Léon Kengo Wa Dondo, président honoraire du Sénat (2007- 2018) a été décoré samedi dans la salle des spectacles du Palais du peuple, Grand Cordon de l’ordre national Héros nationaux Kabila-Lumumba, pour ses mérites et services rendus à la Nation congolaise, au cours d’une cérémonie à l’occasion du vernissage de son livre « Léon Kengo Wa Dondo: La passion de l’Etat ». Les insignes de cette distinction lui ont été remis par le chancelier des ordres nationaux, l’amiral Damas Kabulo, au nom du président de la République, Félix Tshisekedi, grand chancelier des ordres nationaux et des Héros nationaux Kabila-Lumumba, qui a signé le 09 juillet 2020 une ordonnance élevant l’ancien président du Sénat à cette dignité.
Un de ses anciens collaborateurs Emmanuel Keto, premier président honoraire de la Cour d’Appel a rappelé auparavant que cet « enfant de Libenge, » est venu au monde le 22 mai 1935 a rappelé. « Les écueils franchis, ajoutés à la rigueur de ses encadreurs ont contribué à affermir sa personnalité et à forger sa combativité » a-t-il ajouté. Kengo a terminé son cycle secondaire à Mbandaka (ex-Coquilhathville) avant d’obtenir un diplôme d’études judiciaires à l’Ecole nationale de droit et d’administration. Muni de son diplôme du secondaire, le jeune Léon descend à Kinshasa, en compagnie de sa grand-mère. Léon Lobitch, hanté par le démon du perfectionnement, s’envola en 1962 pour l’Université libre de Bruxelles, où en 1967, il décrocha son diplôme de Docteur en Droit, auquel il ajoutera une Licence spéciale en Droit maritime, aérien et de l’Espace. Après un bref séjour au cabinet du président Mobutu comme conseiller, il est nommé procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa.Avec la création de la Cour suprême de Justice, il est promu procureur général de la République et sillonnera la République avant de concevoir avec le concours du ministre de la Justice et quelques juristes les réformes judiciaires qui constitueront le socle de la Justice nationale. Il a été président du Conseil judiciaire, et aura mis en place l’Inspection générale des services judiciaires. Dans la pratique judiciaire pure, Kengo s’était illustré à travers certains procès, dans lesquels il avait lui-même occupé le siège du ministère public. On peut citer notamment le procès Kudia Kubanza et Mungul Diaka. Plusieurs fois premier commissaire d’Etat, il s’était illustré, à son troisième mandat en 1994, par un dossier brûlant concernant un sujet libanais, M. Khanafer qui mettait en cause un groupe d’affairistes faux monnayeurs. Le 08 décembre 1996, Kengo est reconduit au poste de premier ministre après la Conférence nationale souveraine (CNS). Le 12 avril 1997, il fit la remise-reprise avec le nouveau premier ministre, le général Likulia, avant son exil forcé en Belgique. En 2007, usant d’une campagne de porte à porte, il se fait élire sénateur de la province du Nord-Ubangi. Le 11 mai 2007, à la surprise de beaucoup, il est élu président du Sénat.
Vibrant hommage du président du Sénat
Le président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba, a rendu, à l’occasion un vibrant hommage à son prédécesseur Léon Kengo Wa Dondo, « J’ai l’immense honneur de baptiser l’ouvrage «Léon Kengo Wa Dondo, la Passion de l’Etat », en lui souhaitant plein succès. La vie n’est rien d’autre qu’une succession d’histoires qu’il nous faut vivre et écrire», a indiqué dans son propos le président de la chambre haute du parlement.
Le président du Sénat qui a tissé pendant quarante ans des liens particuliers et des sentiments partagés de respect pour l’homme d’Etat qu’incarne Léon Kengo Wa Dondo, a souligné que ‘’Léon Lobitch’’ totalisait cette année 62 ans de vie politique, alors que la RDC célèbre 60 ans d’indépendance. Pour lui, cette longévité ‘’impressionnante’’, fait de lui un témoin incontournable de l’histoire politique de la RDC, alors que les débuts modestes de ‘’ce jeune mulâtre’’, ne laissaient en rien présager le destin qui serait le sien.
Selon Alexis Thambwe Mwamba, le récit biographique contenu dans cet ouvrage, son passage à l’école primaire de Libenge, puis au groupe scolaire de Coquilhatville (Mbandaka), à Monkoto sans oublier son arrivée à Léopoldville, sa capacité d’adaptation et ses luttes pour obtenir son diplôme d’études judiciaires constituent des véritables leçons de vie pour la jeunesse de la RDC.
Le président de la chambre haute du parlement a vanté la démonstration d’une volonté tenace ne souffrant d’aucun relâchement malgré les contrariétés et enseignement sur l’exigence d’une formation soutenue. « La réussite d’une vie s’écrit à l’encre de l’effort et des sacrifices», a rappelé Alexis Thambwe Mwamba à l’endroit de celui qui l’avait porté au poste de président de l’Union des démocrates indépendants (UDI), et dont il se rappelle ces mots : «Alexis, ne monnaye jamais ta signature, comme le font tant d’autres. Je rends hommage à l’homme discret et pudique», a dit le président du Sénat soulignant qu’il a la lourde charge de mener la destinée du Sénat où Léon Kengo Wa Dondo l’a laissé. Une marque indélébile avec 250 lois votées en 10 ans de présidence. Il a terminé le survol de la vie de Léon Kengo Wa Dondo en disant que la précarité, le pouvoir, l’exil, ‘’Léon Lobitch’’ avait tout connu et tout vaincu.
En posant ses mémoires dans un ouvrage, la RDC est à l’heure du bilan qui permettra aux générations présentes et futures une critique éclairée de ‘’notre’’ passé, une gestion positive du présent et une préparation responsable du futur, afin que certains égarements du passé, selon ATM, ne se reproduisent plus. L’autobiographie revêt un caractère symbolique d’un passage à témoin, a-t-il conclu.
Critique de ‘’Léon Kengo Wa Dondo : La passion de l’Etat’’
Le sénateur Célestin Kabuya Lumuna a fait pour sa part une lecture critique de l’ouvrage préfacé par le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya. « Constitué de 16 chapitres, dont certains sont narratifs du point de vue social et d’autres très techniques notamment la production législative, d’autres donnent un testament pour les mercuriales. L’ouvrage est une ressource unique et lumineuse que l’auteur a servi l’Etat congolais au temps colonial, républicain et de la République Démocratique du Congo », a dit le professeur Kabuya Lumuna Sando.
L’autobiographie montre les fonctions et le rôle de premier rang : le pouvoir exécutif (trois fois Premier ministre), législatif (président du Sénat), sans compter l’expérience dans le domaine judiciaire. Kengo Wa Dondo, homme de rigueur, étiquette collée à lui. Quand il prend la magistrature, c’est pour la redresser. La rigueur des hommes. Kengo Wa Dondo a suivi l’Etat colonial, dictatorial et républicain. Des témoignages ont été faits par son ‘’Ndoyi’’ Léon Engulu qui a vécu avec Kengo à Mbandaka, ainsi que le député honoraire, Kiakwama Kia Kiziki qui a donné l’image de la RDC aujourd’hui. Pour ce dernier, la passion c’est le plus haut sentiment.
A.M