Convoqué par le procuteur général près la Cour d’appel de Kinshasa/ Matete pour être entendu sur les présomptions de détournements de fonds alloués au programme d’urgence du président de la République, comme cela a été le cas pour tous les responsables d’entités publiques et privées impliqués dans ce dossier, Vital Kamerhe n’est pas content, à en croire la réaction musclée de ses lieutenants (ministres, députés, sénateurs et conseillers de la présidence), issus de l’UNC son parti politique. Ils ont fait connaître leur indignation dans une déclaration en deux pages distribuée le week-end dernier dans la capitale. On peut y lire que cette interpellation est une forme d’«acharnement» et de «campagne de diabolisation» contre leur leader visant à déstabiliser la coalition présidentielle.
Selon les signataires de la déclaration, l’invitation adressée par le ministère public au directeur du cabinet présidentiel présente plusieurs erreurs matérielles. « L’UNC s’insurge contre la grave légèreté avec laquelle cette invitation a été adressée pour les raisons suivantes : n’avoir pas eu égard à son rang ; l’invitation a été déposée à une adresse autre que celle reprise sur celle-ci ; l’invitation a été émise le 3 avril 2020 pour se présenter le 6 mars 2020 », fait ainsi remarquer le porte-parole du parti, Gabin Lulendo.
Dans le même temps, l’UNC se dit « prête à assumer le combat qui s’ouvre » et assure qu’elle ne va « pas courber l’échine ». Le parti de Kamerhe réaffirme cependant son attachement à la plateforme constituée avec le président Tshisekedi, estimant qu’il s’agit d’un accord «sans lequel Cap pour le changement (CACH) n’aurait pas vu le jour et ne serait pas par conséquent arrivé au pouvoir».
En effet, les partisans de Vital Kamerhe rappellent que c’est lui qui doit être le dauphin de Félix Tshisekedi à l’élection présidentielle de 2023, insinuant de la sorte que ceci pourrait expliquer cela.
Si pour l’UNC, Vital Kamerhe ne peut pas être convoqué par le parquet de Matete, le procureur général, auteur de l’invitation est formel : « tout officiel peut être convoqué pour des renseignements en phase d’instruction».
Un expert en droit public de l’Université de Kinshasa, contacté par nos rédactions, estime que Vital n’étant ni ministre, ni député national (ayant renoncé à son mandat parlementaire pour diriger le cabinet du président Tshisekedi) «ne peut exciper des immunités attachées à ces fonctions, lesquelles ne peuvent être induites du simple fait d’avoir le rang protocolaire équivalent à l’une d’entre elles. En cette matière, le droit judiciaire est très formaliste».
L’entourage immédiat du directeur de cabinet du président de la République a d’ores et déjà laissé entendre qu’il ne répondrait pas à cette invitation. On rappelle qu’en février dernier, Félix Tshisekedi avait lui-même dénoncé les « menaces et manipulations » dont feraient l’objet les magistrats instructeurs.
Pour les proches de Kamerhe, les magistrats chercheraient à couler leur leader.
JM