La réunion du Conseil national de sécurité lundi autour du chef de l’État, Félix Tshisekedi au sujet de la sécurité nationale mise à mal par deux récidivistes notoires, soulève maints questionnements dans l’opinion publique.
Après avoir échangé avec ses collaborateurs sur l’insurrection des éléments sécessionnistes du gourou de la milice Bakata-Katanga Gédéon Kyungu Mutanda à Lubumbashi et Likasi et les échauffourées entre la police nationale et les adeptes du mouvement mystico-religieux Bundu Dia Mayala de Ne Muanda Nsemi à Kinshasa, le chef de l’État a ordonné l’arrestation immédiate de l’ancien milicien chef des Bakata-Katanga en fuite.
Présentant à la presse un compte-rendu de cette réunion, le ministre de la Défense nationale, Aimé Ngoy Mukena, a déclaré que « le chef de l’État (…) a diligenté une mission de haut niveau afin d’établir les responsabilités et de mettre la main sur Gédéon qui ne peut pas continuellement défier l’État congolais ».
S’agissant de Ne Muanda Nsemi, le chef de l’État a déploré le désordre créé par les adeptes de la secte mystico-religieuse Bundu Dia Mayala au moment où le pays est en train de faire face à la pandémie du Coronavirus, un ennemi invisible qui décime nos populations.
Pour mémoire, Gédéon Kyungu est un repris de justice condamné à mort pour atteinte à la sûreté de l’État, organisation criminelle armée et massacres avant de s’évader de la prison de Kasapa. Ayant ensuite bénéficié d’une mesure d’amnistie après une trêve conclue avec les autorités nationales, Kyungu était en résidence surveillée à Lubumbashi avant sa énième récidive. Même statut pour Ne Muanda Nsemi condamné pour rébellion et meurtres de policiers qui s’était évadé de la prison de Makala dans des conditions qui avaient coûté la vie à plusieurs gardiens et policiers avant de réapparaître après l’élection du président Tshisekedi à l’initiative du Conseil national de suivi de l’accord de la Saint Sylvestre (CNSA) dirigé par Joseph Olenghankoy. Selon le code pénal congolais livre II, article 161 et 161bis, tout détenu qui s’évade de son milieu carcéral est punissable d’une peine allant de 2 à 5 ans de servitude pénale et tout auteur d’un meurtre ou d’un assassinat doit en répondre devant la loi. C’est donc à titre « exceptionnel et conditionnel » que le gourou de Bundu dia Mayala a été amnistié.
« Il n’est pas acceptable que les principes sur lesquels se fondent tout Etat de droit soient ainsi délibérément bafoués par tous ces gourous habitués à tuer, faire tuer des Congolais et récidiver pour des revendications les plus fantaisistes », estime Mme Jocelyne Moduka, responsable d’une association de défense des Droits de l’homme qui déplore que les vies humaines qui ont été sacrifiées au cours de ces événements malheureux soient passées par pertes et profits avant d’exiger du chef de l’État de ne pas faiblir et d’appliquer la légalité dans sa globalité.
AM