Dans un pays où les considérations ethnolinguistiques sont une donne non négligeable en politique, les promesses du nouveau président de fournir l’énergie électrique dans l’espace kasaïen dont il est originaire, suscitent quelques passions. Ici on s’inquiète sérieusement du ralentissement des travaux du barrage hydro-électrique de Katende, considéré comme le moteur du développement de toute la région.
Le chef de l’Etat s’est, en effet, longuement exprimé sur le secteur énergétique dans son dernier discours sur l’état de la Nation. Il a notamment parlé de grands projets en cours au Grand Katanga, dans l’ex-Equateur, voire à Lusambo, une petite bourgade du Sankuru grâce à un financement indien…mais sur le barrage de Katende, rien…
Aux 75 millions USD annoncés par Fatshi devant le Congrès, l’Exim Bank of India devrait, en effet, ajouter près de 10 autres millions USD pour la construction de 3 centrales solaires, d’une capacité combinée de 35 MW, au Nord et au centre de la RDC. Les sites choisis sont Karawa (Nord-Ubangi) avec une centrale de 10 MW pour 25,5 millions USD, Mbandaka (Equateur) dont la centrale solaire aura une capacité installée de 15MW pour un coût de 24,5 millions USD, et Lusambo, minuscule chef-lieu de la province du Sankuru (10MW) pour desservir notamment le pan sud du Grand Equateur. Pourtant, les travaux de construction de la centrale de Katende, à cheval entre les ex-provinces de Kasaï occidental et oriental, sont à l’arrêt faute d’un financement additionnel de 10 millions USD attendus du même partenaire indien, selon l’ancien gouvernement Tshibala. Il y a deux ans, l’alors ministre indien des Affaires extérieures, Chandra Prakash, avait même effectué le déplacement de Kinshasa pour signifier aux autorités de la RDC que les travaux de construction devraient désormais être exécutés par une société du secteur public indien, LPCC. Construite sur la rive droite de la Lulua, la centrale hydroélectrique de Katende, dit Grand Katende, devrait, avec une capacité projetée de 64 MW, desservir quelques grands centres de l’espace Kasaï grâce à la construction d’au moins deux lignes de transport d’énergie électrique. La première ligne, longue de 130 km, devrait relier Kananga à Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental) considéré comme la 4ème grande ville du Congo en passant par Tshimbulu. La ligne devait permettre le renforcement du réseau ferroviaire dans l’espace kasaïen. Longue de seulement 30 km, la seconde ligne reliera Kananga (Kasaï-central) à Bunkonde, en territoire de Dibaya. Mais plusieurs mois après, les travaux de construction du grand Katende sont à l’arrêt, faute d’une contrepartie (10 millions USD) du gouvernement congolais, déplorent des organisations de la société civile spécialisées dans le domaine de l’énergie qui estiment que cela devrait être une priorité du gouvernement. Des engins destinés au projet sont, à ce jour, abandonnés ça et là, loin du chantier de Katende, à environ 80 km de Kananga. Même les nouvelles autorités de la province du Kasaï central doutent de la finalisation de ce projet. Au terme de pourparlers, en août 2019, Martin Kabuya, le nouveau gouverneur de cette province et l’ingénieur Jean-Bosco Kayombo, directeur général de la SNEL SA s’emploient à augmenter l’offre en énergie dans la capitale provinciale avec trois groupes thermiques d’une puissance de 850KVA chacun, soit 2,5 MW. La SNEL SA essaye ainsi vaille que vaille de fiabiliser le réseau existant. Six moteurs de la vieille centrale thermique de la ville sont en cours de rebobinage et deux autres groupes thermiques ont été remis en état grâce à un aéro-réfrigérateur de la SNEL. Des mécanismes adéquats et rationnels de stock de carburant ont été mis en place par les autorités provinciales pour soutenir cette solution de substitution. La SNEL SA a pu ainsi garantir la fourniture en énergie électrique 10 heures par jour pendant au moins 4 mois, jusqu’ à la fin de l’année.
Du côté du Sankuru, on ne s’explique pas à Lodja, principale agglomération et capitale économique de la province avec ses plus de 300 mille habitants et à Lumumba-ville (Wembonyama), la priorisation exclusive de la localité de Lusambo (20 mille habitants) dans le programme de desserte en électricité du chef de l’Etat qui nécessite manifestement d’être revu en profondeur.
POLD LEVI MAWEJA