La diplomatie c’est avant tout une question de respect et de prestige dont la réciprocité est la règle. Elle ne se réduit pas seulement en un simple acquiescement désincarné face aux positions d’un (des) partenaire (s). C’est ce que voulait dire en substance Jean-Christophe Rufin: «La diplomatie est un art qui requiert une si constante dignité, tant de majesté dans le maintien, tant d’effort et de travail qu’elle est fort peu compatible avec la précipitation». Le dernier voyage aux États-Unis d’Amérique du président de la RDC, Félix Tshisekedi n’a fait qu’emballer la polémique sur la controverse des relations bilatérales RDC-USA. En cause, une sorte de désinvolture observée à l’égard du premier citoyen rd congolais par son homologue américain Donald J. Trump qui n’a jamais trouvé même quelques minutes à lui accorder en trois voyages officiels successifs sur le sol américain.
D’aucuns s’interrogent de plus en plus au pays de Lumumba sur l’utilité d’une relation bilatérale devenue léonine par le fait que le Congo dont les nombreuses concessions faites unilatéralement à la suite de pressions au profit des USA ne lui ont même pas valu cette petite manifestation de considération et de respect. S’agissant des relations privilégiées nouées entre les deux Etats, le diplomate Kikaya bin Karubi estime à bon escient que ce n’est pas un motif pour la RDC de suivre la politique étrangère américaine comme un mouton de Panurge. Beaucoup à Kinshasa ironisent même en rappelant un passé où le pays, gouverné par Mobutu était respecté. Pour Franck Fwamba: « Mobutu ne s’était jamais déplacé aux USA pour y être reçu par un secrétaire d’Etat. On raconte même qu’une fois en plein vol pour le Japon, ayant appris que l’empereur Hiro Hito serait indisponible pour le recevoir, le maréchal avait rebroussé chemin». A ce sujet, « Nous assistons impuissants à la perte de notre âme en tant que Nation à cause des choix opérés au sommet de l’Etat qui sont en déphasage totale avec la marche du monde », a regretté Kikaya. En effet, alors que son homologue congolais séjournait à Washington DC, le président américain passait le plus clair de son temps sur Twitter à critiquer Mike Bloomberg, le milliardaire américain qui venait de se retirer des primaires démocrates en faveur de Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama et vainqueur du “Super Tuesday’’.
Une histoire qui se répète.
On peut rappeler l’interventionnisme de l’Amérique en 1961 dans la neutralisation de Joseph Kasa-Vubu,chef de la majorité présidentielle et Patrice Emery Lumumba, chef de la majorité parlementaire pour préparer l’avènement d’un troisième larron, Joseph-Désiré Mobutu. A l’évidence, le terrain israélo-américain vers lequel veut nous entraîner Fatshi est miné. Les principaux protagonistes à la manœuvre ont déjà visiblement jeté depuis des années leur dévolu sur Moïse Katumbi Chapwe. Pendant ce temps, ils insistent pour qu’au nom de «la lutte contre la corruption» Félix Tshisekedi se fragilise, d’une part, en engangeant un bras de fer avec son partenaire Joseph Kabila et, d’autre part, en se séparant de son allié de taille Vital Kamerhe qui croule sous des soupçons pour son rôle de gestionnaire du programme d’urgence de 100 jours. Car au Congo, dans la conception américaine, le système Kabila ne symbolise pas à lui tout seul la corruption. Les alliés et même les membres du cabinet du président Tshisekedi ne sont pas irréprochables. La chasse aux sorcières dans laquelle on veut embourber le président de la RDC risque de chambouler la donne. Surtout que jusque-là, Joseph Kabila, loin, depuis sa ferme à Kingakati, n’a jamais véritablement réagi… Rien n’indique qu’une alliance pieds et poings liés avec les Etats-Unis puisse garantir le succès à Fatshi, encore moins la tranquillité et la stabilité à la RDC.
La rue gronde : «Le peuple d’abord !». L’opposition républicaine « légitime » et la CENCO alertent sur la corruption et l’enrichissement illicite des nouveaux tenants du pouvoir à Kinshasa, indistinctement. Après un an de promesses, «l’année de l’action» patine car ceux qui sont censés agir sont sur le banc des accusés. Entre Kabila et les Etats-Unis, Félix Tshisekedi veut jouer aux équilibristes. Du côté de Vital Kamerhe, directeur du cabinet présidentiel, les menaces à répétition ne passent plus. Martin Fayulu aussi, avec d’autres opposants radicaux, se font de plus en plus entendre. La situation est plus que volatile. Un an après son arrivée au pouvoir, jamais Félix Tshisekedi n’a autant été placé dans une situation où il doit s’assumer seul en privilégiant avant tout l’intérêt supérieur de la Nation.
A.M
«Saga» Sauts-de-mouton, on ne nous dit pas tout !
Le programme d’urgence de 100 jours du président de la République, qui a inscrit en priorité la construction des sauts-de-mouton à Kinshasa ressemble chaque semaine à une véritable saga télévisuelle dont les épisodes révèlent les scandales de corruption, de détournement de deniers publics, de clientélisme voire de légèreté dans la gestion de la res publica.
Alors que la construction des sauts-de-mouton visant à améliorer la fluidité du trafic routier dans la capitale piétine, les langues se délient et les accusations/justifications par médias et réseaux sociaux interposés apportent leur lot de contradictions, de mensonges et de demi-vérités. Comme lorsque l’octogénaire Jammal Samih affirme qu’il est en prison alors que les vrais coupables sont dehors. Est-ce qu’on dit toute la vérité ?
Après le ping-pong entre le Dircab du chef de l’État,Vital Kamehre et José Sele, ministre des Finances, le coordonnateur technique de CACH en charge du programme de 100 jours, l’ambassadeur itinérant Nicolas Kazadi, a, dans un communiqué, porté à la connaissance du public plusieurs explications sur le dit programme. Il dit avoir été chargé par le dircab d’assurer le suivi dudit programme au sein d’une commission ad hoc et nie avoir été associé à sa conception et sa réalisation.
Pour lui, sa commission avait pour tâches de compiler les rapports en provenance des entités chargées de l’exécution des travaux, organiser les missions de suivi sur le terrain et en faciliter la bonne exécution. Il dément avoir eu de contact financier avec les entreprises privées ou publiques retenues pour les travaux, ou avec les ministères de Finances et du Budget.
S’agissant du rapport direct avec l’OVD et l’Office des routes, l’ambassadeur Kazadi signale que leur suivi était assuré par des personnes désignées par le dircab Kamehre en tant que président de la commission. Il a réitéré son appel à des audits professionnels à réaliser dans des délais raisonnables. Ses déclarations enfoncent le ‘‘coupable’’ désigné par la base de l’Udps:Vital Kamehre.
Le ton est monté d’un cran entre militants de la plateforme CACH (UDPS et UNC).Les militants de l’UDPS ne se sont pas gênés de huer Vital Kamehre le traitant de voleur en public alors que celui-ci accompagnait le chef de l’État Félix Tshisekedi qui visitait les chantiers de sauts-de-mouton à Kinshasa.
Malgré la volonté affichée du chef de l’État de relancer ces travaux d’infrastructures dans la ville-province qui héberge les institutions de la nation, des zones d’ombre persistent et plusieurs voix s’élèvent pour réclamer des enquêtes sérieuses car les non-dits à ce sujet entretiennent le doute, la suspicion et même la colère de la population.
JK