Notre tradition veut qu’en chaque début d’année la direction politique de notre parti, la Convention des Congolais Unis (CCU) fasse un état de la situation politique ambiante et fixe le cap sur les enjeux qui lui sont prioritaires au cours de l’exercice annuel à venir.
Par un heureux hasard, cet exercice de mise en perspective intervient en janvier, un mois particulièrement riche en manifestations commémorielles de la lutte pour l’émancipation de notre peuple du joug d’une domination étrangère qui nous a chosifié pendant près de 80 ans entre 1885 et 1960. Ce 4 janvier, le pays célèbre les Martyrs de l’indépendance, ces anonymes qui, il y a 61 ans, ont été arrachés à la vie pour avoir bravé un pouvoir colonial insensible au vent de l’histoire.
Nous les célébrons car ils ont donné par leur sang un sens à la quête de souveraineté de notre peuple méprisé et écrasé avant d’autres illustres valeureux Héros qui, à l’instar de Patrice Emery Lumumba et de Mzee Laurent Désiré Kabila accepteront ensuite de payer le même prix pour défendre notre dignité d’homme, un sacrifice qui a consolidé notre éveil patriotique.
En ce jour de réminiscence historique, je voudrais rappeler que c’est en 2003 que notre parti a abandonné son ancienne étiquette de « Mouvement National Congolais/Lumumba – Originel » pour adopter celle actuelle de Convention des Congolais Unis (CCU) afin de rompre avec les querelles stériles autour d’une dénomination et se concentrer utilement sur les idéaux exprimant les aspirations légitimes qui sont les nôtres. Aujourd’hui, 16 ans plus tard, avec une présence significative dans les institutions démocratiques de notre pays, l’histoire nous donne raison parce que la CCU occupe une place significative dans le landerneau politique national parmi les partis dépositaires de l’idéal souverainiste lumumbiste.
2019 qui vient a été une année charnière pour le processus de démocratisation de notre pays. Une alternance pacifique du pouvoir a vu le chef de l’opposition politique radicale succéder à un président de la République arrivé fin mandat après des élections apaisées. Le peuple Congolais a ainsi fait mentir toutes les prédictions pessimistes. Il a souverainement voulu par les urnes faire coaliser une majorité présidentielle avec une majorité parlementaire différente. Le Président de la République Félix Tshisekedi chef de file de la plateforme CACH et le Président sortant Joseph Kabila, leader du FCC ont eu le mérite de se soumettre à cet implacable verdict des urnes pour sauvegarder l’intérêt supérieur de la nation au-delà des chapelles politiques contingentes. Cela n’a pas été facile et ils méritent nos encouragements.
Ceci dit, il faut reconnaître qu’à maints égards, notre processus électoral n’est pas exempt de reproches. Plusieurs dysfonctionnements qui y ont été observés appellent des réformes courageuses. D’abord en ce qui concerne leur financement qui en fait un exercice excessivement onéreux, plus coûteux que le développement du pays. Ensuite dans la garantie de leur intégrité, depuis la constitution des listes des électeurs jusqu’aux différents contentieux y relatifs qui interpellent tout citoyen soucieux de la crédibilité de la démocratie représentative. A ce sujet, la CCU partage l’opinion de ceux, nombreux dans le pays, qui plaident pour des réformes touchant notamment aux scrutins indirects trop souvent entachés par la corruption et l’achat de consciences des grands électeurs. Face au déficit constaté dans le chef d’un certain nombre d’animateurs des instances judiciaires appelés à gérer ces dérives, il appartient au pouvoir législatif de revisiter le cadre normatif de ces élections pour en expurger autant que possible les avatars qui ont fait l’objet d’une clameur publique frisant le tintamarre.
La CCU a été victime de ces dysfonctionnements, sans doute à cause de son arrimage à la moralisation de la vie politique que d’aucuns considèrent à tort comme relevant d’un banal dogmatisme désincarné. Mouvement lumumbiste d’avant-garde, nous maintiendrons malgré tout notre attachement aux valeurs éthiques qui nous sont chères. Nous devons par dessus tout garder la tête haute et froide dans une posture de sentinelle de ces valeurs et d’antidote contre les antivaleurs, particulièrement la corruption qui continue à plomber la démocratisation effective de nos institutions publiques. Notre ambition de servir la Nation congolaise et de fournir à l’État des cadres compétents et exemplaires ne doit en aucun cas être noyée dans le flot des déceptions, des frustrations et de la démoralisation. Le peuple congolais toujours en quête de défenseurs intrépides et déterminés de ses Intérêts Nationaux nous le revaudra à coup sûr.
