Le monde entier fait face à une crise sanitaire sans précédent due à la Covid-19.Dimanche 24 mai 2020, on recensait plus de 5 millions de cas dans le monde et plus de 340.000 décès dus à cette pandémie. Le bilan reste plus élevé aux USA (plus de 100.000 morts) et le Brésil a dépassé la Russie en nombre de cas, devenant le second pays le plus touché au monde. Le virus Covid-19 touche 5.313.816 cas confirmés et a fait au total 342.141 morts dans le monde alors qu’en RDC vient de franchir la barre de 2.000 cas confirmés et 60 décès selon le chiffre fin mai. Dans le même temps, de nombreux pays européens ont entamé leur déconfinement, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies prévient: l’Europe doit se préparer à une seconde vague de Coronavirus.
Toutefois, le bilan des Etats-Unis reste élevé à ce jour. Le pays comptait dimanche 24 mai 1.621.658 cas recensés. Selon des statistiques publiées par de l’institution John Hopkins, la première puissance mondiale pays a compté 1.127 morts en 24H00 dimanche. Malgré ces chiffres très élevés qui font des USA l’épicentre mondial de la Covid-19, les 50 États fédérés ont entamé un déconfinement partiel et progressif, en conservant certaines restrictions sur les rassemblements afin de freiner la propagation du virus. Pendant trois jours, la «bannière étoilée» ne flottera plus sur les édifices fédéraux américains. Pour honorer la mémoire des victimes du coronavirus, le président Donald Trump tout en voulant rendre l’autre superpuissance, la Chine responsable du fléau (sic !), a souhaité que les drapeaux soient mis en berne du vendredi 22 au dimanche 24 mai.
Le Brésil de son ami le président Jaïr Bolsonaro est devenu en quelques jours le 2ème pays le plus atteint en cas confirmés de la pandémie à Covid-19. Le nombre de décès y a littéralement explosé. Dimanche 24 mai, on y enregistrait 965 morts au quotidien. Le pays dénombre 347.398 cas recensés et 22.013 décès au total. Cependant, ces données seraient largement sous-évaluées. Débordées, les autorités peinent à tester les vivants comme les morts. Certains décès dus au Covid-19 sont enregistrés avec vingt jours de retard. Selon des estimations, divulguées par la presse, le nombre de personnes réellement infectées serait de douze à quinze fois supérieur aux chiffres annoncés par les autorités. En dépit de cette situation sanitaire inquiétante, le populiste Bolsonaro qui n’hésite pas à violer lui-même les gestes barrières en ne portant de masques protecteurs et en distribuant moult accolades à ses partisans continue d’appeler la population à « retourner au travail pour relancer l’économie ».
Dans la comptabilité macabre des victimes du Coronavirus aux États-Unis, une constance se dégage de plus en plus : ce sont les Américains noirs qui sont les plus contaminés et qui meurent le plus. Donald Trump s’en est inquiété lors d’un point de presse la semaine dernière. Mais la plupart des autorités locales ne communiquent pas assez sur les statistiques ethniques à ce sujet. Dans les Etats et villes qui le font, les chiffres sont alarmants. À Chicago, troisième ville du pays, c’est la maire, elle-même noire, qui alerte : les Noirs représentent plus de la moitié des cas positifs et près des trois quarts des décès, alors qu’ils représentent moins d’un tiers des habitants de la ville. Y voyant une négligence du personnel soignant, Joe Biden, principal challenger de Donald Trump à la prochaine présidentielle, a appelé les noirs américains à ne pas voter pour Trump car « ce serait un déni de leur identité ». Une semaine plutôt, l’ancien président, Barack H. Obama, qualifiait de « chaotique » la gestion du Coronavirus par son truculent successeur.
Le système de santé en cause ?
Dans le Michigan, la ville de Détroit est très touchée. Les noirs y représentent 40% des morts alors qu’ils sont moins de 15% de la population. En Louisiane, c’est 70% des morts pour un tiers de la population. On constate la même tendance dans d’autres états qui sont, pour l’instant, moins touchés. Plus précisément où la propagation du virus accélère seulement maintenant, notamment dans les deux états de Caroline, où il y a une forte population noire.
Comment cela s’explique-t-il ? Selon plusieurs recherches sur la question, les Américains de race noire sont en moyenne plus pauvres, habitent des logements plus petits et souvent insalubres, dans des immeubles surpeuplés, et prennent plus les transports en commun. Souvent plus longtemps d’ailleurs parce qu’ils habitent loin des centres de négoce ou de travail. Ils ont aussi moins de moyens pour pouvoir s’offrir les facilités du télé-travail et continuent donc à sortir tous les jours. Les noirs sont par ailleurs plus nombreux parmi ceux qui ont une mauvaise voire pas du tout d’assurance santé. Ils sont donc plus susceptibles de développer des pathologies qui sont moins souvent détectées et traitées. Davantage de surpoids et d’obésité. Tout est lié.
Des inégalités mises en exergue
Les Américains noirs ont déjà une espérance de vie plus faible que les Américains blancs, et ils entrent aussi plus jeunes visiblement dans l’âge particulièrement à risque pour la Covid-19. Le «surgeon general», qui est un peu l’équivalent du secrétaire général à la Santé, porte-parole pour les questions de santé de l’administration Trump, qui lui-même est un homme noir, adresse désormais des messages spécifiques à la communauté africaine-américaine. C’est très inquiétant pour ce qui arrive maintenant. Parmi les Etats qui ont tardé à mettre en place des mesures de précaution, il y a beaucoup d’États du sud, où il y a la plus grande proportion de noirs, de pauvres et d’obèses. Si ça continue comme ça, ça va être totalement désastreux. La Covid-19 met en lumière les inégalités qui fracturent déjà la communauté américaine. Ça concerne aussi, dans une moindre mesure, les hispaniques.
Certains Américains et des suprématistes blancs ont affiché la semaine dernière sur des réseaux sociaux et des sites racistes leur mépris pour le continent africain où la pandémie « ne fait pas assez de morts malgré la précarité et l’absence de soins médicaux adéquats ». L’un d’entre eux s’est interrogé : « Pourquoi ces nègres ne meurent-ils pas en grand nombre .Y a-t-il quelque chose que nous ne faisons pas bien ? » Il n’est pas le seul à être furieux qu’un grand nombre d’Africains ne meurent pas de la covid-19. L’un d’eux s’indigne le plus sérieusement du monde que « les décès liés à la Covid-19 soient partiels et sélectifs ». Et ajoute que « l’ange de la mort doit être un africain ; c’est pourquoi il évite que les noirs meurent par milliers comme c’est le cas pour la race blanche. Un autre écrit, agacé que « ces négros utilisent le vaudou pour déjouer la mort ».
Il est clair qu’ils sont en colère parce que les noirs d’Afrique ne meurent pas par dizaines ou centaines de milliers. Depuis la polémique sur l’essai du vaccin de la Covid-19 en Afrique au sujet de la quelle nombre d’Africains de toutes les catégories sociales ont exprimé leur désaccord, le désespoir gagne certains d’entre eux. Ils oublient que l’Afrique qui a plus ou moins résisté à de grosses épidémies comme Ebola a pu sécrété en elle-même une espèce d’immunité collective qui explique sa résistance face au Coronavirus.
AM