Colette Braecman, journaliste au quotidien belge Le Soir réputée ‘‘spécialiste’’ des affaires congolaises a encore récidivé la semaine dernière dans des allusions suspicieuses mettant à mal la cohabitation pacifique des populations autochtones du pays de Lumumba en ciblant cette fois-ci la coalition FCC-CACH dont le seul tort semble être d’évoluer hors des diktats occidentaux. C’est un nouveau pavé dans la mare qui a fait bondir en haut lieu à Kinshasa.
En effet, dans sa livraison du 27 mai 2020 intitulée :« RD Congo: au-delà de la pandémie, la mort rôde dans les cercles du pouvoir », Braeckman s’est livrée à un exercice d’incitation à la haine et à des règlements de comptes entre Congolais, à l’instar de ce qu’elle avait pris l’habitude de faire sous les mandatures succesives de Mobutu et des Kabila père et fils. La cible de la journaliste aujourd’hui semble être la coalition FCC-CACH mise en place par le nouveau président de la RDC et son prédécesseur à la surprise de ceux qui, à Bruxelles, s’étaient confortablement installés dans un rôle de régents de ce scandale géologique au coeur de l’Afrique dont ils avaient dû se délester malgré eux un certain 30 juin 1960. Alors que la RDC attendait encore le résultat de l’autopsie après la mort suspecte du Juge président Raphaël Yanyi Ovungu, en charge du procès dit de l’affaire des 100 jours mettant en cause l’ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat Félix Tshisekedi, Vital Kamehre et consorts, elle voyait déjà l’ombre du poison, l’étendant à d’autres décès intervenus à la présidence de la République.« Au lendemain de la reprise du procès de Kamerhe, le décès soudain du juge Raphaël Yanyi frappe les esprits. L’ombre du poison plane désormais sur Kinshasa. Avis de tempête pour le président Félix Tshisekedi:une vingtaine de ses proches collaborateurs ou membres de sa famille viennent de trouver la mort en quelques jours», écrit Braeckman dans une sorte d’ode à la suspicion et à la méfiance systématique en RDC. Pour elle, on assiste dans la capitale congolaise à un duel dans lequel tous les coups sont permis entre anciens alliés sur fond de pandémie et de crise économique.
Elle attribue une coloration politicienne même à des décès dûs au Coronavirus qu’elle a allégrement alignés dans la rubrique des «règlements de comptes». A l’en croire, «la série noire avait commencé par le décès de Mgr Gérard Mulumba, frère de feu Etienne Tshisekedi, en charge de la maison civile du président et conseiller écouté. Le Covid-19 avait alors été cité, mais d’autres rumeurs assuraient que ce décès aurait aussi pu être une vengeance après la mort du général Kahimbi. Très proche de l’ancien président Kabila, désigné par les Américains comme l’un des hommes à écarter, ce dernier avait été retrouvé pendu dans sa cellule et la thèse du suicide n’avait convaincu personne. Cette mort plus que suspecte avait révolté le ‘‘camp’’ Kabila et marqué le début des tensions au sein de l’alliance réunissant CACH (Cap pour le changement) au puissant Front commun pour le Congo (FCC), la plateforme soutenant l’ex-président. Or aujourd’hui, CACH a implosé : Kamerhe qui dirigeait l’une de ses composantes se trouve en prison et, dans l’Est du pays, la colère gronde. En outre, le parti de Tshisekedi, l’UDPS est secoué par la vague des décès, mais aussi par la destitution de Jean-Marc Kabund, un ‘‘homme fort’’ de l’UDPS, vice-président de l’Assemblée nationale (qui) vient d’être renversé à l’issue d’un vote de défiance émis par une Assemblée où les partisans de Kabila sont majoritaires».
Le recadrage de Fatshi
La série des décès enregistrés ces derniers temps à la présidence de la République continue de susciter des réactions en sens divers dans l’opinion. Face à l’émotion provoquée au sein de l’opinion publique et faisant suite à de telles interprétations malencontreuses, le porte-parole du chef de l’État, Tharcisse Kasongo Mwema est monté au créneau pour mettre les points sur les i au nom du président Tshisekedi.
Intervenant au journal télévisé de la RTNC vendredi 29 mai, Kasongo Mwema a en effet balayé d’un revers de la main la thèse rocambolesque de l’empoisonnement des collaborateurs du président. Pour lui, la Covid-19 est la seule cause des décès déplorés jusqu’à ce jour à la présidence de la République. Il a dit comprendre le tollé que cette situation a créé dans l’opinion soulignant que cela ne pouvait en être autrement vu que la présidence attire sur elle tous les regards et les attentions en tant qu’institution-phare du pays. «Le site présidentiel demeure un des milieux les plus exposés en ce sens que plusieurs personnalités le fréquentent au quotidien pour diverses raisons», a renchérit le porte-voix du chef de l’État qui a nuancé la rumeur complaisamment relayée par Colette Braeckman.
