La saillie anti-rwandaise de l’ancien premier ministre Adolphe Muzito a ramené au devant de la scène la capacité des forces armées de la RDC à faire face à une agression militaire. Entouré de neuf Etats voisins dont certains lorgnent avec une convoitise à peine dissimulée ses multiples ressources naturelles et économiques, ce pays ne peut se passer d’un bras séculier suffisamment dissuasif pour préserver ses potentialités et mettre sa population à l’abri d’éventuelles actions hostiles provenant de l’extérieur. C’est ce qui justifie l’intérêt d’une évaluation objective de ses forces de défense et de sécurité basée notamment sur la qualité du matériel militaire dont il se dote et du niveau de formation professionnelle et de motivation morale desdites forces. L’ancien président de la République Joseph Kabila l’a bien compris et a entrepris de recréer, pratiquement du néant, et de moderniser, les Forces armées de la RDC (FARDC) pendant les 18 ans de sa présence à la tête de l’Etat, au grand dam d’une partie de la communauté internationale qui, ayant fait le pari de la balkanisation de cet eldorado au cœur du continent noir, avait planifié la disparition d’une force armée digne de ce nom pour ce pays. De Bruxelles, Paris ou Washington, on n’a pas eu de cesse de multiplier DEFENSE ET SECURITE : CLASSEMENT GLOBAL FIRE POWER Les FARDC dans le Top 10 des armées africaines les embargos sur la vente de matériels militaires et de crier au « gaspillage » des ressources chaque fois que le jeune président parvenait à contourner les obstacles pour équiper les FARDC. C’est l’origine des dénonciations récurrentes du « scandale de l’acquisition d’un arsenal militaire constitué de stocks d’armements servant à la répression entre les mains d’un dictateur ». Principaux fournisseurs de substitution des équipements et de programmes de formation militaire que les partenaires traditionnels de la RDC refusaient obstinément de mettre à la disposition du pays de Lumumba : la Chine, la Russie, l’Ukraine et la Corée du Nord ont fait l’objet de campagnes infamantes pendant que les décideurs congolais eux-mêmes étaient mis à l’index par le recours aux fameuses « sanctions ciblées » et pressés de mettre fin à toute forme de coopération militaire avec ces nouveaux partenaires. « Tout s’est passé comme si les occidentaux exigeaient de nous que nous nous contentions d’attendre qu’ils nous fournissent la corde avec laquelle nous allions nous pendre. Du cynisme à l’état pur », raconte sous le sceau de l’anonymat un officier général proche de Joseph Kabila aujourd’hui à la retraite. Le flegmatique et taciturne Kabila est parvenu à déjouer tous les pièges. Aujourd’hui, 19 ans après l’assassinat de son père, et prédécesseur, Laurent-Désiré Kabila, les résultats sont là. Longtemps considérées comme en voie de déliquescence avancée, les FARDC occupent aujourd’hui la 9ème place sur les 34 Etats répertoriés au baromètre des puissances militaires africaines pour l’année 2019 établi par l’agence américaine Global Fire Power qui publie et compare chaque année le niveau des pays selon leur puissance militaire. Et cela devrait continuer à s’améliorer, étant donné que plusieurs contrats d’équipement et de formation sont toujours en cours d’exécution. Leur analyse, comparativement à l’évolution d’autres institutions militaires du continent conduit Global Fire Power à prédire qu’en 2023 la RDC intégrera le Top 5 des puissances militaires africaines. Ce classement se base sur plusieurs critères dont le nombre de militaires actifs, la force navale, la disponibilité du carburant pour les opérations militaires, le nombre d’avions de chasse, le budget consacré à la défense et la flexibilité logistique. Selon ce « power index », le score parfait serait de 0,0000, un score impossible dans les faits. Donc, plus on s’éloigne de ce score, plus on recule dans le classement qui ne prend pas en considération les stocks nucléaires et ne pénalise pas les pays ne disposant pas de littoral par l’absence d’une force navale. Sur le site web de GFP, on retrouve ce classement des armées africaines pour 2019 : 1- Comme en 2018, l’Egypte reste la première puissance militaire du continent (sur les 34 répertoriées) et la 12ème au niveau mondial (sur 137) avec un score de 0,2283, avec plus de 211 avions de combat, le pays du Maréchal Abdel Fattah al-Sissi possède la 9ème puissance aérienne au monde. 2- Il est suivi par l’Algérie qui enregistre une baisse dans le classement mondial en passant de la 23ème place en 2018 à la 27ème tout en maintenant sa position de 2ème puissance militaire africaine avec un score de 0,4551. Ces deux géants militaires du continent sont suivis par : 3- l’Afrique du Sud (0,5405), 4- le Nigeria (0,7007), 5- l’Ethiopie (0,7361), 6- l’Angola (6ème africain et 58ème mondial), 7- le Maroc (7ème africain et 61ème mondial. Score : 0,8244), 8- le Soudan (8ème africain et 69ème mondial. Score : 1,0051), 9- la RDC (9ème africain et 72ème mondial. Score : 1,0631), 10- la Libye (10ème africain et 77ème mondial. Score : 1,2349.