C’est dans la deuxième moitié des années ‘60 que les deux vedettes de la guitare qui animaient les soirées musicales dans la cité de Lodja, Damas Oleko Ona Nguwa et Oluwa Étienne ont été rejoints par un jeune talentueux d’Olemba, ‘‘Joligars’’ Okito, qui leur livra une concurrence sérieuse, collectionnant autant d’invitations que ses deux aînés auprès des personnalités et mélomanes du chef-lieu de la province du Sankuru d’alors. À la fin de la décennie des années 1960, Joligars devenu Okito Mukanga en 1971 recours à l’authenticité oblige, gagna Léopoldville (Kinshasa).
Couvant toujours son rêve d’atteindre le sommet dans le microcosme culturel des Anamongo, presqu’au même moment où Papa Wemba, un autre artiste tetela, s’inscrivait dans le registre de la musique lingalaphone, Okito se démarqua, distançant de loin, ses deux vieux concurrents restés en rade à Lodja. Des chansons comme “Osovu”, “Maman Oyakoyi”, Mutembe”, conquirent les cœurs des Atetela, faisant découvrir leur auteur dans toute la métropole kinoise vers 1974 -1975. En 1976, son tube “Okipole” finissait d’inscrire son nom au top du palmarès mental des descendants de Mongo au Sankuru.
Si la liste des titres devait s’allonger dans le temps avec des chansons comme “Kanga Mbiyo”, ‘‘Johnny y’Enongo’’, ‘‘Tshaatsha l’eloko”, “Onongakona” et autres, notre vedette prenant de l’âge, se verra un peu ombragée dans l’espace culturel anamongo de Kinshasa et du Congo, avec l’émergence dès le milieu des années 1990, d’autres virtuoses de la musique, plus jeunes que lui, comme Makaya, Adoula, Ongombi, etc.
À la différence de l’époque de son rayonnement marquée par des chansons autour des thèmes culturels, cette période se caractérisa dans ses productions par des chansons en l’honneur des individus. Au comble de cette période des vaches maigres pour celui qu’on appelait affecuteusement Dr. Okito, le chanteur talentueux s’enrôla dans la Police nationale congolaise (PNC).
Mais, encouragé par ceux qui avaient tant aimé ses merveilleuses prestations, il était revenu sur scène, reproduisant essentiellement ses vieux succès qui faisaient toujours tabac.
Avec le temps, ses forces ont fini par le trahir à notre grand regret.
Grande est la tristesse dans nos cercles culturels, aujourd’hui, en apprenant la nouvelle de son décès à Kinshasa. Autant ceux et celles qui ont bénéficié de ses services d’animation de soirées que des invités de diverses fêtes qui se trémoussèrent tant lors de ses productions, autant aussi, ceux et celles qui l’avaient découvert au cours de ses productions dans la capitale congolaise que nous autres qui le vîmes se révéler comme jeunes talentueux à l’origine dans les années ‘60, tous et toutes, sommes peinés par cette perte. Nous garderons souvenir éternel de ses rythmes envoûtants qui ont animé nos années de jeunesse.
Puisse la terre de nos ancêtres être douce et légère au corps de Joligars de notre enfance, le Docteur Okito Mukanga.
Prof. Lambert Opula
Quebec, canada