Au-delà de l’émotion, Kasongo Mwema invite ses concitoyens à orienter plus positivement leur imagination et à «ne pas céder à certaines insinuations malveillantes véhiculées par les médias occidentaux et réseaux sociaux». A propos de l’hypothèse répandue de l’empoisonnement des bureaux de la présidence à partir des appareils de climatisation, le porte-parole du chef de l’État s’est interrogé : « quand cela a-t-il été fait, par qui et par quel moyen ? », préférant laisser aux scientifiques le soin de confirmer ou d’infirmer de telles allégations car jusqu’à présent, a-t-il renchéri, «aucune preuve scientifique n’indique que ces décès soient le fait d’autre chose que de la Covid-19». Il a affirmé que la première institution de l’Etat s’en tenait aux preuves scientifiques et non à des spéculations. Avant d’ajouter que la présidence de la République avait pris un train de dispositions pour se mettre en phase avec l’évolution de la pandémie. «Outre l’observance des mesures-barrières, un portail de désinfection a été érigé à l’entrée des bureaux du chef de l’Etat», a-t-il indiqué. Bien plus, le nombre de personnes appelées à prester dans chaque service de la présidence a été restreint, sans oublier l’instauration des tests rapides destinés à pallier les atermoiements déplorés dans la livraison des résultats par les services compétents.
«Si besoin en est, et en conformité avec les données fournies régulièrement par le baromètre de la pandémie, ces mesures seront revues et, le cas échéant, renforcées pour sécuriser l’ensemble des agents de la présidence», a martelé Kasongo Mwema qui a précisé que tous les services opérant sur le site présidentiel sont en alerte maximale et qu’il serait envisagé la possibilité de fonctionner en mode télétravail pour parer à toute éventualité.
La société civile dit son ras-le-bol
Plus direct, le Panel d’experts de la société civile coordonné par Dieudonné Mushagalusha a pour sa part adressé une lettre ouverte à Colette Braeckman dans laquelle il exprime le sentiment de ras-le-bol éprouvé par ses membres à l’égard de la tendance de certains milieux occidentaux à animer le feu de la division et de la conflictualité entre Congolais. En voici quelques extraits:
«Rien qu’à lire l’intitulé de votre article, tout Congolais averti ressent la profondeur de la haine qui vous anime contre les populations congolaises en général, et celles de l’Est du pays en particulier (et) vos velléités balkanisatrices de la RDC en tentant d’opposer les communautés congolaises entre celles de l’Est et celles de l’Ouest (…). Vouloir présenter les populations de l’Est du pays comme des primitifs qui recourent au poison pour faire taire leurs adversaires n’honore pas votre plume et traduit votre esprit de complaisance.Restant dans votre agenda déstabilisateur de la RDC, vous accusez un camp politique au sein de la coalition actuellement au pouvoir à Kinshasa de se livrer à des règlements de comptes à la suite du décès d’un officier général des FARDC.
De quelle preuve découle votre insinuation en associant la mort de Mgr Gérard Mulumba, ancien chef de la maison civile du président de la République Félix Tshisekedi, à la vengeance de ce vaillant général Delphin Kahimbi ? Tout esprit averti comprend votre détermination à vouloir opposer les Congolais les uns aux autres.
Depuis la passation pacifique du pouvoir politique à Kinshasa, beaucoup de pyromanes s’activent pour entretenir la discorde entre les acteurs majeurs de cette alternance en RDC. Et vos écrits s’y prêtent malheureusement.
En cette période difficile où les Congolais sont affectés par la mort inopinée du juge Raphaël Yanyi, un homme qui conduisait avec transparence et dignité le procès du programme de 100 jours du président de la République, vous avez choisi de le qualifier de ‘‘procès Vital Kamerhe’’, alors que ce dernier n’est pas le seul prévenu dans cette affaire, ce qui dénote votre volonté d’influer sur l’issue de ce procès simplement parce qu’il est natif de cet Est que vous ne tolérez pas.
Jusque-là Vital Kamerhe est présumé innocent, mais vous l’avez condamné déjà en donnant l’impression que votre intérêt serait de faciliter par là votre projet de balkanisation de la RDC. Détrompez-vous, la justice congolaise ne suivra pas votre volonté, elle dira le bon droit dans ce procès». Aujourd’hui comme hier, sous Joseph Kabila ou Félix Tshisekedi, des officines impérialistes n’ont pas renoncé à maintenir la RDC dans une régression favorable à leur schéman de prédation. Derrière leurs diverses couvertures (médias globaux, ONG, multinationales) ces impérialistes s’activent pour l’implosion de la RDC s’ils ne parviennent pas à imposer la révision du nouveau code minier promulgué en 2018 par Joseph Kabila, un texte qui revoit à la hausse la part du Trésor rd congolais dans l’affectation des bénéfices réalisés par l’industrie minière dans le pays. La dissolution de la coalition FCC-CACH constitue à cet égard une étape décisive dans la déstabilisation des institutions publiques congolaises ‘‘coupables’’ de n’avoir pas préservé les intérêts de la haute finance occidentale en privilégeant les Intérêts Nationaux. D’où, la nécessité le peuple congolais, toutes tendances confondues, à soutenir les autorités en place.
AM