Tout a été dit sur les méfaits de la pandémie à la Covid-19 qui s’est notamment invitée en RDC alors que tout était mis en œuvre pour faire de 2020 l'”année de l’action”. Cette crise aussi imprévisible que désastreuse est le pire des scénarios envisageable pour une gouvernance planifiée. Jamais de mémoire d’homme le temps ne s’était ainsi arrêté et avec lui l’économie et le commerce internationaux. Jamais plus de la moitié des habitants de la planète Terre n’ont été obligés de se calfeutrer à domicile. Jamais même en temps de guerre les avions n’ont été ainsi cloués au sol et les frontières bouclées. Pour couronner le tout, jamais l’humanité n’avait subi au même rythme la menace d’un virus létal transmissible au moindre contact y compris par des porteurs sains en apparence. Le virus du VIH qui était jusque là le fléau le plus redouté pour la santé publique n’a jamais été une menace aussi globale dans la mesure où sa transmission n’est possible que par la voie sexuelle ou par un objet tranchant. Le Coronavirus est un fléau aux conséquences désastreuses perceptibles à l’œil nu, y compris pour ceux qui en minimisent la létalité en comparant le nombre de morts causées par la pandémie à celles dues à l’insécurité, la guerre, la faim, le paludisme, le cancer, le diabète, l’obésité et autres maladies cardiovasculaires.
Sublimer à tout
prix la Covid-19
Néanmoins, il a été prouvé de par le monde que l’esprit humain s’est toujours montré plus créatif pendant les crises. La guerre dit-on est le moteur de l’histoire en ce que la plupart des inventions qui ont transformé le monde ont été dictées par le désir de vaincre l’ennemi et de protéger des vies en péril. «L’homme se découvre quant il se mesure à l’obstacle», disait Antoine de Saint-Exupéry. La société congolaise semble s’être elle aussi découvert des vertus, ou à tout le moins une certaine appétence à vivre sous la mouvance des normes urbaines policées que l’on croyait impossibles à mettre en oeuvre dans des mégalopoles comme Kinshasa. Du jour au lendemain, les kinois découvrent les bienfaits de l’expédition des dépouilles mortelles de leurs proches de la morgue directement au cimetière après un bref recueillement en lieu et place d’onéreuses et tapageuses obsèques et autres cérémonials de veillée mortuaire que l’on ne voit nulle part ailleurs.
Les tintamarres des quartiers bruyants avec leur pollution sonore ont cédé le pas à une sérénité propice à l’éducation des enfants et au repos. Les bars, terasses et églises de réveil qui distribuaient des décibels à tue-tête font désormais l’objet d’une réglementation stricte plus conforme aux lois.
La disparition des marchés pirates qui jonchaient les rues de nos villes au grand dam de la fluidité de la circulation et de la santé des consommateurs sont une aubaine pour les autorités municipales qui ont intérêt à ce que soit maintenu le bon élan constaté pendant cette pandémie. La normalisation dans les transports en commun est aussi un acquis à préserver.
Dans la pratique, il revient aux pouvoirs publics de saisir la balle au bond en annonçant avant le déconfinement et la fin de l’état d’urgence la pérennisation des bonnes pratiques ci-haut évoquées et des sanctions pénales qu’encourreraient les contrevenants. En tout état des causes, dans le contexte des travers de la vie urbaine notoirement dévoyée en RDC, la Covid-19 peut à juste titre être considérée comme un mal pour un bien. Toutes les valeurs naguère mises sous le boisseau devraient retrouver force exécutoire après l’état d’urgence sanitaire. Le salut public en dépend.
JBD