Israël Mutombo, présentateur d’une émission à sensation «Bosolo Na Politik officielle» dont on connaît le goût pour la polémique a choisi, l’avant-veille de la célébration du 23ème anniversaire de la prise de pouvoir par Mzee Laurent-Désiré Kabila et son AFDL le 17 mai 1997 pour recevoir un invité pour le moins bizarre. Déclinant son identité, l’intérréssé a dit être Ibrahim Kabila Tuaric, fils «légitime » (sic !) de Mzee Laurent Désiré Kabila. Il aurait selon ses dires, été présenté à son prétendu géniteur à l’âge de 7 ans avant de vivre loin de ce dernier pendant plus de 20 ans auprès d’une tante paternelle aujourd’hui disparue. Avant d’avouer son soutien à la démarche de Pascal Mukuna, l’évêque déshonoré et en disgrâce poursuivi par la justice et incarcéré à Makala pour faits de viol, tentative d’assassinat et rétention illicite de documents parcellaires de Mamie Tshibola, veuve de son ancien collaborateur Katshia, après avoir tenté vainement d’embarrasser le président honoraire Joseph Kabila Kabange lequel si on devait croire l’invité de ‘‘Bosolo na politik officielle’’, ne serait autre que son demi-frère. «Il est possible que les mêmes officines qui avaient mis sur orbite le fantasque Mukuna ont eu l’idée de créer la diversion en envoyant dans les médias un nouveau Joker, Ibrahim Tuaric ‘’Kabila’’ », croit savoir une source proche de la famille du défunt troisième président de la RDC.
Equilibriste, Israël Mutombo a demandé à son invité du jour pourquoi il ne voyait pas son ‘‘grand frère’’, le sénateur à vie Joseph Kabila à qui il a reconnu mezza voce le droit d’aînesse pour réclamer sa part d’héritage au lieu de le faire à la place publique. L’invité de Mutombo avouera alors être un repris de justice arrêté plusieurs fois pour usurpation d’identité. « J’ai été souvent arrêté et chaque fois j’ai été obligé de changer d’identité », a-t-il bafouillé.
Au de-là de son allégeance aux frasques politico-mercantilistes de Pascal Mukuna, celui qui se réclame être Ibrahim Kabila Tuaric a semblé soulever plutôt un débat de société sur le sort des enfants naturels ou hors mariage dont on ne voit guère de place dans les affaires publiques d’un pays en déclarant à brûle-pourpoint : « Dans nos familles africaines, lorsque vous avez eu un moment de partage avec une femme, quelle qu’elle soit et qu’elle tombe enceinte. La moindre de choses c’est reconnaître l’enfant ». Une simple revendication en reconnaissance de filiation et d’héritage donc. Problème : elle intervient 19 ans après le décès du regretté Héros national rd congolais. Curieux parce que Mutombo qui lisait en direct les messages des téléspectateurs, dont certains connaissaient bien son interlocuteur fit état de renseignements selon lesquels ce dernier n’était en réalité qu’un imposteur, usurpateur d’identité qui avait été dans une vie antérieure chauffeur d’une parente Joseph Kabila. Qu’il ne s’appellerait ni Kabila, ni Ibrahim, ni Tuaric mais bien Kadima Kabongo, fils d’un certain Bakena, vivant actuellement dans le grand Equateur et qu’il serait un ancien membre de l’UDPS.
Un internaute a craché son mépris sur tant d’irrévérence envers un homme d’Etat dont la mémoire est respectée par le peuple congolais. Un autre s’est dit surpris que cet enfant autoproclamé «légitime» de Mzee mais incapable de produire même un acte de naissance où une simple photo de lui et de son prétendu père ne parle ni le kiluba, ni le swahili comme le ferait tout rejeton d’un mulubakat, groupe social dont était issu Laurent-Désiré Kabila.
Pire, l’invité d’Israël Mutombo ne s’intéresse qu’aux aspects ‘‘sonnants et trébuchants’’ de l’héritage du défunt président de la République. Pas aux circonstances de son assassinat dont les vrais descendants de Mzee ont demandé à la justice d’interpeller Mukuna (qu’il soutient!) pour qu’il dévoile l’identité de l’assassin qu’il aurait … cachée depuis le crime du 16 janvier 2001.
Par ailleurs, Joseph Kabila n’est pas un mystère où un OVNI tombé du ciel. C’est une personne que tout le monde a vu grandir aux côtés de son père aujourd’hui disparu et de sa mère Mme Sifa Mahanya, encore en vie, depuis sa naissance avec sa sœur jumelle Kyungu Jaynet Désirée Kabila et toute leur fratrie depuis les maquis de Hewa Bora (Sud-Kivu) jusqu’à l’exil à Dar-Es-Salaam (Tanzanie). Les témoignages abondent mais ne signalent aucun Ibrahim Tuaric nulle part, que ce soit ceux de la nounou Honorine, la sœur de Achay, des gardes Dieudonné Maboko, Sofelese, Yermos Lukole, etc., tous encore vivants.
Les affabulations du sieur Kadima Kabongo, fils Bakena, alias Ibrahim Kabila relèvent manifestement de l’appât du gain (« zala munoko makasi mpo oliya » Traduction : ‘’Il faut savoir faire du bruit pour trouver de quoi manger’’, disent les kinois) ou d’une sordide manipulation politicienne rétribuée. Sa sortie n’est peut-être pas qu’un « coup médiatique» d’Israël Mutombo. C’est un fait divers douteux imaginé par un usurpateur d’identité récidiviste qui s’est heurté, au-delà des réactions croisées au refus du peuple congolais de se laisser distraire par des aventuriers sans scrupules qui n’hésitent pas à user de diversion pour grapiller quelques prébendes ci et là. A l’instar de Pascal Mukuna, Ibrahim dit Kabila a été poussé à la faute par sa propre boulimie.
Des Mukuna et des Kadima Kabongo, les Congolais en verront encore tellement car Joseph Kabila et Félix Tshisekedi son sucesseur ont désagréablement surpris ceux qui, depuis 1960 jusqu’à ce jour, n’ont trouvé leur compte que dans les querelles irrationnelles des autochtones du pays de Lumumba qui favorisaient leur assujetissement. Ainsi que le recommande Mfumu Toto « il faut que les Congolais renoncent à ces débats sans issue qui se résument en dénonciations scabreuses, contestations stériles, diabolisation, fronde, injure, nationalité, ADN, tribalisme, positionnement, etc. Qu’ils s’adonnent plutôt au combat des idées contre idées, vision contre vision, projet contre projet, programme contre programme. L’ADN d’une personne est une affaire strictement privée et ne doit pas devenir un débat public». La démarche de Kadima Kabongo dit Ibrahim Kabila à la télévision est à cet égard pure distraction.
Alfred Mote
Analyste politique