L’ombre d’Albert Yuma, PCA de la Gécamines a plané ce mercredi 15 janvier sur la cérémonie d’inauguration de l’usine ultramoderne de raffinage de cuivre et cobalt, la toute première du genre dans le pays, de la société minière Deziwa SA (Somidez), une joint-venture entre la Gécamines qui en détient 49% et China National Minerals Company (CNMC) (51%). « C’est le projet le plus en pointe dans la reprise de contrôle par la RDC des ressources de son sous-sol à travers la Gécamines, propriété exclusive de l’Etat et M. Yuma y a consacré toute son énergie et tout son savoir-faire», déclare un cadre supérieur de l’entreprise minière. La cérémonie haut en couleurs s’est déroulée dans une ambiance plutôt morose à Kolwezi, et pour cause : ni Yuma, ni Kamenga, le DG de la Gécamines, retenus à Kinshasa pour enquête sur décision du parquet, n’étaient présents aux côtés de leurs partenaires de CNMC. « L’absence de Monsieur Albert Yuma qui a représenté notre entreprise à toutes les phases de la négociation ayant abouti à la mise en œuvre de ce projet est un mauvais signal aussi bien pour notre partenaire que pour l’ensemble des travailleurs de la Gécamines. Dans ce secteur minier, nous avons à affronter de redoutables caïmans qui ne voient pas d’un bon œil notre renaissance qui marque la fin du monopole qu’ils s’étaient constitué illégitimement sur les ressources congolaises au cours de ces dernières décennies. Nous sommes peinés d’apprendre que la présidence de la République serait mêlée à cette offensive. C’est un coup dur aussi bien pour nous que pour le climat des affaires en général dans le pays », se lamente un cadre supérieur de l’entreprise. On sait qu’au palais de la Nation, certains caciques crucifient l’équipe dirigeante de la Gécamines et auraient même remis au tonitruant avocat kasaïen de l’ACAJ des pièces du dossier d’une affaire de prêt non remboursé opposant le mastodonte de l’industrie minière congolaise à un de ses partenaires traditionnels Fleurette Mumi Holdings devenu Ventora Development qui est interprétée comme destinée à couvrir une opération de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux. Le staff dirigeant de l’opérateur public minier congolais est bloqué dans la capitale à la disposition du parquet général où l’on se contente d’indiquer que l’instruction se poursuit, la DGM ayant été instruite de restreindre leurs mouvements. Sur le fond, si la certitude de la créance de 128 millions USD tirée sur une ligne de crédit de 200 millions € de Ventora Development à Gécamines en 2018, n’est contestée par aucune des deux parties litigantes, mais une ONG, l’ACAJ, a bruyamment émis des doutes sur la destination de cette somme. La Gécamines a, pour sa défense, affirmé avoir versé 90 % du montant au compte général du Trésor à la demande de l’État propriétaire au titre d’acompte sur fiscalité, lettre de titrisation du ministère des Finances de l’époque faisant foi. Mais l’affaire a un volet civil qui pend devant la Cour d’appel de Lubumbashi où Ventora a introduit une action pour se faire rembourser ce montant par Gécamines dans les conditions convenues entre les deux parties, c’est-à-dire après 6 mois. La Gécamines qui ne conteste pas les termes de la convention s’est abstenue de payer de crainte de se mettre elle-même en situation délicate visà-vis du Trésor américain qui avait sanctionné le patron de Ventora Dan Gertler et ses sociétés. « Soucieux de ne pas compromettre le bon déroulement du plan de développement de la Gécamines, nous avons décidé en dépit de cette contrariété que nous espérons passagère, de laisser se dérouler le programme d’entrée en vigueur de notre joint-venture avec CNMC comme prévu auparavant », a expliqué un Albert Yuma serein. Une clause de la convention stipule qu’au bout de 10 ans, la production commerciale de Somidez reviendra à 100% à la Gécamines. Yuma n’a pas boudé sa satisfaction dans le discours qu’il avait prévu de prononcer le jour du lancement de Somidez : « Gécamines aura encore près d’une décennie de production en pleine propriété après la fin du contrat avec CNMC. C’est le début de notre renaissance comme producteur de premier rang de cuivre et de cobalt ». Il a martelé sa joie de voir la Gécamines « cesser d’être simplement une société de gestion de partenariats, comme l’avaient voulu certains de nos partenaires et même la communauté internationale ». On signale que c’est grâce au partenariat entre la Gécamines et le groupe de Dan Gertler que la joint-venture Somidez a vu le jour
G.M.M avec le Maximum