L’équilibre institutionnel sous-tendu par la coalition FCC-CACH a été mise à rude épreuve au cours du dernier trimestre sur fond d’une rocambolesque affaire judiciaire visant les dirigeants de la Gécamines au rang desquels figure l’emblématique patron des patrons rd congolais Albert Yuma, président du conseil d’administration de la Gécamines. L’homme, un mulubakat comme Joseph Kabila, est réputé proche du président de la République honoraire. Il est par ailleurs l’un des principaux architectes du nouveau code minier qui avait valu au régime Kabila l’aversion d’une certaine communauté internationale rendue furieuse par la diversification des partenariats économiques décidée par le quatrième chef d’Etat de RDC pour financer la construction des infrastructures de base du pays. Ayant servi de lanceur des alertes qui avaient conduit le parquet congolais à ouvrir des enquêtes sur l’affaire de ‘‘blanchiment d’argent et d’arrangements grossiers pour justifier un prêt fictif de 200 millions d’euros auprès de l’enterprise Ventora”, Georges Kampiamba et son ACAJ s’étaient lancés dans un lynchage médiatique en règle visiblement téléguidé par des groupes d’influence nationaux et internationaux déterminés à en découdre avec Joseph Kabila.
Révirement forcé?
Kapiamba est un habitué des rapports infamants contre les institutions de son pays qu’il livre régulièrement à la vindicte d’une certaine pègre internationale bien connue. Au cours de la dernière législature, il a rué sur les brancards avec des rapports taillés sur mesure pour ternir la réputation des animateurs les plus en vue des institutions qui refusaient de subir le diktat de puissances occidentales. Certaines de ses victimes sont encore à ce jour l’objet des sanctions ciblées unilatérales à cause de leur ‘‘insoumission’’. Généreusement financé pour faire mépriser les sociétaires de l’ancien régime de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, cet avocat est de ceux à qui la victoire du FCC de Kabila aux élections législatives et provinciales du 30 décembre 2018 a fortement déplu. D’où sa tendance à ne viser dorénavant que les animateurs de cette nouvelle majorité parlementaire. Sauf que cette stratégie entraîne comme revers de médaille la perte d’une certaine immunité dont il jouissait lorsqu’il s’en prennait à l’ensemble du régime. En s’acharnant sur des individus ad hominem, il ne pouvait plus éviter des réprésailles judiciaires conformément aux règles de l’art de la part de ses victimes. Le 31 décembre 2019, son confrère Me Constant Mutamba, mandataire en mines, agissant comme avocat de Kabulo wa Kabulo José, proche d’une de ses victimes, avait officiellement porté plainte contre l'”intouchable” Kapiamba auprès du parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe pour «imputations dommageables et calomnieuses». Sûr de son fait, Mutamba avait prédit lors d’un point de presse une foudroyante défaite pour Georges Kapiamba. Finie donc l’époque où l’on se dissimulait allègrement sous le paravent de la ‘‘défense des droits de l’homme’’ pour échapper aux poursuites judiciaires…Le révirement spectaculaire de l’avocat kasaïen qui sonne comme un aveu de culpabilité sans fards, est donc à interpréter comme une fuite en avant face aux arguments imparables de la partie demanderesse emmenée par Me Mutamba. Pour éviter d’être piteusement cloué au pilori à la faveur d’un procès public, Georges Kapiamba a préféré cette ‘‘sortie honorable’’ en avouant son mensonge sans avoir à présenter d’excuses pour les dommages collatéraux et autres préjudices causés par son inqualifiable incurie. Le verdict qu’il s’applique à lui-même est sans appel : «du recoupement réalisé sur base des nouveaux éléments, il appert clairement que la hiérarchie de la Gécamines avait sollicité et obtenu de la part de son partenaire Fleurette Mumi plusieurs interventions financières pour le financement de plusieurs projets, dont la somme de 128 millions d’Euros, dans le cadre d’une ligne de prêt sans garantie de 200 millions», a-t-il confessé toute honte bue. Difficile de croire à une simple erreur d’appréciation factuelle de la part d’un avocat comme lui bénéficiant de plusieurs réseaux de renseignements. L’intention de nuire est plus que manifeste dans son chef au regard des implications politiques notamment de ses accusations gratuites inconsidérées. Il n’y a donc aucune raison pour que Me Constant Mutamba desserre l’étau de la justice après ce revirement opportuniste.
