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Le mensonge, nouvelle forme de communication politique ?
Une multitude de messages vantant les exploits du président de la République Félix Antoine Tshisekedi et les déboires réels ou supposés de quiconque n’appartient pas à sa formation politique, l’UDPS occupent le haut du pavé dans les sites d’Internet et réseaux sociaux. « La RDC en voie de devenir le partenaire privilégié des USA » ; « Le président de la Cour constitutionnelle Benoit Lwamba prêt à donner dans 48h00 à Bruxelles , des révélations accablantes contre Kabila» ; « Tshisekedi va livrer Kabila à la CPI » ; « Kingataki a été désarmé à 4h00 du matin par un commando américain » ; « Fatshi a parlé et le taux du dollar a baissé à 1.600 Franc congolais», « Kabila a giflé Ngoy Kasanji à Kingakati » etc. Chaque jour apporte son lot de fake news qui constituent plus de 2/3 des postings affichés sur la multitude des sites et réseaux sociaux auxquels les Congolais ont accès en cliquant sur leurs smartphones et claviers d’ordinateurs au moment même où le pays est en train de sombrer dans le chaos et la confusion.
En prenant une distance critique vis-à-vis de cette nouvelle forme de communication politique dont les annonces fracassantes ne correspondent à aucune réalité sur le terrain, j’en déduis que l’entourage de notre président a décidé d’emprunter à Nicolas Machiavel, la méthode consistant à diriger le pays par le mensonge politique en recourant à l’art de « faire croire » que tout va pour le mieux alors qu’on est en fait au bord du gouffre.
Il ne se font plus fort de dire simplement la vérité au peuple ou d’aider leur idole à accomplir ses généreuses promesses électorales. Ils croient qu’il suffit désormais d’inventer , de « colorer » l’inexécution de ce qui a été promis. Le pays brûle, l’insécurité bat son plein, la monnaie nationale perd chaque jour de sa valeur mais au lieu de bonnes solutions, on nous sert un chapelet de mensonges colorés d’illusion, d’imagerie et de supercherie.
C’est justement pour colorer le déficit de la gouvernance qu’ils sont passés maitres dans l’art de faire croire. Les messages publicitaires mensongers ont pour objectif de convaincre, séduire ou changer en faveur d’un régime de plus en plus autocratique la perception que le petit peuple se fait de son agir politique. On multiplie des mises en scène, on alimente dans les réseaux sociaux les techniques sophistiquées des flux d’informations pour mobiliser l’opinion grâce à la toile avec une véritable armée de propagateurs de « fausses croyances ». A longueur de journées, ils propagent des buzz astucieux sur les réseaux sociaux pour déstabiliser « l’autre camp » et chercher à créer un consensus populaire autour d’une personne présentée comme un « guide éclairé et infaillible ».
« C’est notre tour. Nous ne devons rien concéder. Même à la vérité », disent les adeptes de ce type de communication politique qui repose non seulement sur la falsification de l’histoire mais aussi sur la contrefaçon du présent lui-même pour donner l’image de ce qui n’a jamais été fait dans le réel.
Le présidence impériale qui entend balayer le système semi-présidentiel mis en place par une constitution que l’on prétend défendre bec et ongles abuse ainsi de la propagande politique, du marketing de croyance en l’imaginaire et de la contagion du fanatisme aveugle, aux bruits et rumeurs.
Des spécialistes de la médisance sont déployés. Ils sont à l’affût de toute opinion dérangeante dont ils accablent l’auteur d’injures nauséabondes qui n’ont rien à avoir avec la question en débat mais visent principalement à décourager toute voix discordante et à détourner l’attention du public.
On a l’impression que dans ce pays que Kimbangu et Lumumba nous ont légué, les hommes sont de plus en plus séduits par les apparences et l’événementiel au mépris de la substance.
J’invite mes frères Congolais à résister au bourrage de cranes pour mieux s’attaquer à l’occupation impérialiste et néocolonialiste de leur pays qui bénéficie de nombreux sous-traitants locaux.
Il faut qu’ils cessent de s’abreuver naïvement de mensonges déversés sur les réseaux sociaux. Qu’ils arrêtent de croire et faire croire qu’un ambassadeur étranger auquel ils ont donné un nom local (Nzita) fera à lui tout seul des FARDC l’armée la plus puissante de l’Afrique Centrale. En fait, les accords militaires d’envergure ne peuvent résulter que d’un tête à tête entre deux chefs d›Etat et non de la bonne volonté de quelques intermédiaires. Or, jusqu’à ce jour Fatshi et Trump ne se sont même pas encore serrés les mains. En outre, la véritable stratégie des USA en RDC n’est pas de faire de ce pays, trop riche, un grand pays, donc très dangereux pour leur hégémonie planétaire, mais plutôt une ruine corvéable disloquée en principautés.
C’est pourquoi, tout dirigeant réputé unitariste et nationaliste sera toujours considéré comme un ennemi.
Jules Fontaine Bimbola
Le président Fatshi doit reprendre en mains ses agitateurs
La reprise des travaux du comité de suivi de l’accord entre le CACH du chef de l’Etat et le FCC du président honoraire Joseph Kabila est une bonne nouvelle pour le pays.
Les dossiers du contreseing gouvernemental sur les ordonnances controversées des nominations dans l’armée et la magistrature et l’incident provoqué par le refus de deux juges constitutionnels contestant la constitutionnalité et la légalité de la fin de leurs fonctions sont tous sauf des banalités. Le FCC qui accuse le président de la République d’aller de violation en violation non seulement de l’accord entre les deux composantes de la coalition majoritaire au pouvoir mais aussi de la constitution de la République tandis qu’au CACH, on ne jure que par la nécessité de « laisser les coudées franches au président de la République pour qu’il fasse ce qui lui semble bon pour son programme et pour le pays ».
Je souhaite que les deux leaders sauront recentrer le débat entre leurs bouillants lieutenants. Il est nécessaire que les deux partenaires de la coalition retrouvent plus de sérénité avant la rentrée parlementaire de septembre pour que la cacophonie ne s’amplifie au cas où le parlement le parlement s’abstenait de participer au serment des nouveaux magistrats désignés dans les conditions que l’on sait à la Cour constitutionnelle par le président de la République. La plupart des députés et sénateurs FCC seraient prêts à cette éventualité.
Au président Tshisekedi de prendre la mesure des périls que la persistance de cette querelle insensée fait courir à la nation et à son leadership.
Il y a intérêt à ce que ladite querelle ne distrait le président, le parlement et le gouvernement de leurs devoirs constitutionnels qui consiste, faut-il le rappeler à gouverner le pays pou le bien-être de son peuple. Les distractions autour des egos surdimensionnés au sein de la classe politique prennent trop le dessus sur cette considération.
West Kalunda