Censée apporter de la lumière sur différentes interpellations qui se font dans le cadre des enquêtes qu’elle est appellée à mener pour le compte du ministère public, depuis mi-juillet dernier, la police judiciaire des parquets a plutôt jeté le flou dans l’opinion à travers un communiqué signé Albert Kibwe Kasali, directeur administratif et des services généraux de cet organe.
En effet, par ce document, il dit s’insurger contre ce qu’il considère comme «un tapage médiatique de ces derniers jours au sujet de ces enquêtes». Autant dire que M. Kibwe serait contre les commentaires émmis dans l’opinion sur la manière dont fonctionne ce service public qui relève du ministère de la Justice. «La police judiciaire des parquets a constaté avec un fort étonnement la mythomanie et la délation de la part de ceux-là qui pratiquent la corruption à une grande échelle, ont atteint des proportions inquiétantes», peut-on lire dans ce communiqué pour le moins inquiétant, alors que le rôle de ce service n’est pas de qualifier les faits infractionnels mais d’assister le parquet dans son travail d’investigation. «Si la police judiciaire procède déjà à la qualification des faits alors que même au niveau du parquet il ne peut s’agir que des présomptions à confirmer ou infirmer par les juges, alors on se trouve en plein dans une zone de non-droit», met en garde un spécialiste du droit pénal rattaché à l’Université protestante du Congo qui trouve à redire sur cette communication de la PJ qui assure «que les inspecteurs judiciaires sont déterminés, en vertu des pouvoirs que leur confère les textes légaux et réglementaires à en découdre avec cette pègre qui écume les institutions de la République». Pour maints observateurs, il y a dans le chef de l’auteur de ce communiqué, la volonté affichée de s’arroger les pouvoirs reconnus aux seuls parquets de réprimer les infractions en faisant comparaître leurs auteurs devant leurs juges naturels, les inspecteurs judiciaires ne jouant que le rôle de soutien aux magistrats desdits parquets. «Cette confusion délibérée des missions dévolues aux uns et aux autres par la loi congolaises est souvent source de multiples abus des droits de l’homme signalés ci et là et le gouvernement autant que le Conseil supérieur de la magistrature devraient y veiller attentivement», prévient encore cet universitaire.
Enfin, dans une conclusion grandiloquente, le porte-voix de la PJ déclare qu’elle «ne va pas se laisser distraire par les simagrées de ces potentiels prévenus qui cachent mal la peur du lendemain», un langage totalement inapproprié car attentatoire au sacro-saint principe de la présomption d’innocence.
O.H.