La réhabilitation du gouverneur Atou Matubuana et de son adjoint suscite des réactions en sens divers aussi bien à Matadi, chef-lieu du Kongo Central qu’à Kinshasa. Au même moment où après que des accrochages à l’Assemblée provinciale bloquaient les travaux, conduisant 24 élus à se délocaliser dans un hôtel de Matadi pour déchoir Atou Matubuana aussitôt levée sa suspension par le ministère national de l’Intérieur, un grave incident a été évité de justesse à l’Assemblée nationale. Deux députés nationaux, Adrien Phoba et Papy Matenzolo, s’en sont pris vertement au vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur à son arrivée dans l’hémicycle où il devait répondre à une invitation de la chambre basse pour une communication sur la situation sécuritaire à Beni et les inondations meurtrières de Kinshasa. Les deux élus reprochaient à Gilbert Kankonde d’interférer illégalement dans le fonctionnement des institutions provinciales en faveur de Matubuana, visé par une motion de défiance. Après un court instant de suspension pendant lequel la speaker Jeanine Mabunda a exclu temporairement des travaux les deux députés, la plénière a repris son cours normal. Mais ce n’était pas la fin de la saga Matubuana : le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba a, dans une correspondance du 30 novembre, demandé des explications au VPM de l’Intérieur dans laquelle il exprimait sa surprise d’avoir appris par les médias l’initiative de la réhabilitation de Atou Matubuana par Gilbert Kankonde. Ce qui sonne comme un désaveu.
La société civile du Kongo Central est à son tour entrée dans la danse pour s’opposer à la réhabilitation de Matubuana, présumé auteur intellectuel du scandale sexuel qui avait impliqué une de ses assistantes et son vice-gouverneur Lwemba. «Nous exigeons en outre l’ouverture d’une enquête judiciaire sur la gestion des finances de la province car le gouverneur a fait main basse sur les fonds publics pour corrompre quelques députés provinciaux pour les pousser à le soutenir », a déclaré un responsable de la société civile locale à l’issue d’une marche organisée au sujet des désordres au sein des institutions provinciales. « Seule une action judiciaire et une réquisition d’informations sur les décaissements du trésor public de la province en faveur des ministres provinciaux et d’autres bénéficiaires peut nous éclairer à cette fin. Cet audit doit être judiciaire et non administratif, avec, le cas échéant des sanctions pénales étant donné que le détournement de fonds est une catégorie d’abus de confiance qui constitue une infraction pénale en droit positif congolais » a-t-il ajouté.
Parmi les organisations de la société civile réclamant l’ouverture d’une enquête judiciaire sur la gestion des finances de la province du Kongo Central, se trouve notamment la Coalition des Jeunes Leaders d’opinions du Kongo Central. Mi-Roger Nseka, son vice-président a déclaré que ses amis et lui-même soutiennent cette demande d’audit sur l’utilisation de l’argent des contribuables administrés de la province du Kongo Central.
JN