« Au moins 15,6 millions de congolais ont besoin d’une aide humanitaire » selon le constat établi par le Conseil de sécurité des Nations-Unies au cours de sa réunion de ce jeudi 19 décembre au cours de laquelle la situation sécuritaire et humanitaire de la RDC a été débattue.
Les membres du Conseil se sont dits inquiets de l’augmentation du nombre des déplacés internes qui sont estimés à 5 millions de personnes en ce mois de décembre. Parmi ces derniers, la structure faîtière de l’organisation mondiale compte 38.000 réfugiés déclarés, 10.600 demandeurs d’asile dans le pays et 865.000 nationaux ayant dû fuir le pays pour d’autres pays africains en raison de la poursuite des hostilités dans certaines contrées du pays.
Le Conseil de sécurité a salué l’action des organisations humanitaires des Nations-Unies, des partenaires et des donateurs, qui s’efforcent d’apporter quotidiennement un appui immédiat et coordonné à la population parfois dans des conditions extrêmement difficiles.
Il engage tous les Etats-membres des Nations-Unies ainsi que les autres partenaires internationaux à accroitre le financement et à répondre aux appels humanitaires lancés par l’ONU en faveur de la RDC tout en déplorant les entraves à l’acheminement et la mise à la disposition des populations dans le besoin de cette aide. « Il est indispensable que les organismes humanitaires des Nations-Unies et les autres organisations internationales disposent de tous les fonds nécessaires et puissent répondre d’urgence aux besoins humanitaires du pays et notamment aux besoins de protection et d’assistance des déplacés, des rescapés de violences sexuelles et de violences fondées sur les genres et d’autres groupes vulnérables de la population » fait savoir le Conseil de sécurité de l’organisation mondiale.
Il demande à la RDC et tous les Etats de la région de s’employer à créer un environnement pacifique propice à la mise en place de solutions durables pour les réfugiés et les déplacés, et notamment à leur rapatriement volontaire et leur réintégration à terme dans le pays. Tout ceci doit se faire en toute sécurité et dans la dignité, avec le concours de l’équipe pays des Nations Unies, fait savoir le conseil de sécurité.
Haro sur les groupes armés
Le conseil de sécurité de l’ONU a également condamné sans équivoque tous les groupes armés opérant en République Démocratique du Congo (RDC) et exigé qu’ils mettent fin sans délai à toutes les formes de violence et autres activités déstabilisatrices. Il a réaffirmé à ce sujet sa « condamnation des actes de violence observés en République Démocratique du Congo, notamment les attaques contre la population civile, le personnel des Nations Unies, le personnel associé et les travailleurs humanitaires », peut-on lire dans le rapport final de la réunion du 19 décembre. Les attaques contre le personnel médical et les installations médicales notamment dans les régions de Beni (Nord-Kivu) et de la province de l’Ituri où sévit la Maladie à Virus Ebola (MVE) ainsi que les nombreux cas d’exécutions sommaires, de justice populaire sommaire (lynchage de personnes présumées coupables ainsi que les atteintes à l’intégrité physique des populations en général préoccupent également le Conseil qui s’est alarmé en outre « des violences sexuelles et aussi fondées sur le genre, le recrutement et l’utilisation des enfants, l’enlèvement d’enfants et des membres du personnel humanitaire ainsi que les attaques visant les écoles commises par ces groupes armés et milices, lesquels doivent être éradiqués ».
De la déclaration publiée par le Conseil de sécurité, il ressort assez clairement que la plupart de ces abus sont commis par les groupes armés qui « n’hésitent pas utiliser des populations civiles inoffensives comme boucliers humains lorsqu’ils ne les forcent pas à des déplacements forcés et massifs ». Des cas d’exécutions extrajudiciaires et d’arrestations arbitraires ont été également reprochés par le Conseil à des éléments des forces de sécurité ou proches d’elles. « Les auteurs de tels actes doivent amenés à en répondre », estime le Conseil de sécurité dans son communiqué.
Menaces de sanctions
Tout en se félicitant des engagements et des mesures pris par le président Félix Tshisekedi pour veiller à ce que le gouvernement de la République Démocratique du Congo de protèger et respecter les droits de l’homme, le conseil de sécurité des Nations-Unies demeure « profondément préoccupé par les informations faisant état de la multiplication des cas de violation des droits de la personne et d’atteinte à ces droits dans le pays ». Ses membres se disent choqués par « les mêmes informations faisant état de la persistance ininterrompue des cas de violation du droit international humanitaire dans certaines parties du pays où le niveau des violences demeure toujours très élevé, particulièrement les violences intercommunautaires, les violences sexuelles ou basées sur le genre qui se sont intensifiées sous l’effet des discours de haine avec des conséquences néfastes contre les efforts de stabilisation, de réconciliation communautaire et de construction du développement du pays ».
Ayant établi ce constat amer, le conseil de sécurité des Nations-Unies « prie instamment le gouvernement de la République Démocratique du Congo de faire en sorte que tous les auteurs de telles violations du droit international humanitaire ou de violations des droits de la personne ou d’atteintes à ces droits répondre de leurs actes en répondent devant les instances judiciaires compétentes ». Avant de brandir le bâton de la menace : « Le Conseil rappelle à cet égard qu’il est prêt, si rien n’est entrepris dans le sens d’une réduction de ces violations des droits de l’homme à imposer des sanctions ciblées en vertu des alinéas D et E du paragraphe 7 de sa résolution 2293 (2016) prévues notamment pour punir les violations des droits de la personne ou d’atteintes à ces droits ou de violations du droit international humanitaire ».
T.U.