jeune homme du village de Hiandja –
Tombola en tirant à bout portant sur une
foule qui poussait des clameurs au passage de son véhicule. La
victime, Vodu Owamba, est morte sur le coup pendant que le criminel poursuivait
tout bonnement sa route vers Lusambo.
Deux jours auparavant, un communiqué
de la section de Lomela (220 kilomètres
de Lodja sur la route nationale N°7 en direction d’Ikela et Kisangani) avait accusé Mukumadi qui y était
arrivé d’avoir «lui même soumis de paisibles habitants de Lomela, fief du Sénateur
Moïse Ekanga (FCC), à une campagne de
terreur. L’Administrateur territorial ainsi
que ses deux adjoints et le responsable local du PPRD qui tentaient de s’interposer ont été enlevés et ramenés
manu militari vers Lodja par la garde prétorienne du gouverneur déchu qui a grièvement blessé par armes à feu une personne la
nuit».
Une source proche du dossier signale que la colère de Mukumadi
contre les 3 responsables de la territoriale à Lomela serait due à la répression
par ces derniers de l’abattage d’un Okapi espèce protégée en
RDC – par un chasseur
qui, par ce dernier
aurait avoué avoir été missionné à cette fin
par le député provincial José Lumu Akutu,
un proche de Mukumadi à qui il avait promis la peau de l’animal (voir en encadré, le communiqué du ministère national de l’Environnement à ce
sujet). C’est le refus de livrer le «trophée»
à Mukumadi qui aurait entraîné l’arrestation arbitraire de l’administrateur et de
ses deux assistants.
Me Jean-Pierre Lokeso Tshefu déplore
le fait qu’en voulant complaire aux
détracteurs de certains élus de la province du Sankuru, le gouverneur déchu
Mukumadi se soit ainsi livré à des actes
délictueux d’une gravité extrême. «Depuis
son arrivé à Lodja, M. Mukumadi se prend
pour Dieu le père dans toutes ses décisions et dans toutes ses sorties
médiatiques. Au stade Lumumba, il s’est livré à des pratiques dignes
de la 2e République en
infligeant un traitement inhumain à deux
journalistes d’une radio privée en les
faisant torturer, puis séquestrer au mépris
de toute procédure, après un simulacre
de ‘‘justice populaire’’.
Il se démène maintenant comme un diable
dans un bénitier pour s’en sortir mais le mal est fait».
Plusieurs actes de torture politiquement
motivés ont été en effet
signalisés depuis l’arrivée de Mukumadi à
Lodja. Ils ciblent quiconque est soupçonné
de s’être réjouit du prononcé par la Cour
constitutionnelle d’un arrêt exigeant la formalisation de sa démission.
A Lomela, il a poussé l’outrecuidance
jusqu’à faire tirer des coups de feu pour terroriser la population, blessant gravement un citoyen. Il s’en est aussi
pris avec virulence au sénateur Moïse Ekanga, l’accusant d’avoir «construit des maisons et des ponts aux frais de
la province» (!).
Pour la société civile du Sankuru, Mukumadi s’est rendu coupable
à maintes reprises de l’infraction d’incitation de militaires à commettre des actes contraires au devoir
et à la discipline.
Point de vue partagé par la Jeunesse
Consciente et Éveillée du Sankuru qui a demandé pour la énième fois au vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et au chef de l’État que le gouverneur déchu réponde de ses actes devant la
justice.
Pie Roland Djessa Loma
Envoyé spécial