Après quelques jours de panique, le calme est revenu dans la capitale du cuivre, Lubumbashi, après que deux passagers en provenance de Kinshasa à bord d’un vol régulier de Congo Airways eurent été mis en quarantaine à la suite d’un test rapide qui les avait déclarés porteurs du coronavirus. Dans un message à ses administrés, le gouverneur du Haut Katanga Jacques Kyabula Katwe avait confirmé la contamination de ces deux personnes et un strict confinement de sa province pour une période de 48 heures. L’Institut national de recherches biomédicales (INRB) ayant affirmé par la suite que les prélèvements des deux personnes s’étaient avérés négatifs après examen dans ses laboratoires, nos rédactions ont approché un virologue de l’Université de Kinshasa pour démêler l’écheveau de ce qui est apparu à une certaine opinion comme une contradiction entre les autorités provinciales du Haut Katanga et cette institution que dirige de main de maître le professeur Jean-Jacques Muyembe, sommité mondiale en la matière. Il en ressort que le test rapide est sensible mais non spécifique. « Lorsque le test rapide dont il est souhaitable que toutes les grandes agglomérations congolaises soient rapidement équipées est négatif, il est négatif, sous réserve d’un autre contrôle après 14 jours. Mais quand il est positif, on peut se trouver face à deux cas : soit il est réellement positif pour le covid-19, soit il est négatif pour le covid-19 mais positif pour une autre affection connexe qui se comporte immunologiquement comme le Covid-19 face à la réaction de l’organisme par exemple d’autres types de corona qui ne sont pas Covid-19 comme la toxoplasmose », estime notre source.
« Le test rapide a l’avantage de se constituer en pré-test » a laissé entendre un de ses homologues de Lubumbashi préférant conserver l’anonymat. « C’est peut être dans la manière de donner les résultats que le gouverneur Kyabula ne s’étant pas attardé sur cet aspect, des gens non avertis font la confusion et pensent qu’il y a contradiction entre la province et l’INRB à Kinshasa». Pour ce spécialiste, « le problème se situe dans le texte du gouverneur qui n’a pas été suffisamment explicite. Il n’a en effet pas fait ressortir clairement comme il aurait dû le faire que le test rapide n’est pas un test diagnostic mais un test d’exclusion permettant la surveillance ». En effet, dans la communication sur les épidémies et les pandémies, la terminologie médicale diffère bien souvent de la compréhension générale du public. «Parler, comme cela a été le cas, de ‘‘troisième cas avéré à Lubumbashi’’ a été une déplorable erreur » a estimé cet universitaire qui ajoute que « pour donner, la juste information, il aurait fallu évoquer plutôt un cas suspect positif au test rapide à confirmer ou infirmer par le test diagnostic de l’INRB. Un test rapide comme celui effectué à Lubumbashi peut présenter un résultat positif puis s’avérer négatif au test diagnostic et être en réalité le témoin d’un autre problème». Tous les spécialistes consultés par nos rédactions ont émis le souhait qu’en la matière, des hommes de sciences soient appelés systématiquement à intervenir dans l’élaboration des messages des responsables politiques sur la pandémie du Covid-19. Tous affirment que, entre un test rapide et les résultats en provenance des laboratoires de l’INRB, il n’y a aucun débat possible, scientifiquement parlant : « Le test rapide doit être considéré comme un pré-test. C’est bien de l’avoir car il permet d’écarter les risques et d’isoler en attendant confirmation ou infirmation. Face aux résultats venant de Kinshasa, l’INRB est la seule institution à même de donner le dernier mot quant à ce. Il faut croire en ses résultats», concluent-ils. Un constat qui a poussé l’un d’entre eux à dire qu’en vérité, il n’y a pas eu de contradiction entre le ministre de la Santé du gouvernement central et le gouverneur Jacques Kyabula du Haut-Katanga mais plutôt un problème de terminologie dans la communication du Gouverneur. Dont acte.
JN