Dégats collatéraux et préjudices
Plusieurs analystes s’accordent en effet pour affirmer que Georges Kapiamba est un de ces “nègres de service” mis à contribution par des officines néocolonialistes qui n’avaient pas vu venir la coalition FCC-CACH mise en place après les élections de décembre 2018 par le tandem Tshisekedi-Kabila dans un contexte de majorité parlementaire différente de la majorité présidentielle. Prises de court, elles tentent donc de créer des tensions fratricides et suicidaires entre les coalisés. Formé et financé pour servir de cheval de Troie dans ce coffre-fort naturel qu’est le Congo-Kinshasa, Kapiamba est ainsi passé à la manoeuvre sans prendre des précautions sur les incidences personnelles (judiciaires) de sa démarche. Néanmoins, c’est peu de dire que le mal est fait. La RDC qui repose sur des équilibres fragiles a frôlé des affrontements interethniques katangais-kasaïens du genre de ceux du début des années ‘90 suite à ses élucubrations. Conscients de l’intégrité morale d’Albert Yuma Mulimbi et de la noblesse de sa lutte pour la défense des intérêts miniers de la République, plusieurs associations katangaises étaient en effet montées au créneau, brandissant des menaces à peine voilées contre leurs compatriotes ressortissants du Kasaï vivant dans le Grand Katanga. L’on a aussi entendu le chef du parti kabiliste PPRD s’émouvoir et dénoncer en des termes durs une chasse aux sorcières aux conséquences fâcheuses lorsqu’une certaine rumeur attribua au président de la République une décision d’injonction au parquet de serrer la vis à Albert Yuma. Il serait bon que les victimes des calomnies intentionnelles de Kapiamba dont la réputation a été jetée en pâture aux quatre vents sans raison aillent jusqu’au bout pour dissuader de tels comportements irresponsables qui polluent en plus un environment politique extrêmement complexe alors que la souffrance de la population ne fait qu’empirer !
Chasse aux sorcières ?
Fouiner dans le passé est une tâche dévolue aux cours et tribunaux et pas au chef de l’État, comme a eu à le rappeler si bien Félix Tshisekedi lors d’un entretien avec nos confrères de TV5. L’État de droit implique que tout le monde soit logé à la même enseigne. Que Kapiamba ait choisi de rester aphone face aux scandales de corruption qui défraient la chronique depuis l’avènement de l’alternance, c’est son droit le plus légitime. Mais l’on peut à bon droit à ce que soient sanctionnés ses actes de harcèlements hystériques à grand renfort médiatique contre certains cadres du régime sortant et du monde des affaires qui n’ont pas démérité dans le seul but de les désacraliser ou les démystifier.
Des ONG à réglementer
La principale leçon à tirer de cette pantalonnade en forme de lynchage médiatique qui a failli entraîner le pays dans un chaos indescriptible, est qu’il est temps pour les pouvoirs publics de mieux contrôler les activités de certaines ONG lorsqu’elles portent des germes de subversion et de sédition. Notamment en s’intérressant à leur gouvernance et à la traçabilité de leurs états financiers. La main qui donne étant celle qui dirige, il est du devoir d’un Etat responsable de connaître les motivations réelles des ‘‘bienfaiteurs’’ de ces structures étant entendu que les Etats n’ont que des intérêts et pas d’amis. Les enjeux géostratégiques de la RDC commandent plus que jamais de veiller à ce que la loi sur la protection des défenseurs des droits de l’homme encore en examen se garde, dans son esprit et dans sa lettre, de conférer des immunités inconsidérées à des citoyens qui ne représentent que des intérêts étrangers qui les financent.
JBD