L’une des résolutions du 1er Séminaire Politique de notre grande plateforme le FCC tenu à Kisantu a été la confiance renouvelée en la coalition FCC – CACH considérée comme l›unique alternative utile à la marche de notre peuple vers l›émergence. Le retard du pays sur la voie du développement nous oblige en effet à quitter les sentiers battus du mimétisme vers lesquels nous sommes souvent poussés à chaque tournant de notre histoire. La marche ascensionnelle du Congo en pleine autonomie doit s›accélérer. Cela ne sera possible que si nous cessions de nous regarder avec les yeux des autres. Il y a aujourd’hui quelques raisons d’être optimistes. L’une d’entre elles réside dans l’irréversibilité affirmée du nouveau code minier annoncé ‘’expressis verbis’’ par le Président Félix Tshisekedi. En effet, ce nouveau code minier promulgué il y a un peu plus d’un an par son prédécesseur Joseph Kabila constitue à bien des égards une des clés de notre croissance économique. Il suffit pour s’en convaincre de rappeler que sous l’empire de l’ancienne législation de 2002, pour un milliard de dollars de bénéfice réalisé par les investisseurs dans ce secteur, le Trésor public ne tirait que 80 millions de dollars de recettes alors qu’avec la dernière révision du Code minier, la part due au Trésor public est passée à 360 millions de dollars pour chaque milliard de dollars de bénéfices réalisés par les investisseurs. Un tel ratio est plus équitable et nous permet d’envisager l’avenir avec plus d’optimisme. Le mérite en revient à Joseph Kabila qui a fait face à de lourdes menaces de ceux qui s’étaient confortablement installés dans la situation antérieure et à son successeur, le président Félix Tshisekedi qui vient d’afficher sa volonté de ne pas transiger comme d’aucuns ne cessent de le lui suggérer sur cet acquis. Ce n’est que grâce à un pareil élan cumulatif que la RDC peut espérer tutoyer l’émergence.
La coalition FCC – CACH a donc encore de beaux jours devant elle grâce à la clairvoyance de ses deux leaders, et l’inconséquence de quelques agitateurs n’y changera rien. C’est le lieu de rappeler aux uns et aux autres au sein et hors de la coalition que le pouvoir que nous sommes appelés à partager par la volonté souveraine de notre peuple ne comporte pas que des privilèges. Le pouvoir c’est aussi, et peut-être surtout, des devoirs qui commandent que face à l’intérêt national, ceux qui l’exercent sont obligés de privilégier la raison, l’éthique et les lois de la République. Il y a un peu plus de deux ans, une organisation régionale à laquelle notre pays n’appartient pas (UE) et un Etat étranger (USA) ont pris des mesures dites restrictives et conservatoires à l’encontre de quelques personnalités de notre pays pour sanctionner ce qu’ils considéraient comme leur responsabilité dans des violations des Droits de l’Homme et le blocage du processus électoral. Pour la CCU, dont l’Initiateur que je suis a été concerné par la partie européenne de ces mesures euphémiquement qualifiées de restrictives ou conservatoires, celles-ci sont en fait des sanctions au sens pénal de ce terme. Infligées hors de toute procédure judiciaire aussi bien au Congo même que dans les pays qui les ont annoncées, elles sont arbitraires. Pire, elles procèdent d’une logique néocoloniale surannée et tendent à infléchir la politique intérieure de notre pays. Pour faire simple, leurs initiateurs entendaient contrarier la décision de notre gouvernement de diversifier nos partenariats extérieurs et dissuader les élites congolaises de s’engager dans la voie d’un développement économique décomplexé incarnée notamment par la révision du code minier léonin de 2002 et l’ouverture à d’autres partenaires. Aucune des justifications brandies ci et là à l’appui de ces fameuses sanctions ciblées n’est crédible car il n’est pas possible de combattre des violations des Droits de l’Homme par une violation des Droits de l’Homme, ce qui est le cas d’espèce. Ces sanctions qui sont en réalité des peines infamantes violent des droits élémentaires garantis à tout être humain même auteur de faits répréhensibles aussi bien en RDC qu’au sein des entités qui les ont initiées. Je pense notamment (1) au principe du contradictoire, (2) aux droits de la défense, (3) à la présomption d’innocence (4) à la légalité des infractions et des peines et (5) au principe de l’imputabilité fondé sur le caractère individuel de la responsabilité pénale. C’est la raison pour laquelle malgré le retrait de la liste des sanctions européennes de son Initiateur, la CCU condamne énergiquement ce déni ostentatoire du droit international aux dépens de toutes les personnalités concernées qui administre la preuve que certains partenaires du Congo outre-Atlantique et Outre Méditerranée n’ont jamais fait le deuil de la colonisation. Avant de terminer mon propos, je voudrais vous convier au souvenir des vaillants martyrs de l’indépendance et à celui de l’un de nos camarades les plus actifs qui les a rejoints dans l’au-delà l’année dernière il y a 8 mois, j’ai cité le Camarade Albert Diheka, alors Secrétaire Général Adjoint du parti. En leur mémoire à tous, je vous invite à vous lever pour observer un moment de recueillement…
Il vous souviendra que dans l’oraison funèbre que j’avais prononcé ici même en votre nom à tous, j’avais relevé que la trajectoire terrestre de notre camarade Diheka se confondait avec l’histoire de notre parti politique, du MNC/L Originel à la CCU. Je pense qu’il sera de bonne politique pour nous de faire de la formation citoyenne et idéologique dans notre parti sa marque de fabrique. Aussi, je charge ce jour le Bureau Exécutif de préparer dès à présent l’institution du centre d’encadrement de jeunes patriotes qui fonctionnera sous le label de « Centre Diheka pour l’Émergence » (CEDIEM en sigle) avec la mission de cimenter le socle civique parmi les jeunes générations, favoriser l’éclosion de la citoyenneté et du patriotisme et initier des activités d’intérêt communautaire et d’utilité sociale.
Après ce tour d’horizon des questions qui nous préoccupent, il ne me reste qu’à souhaiter le meilleur à chacun d’entre nous pour cette année nouvelle.
Que Dieu protège la République Démocratique du Congo et que vive la Convention des Congolais Unis !
Je vous remercie !