La Fonction publique est réputée apolitique mais elle est devenue la principale niche du recrutement des formations politiques au pouvoir. Mais pas seulement.
Ce n’est un secret pour personne, il se tient dans différents partis politiques, un véritable marché de ventes des cartes de membre. Et les agents de l’Etat dont l’éligibilité à la paie piétine pour diverses raisons sont les sollicités sinon y convergent de leur propre gré vers la permanence du parti d’obédience de son ministre de tutelle. «Ce n’est pas une nouveauté», confie ce syndicaliste. « Sur le plateau d’une télé de la place, une députée actuellement mandataire public (PCA) a appelé les femmes à rejoindre les partis politiques si elles veulent avoir des postes de commandement … », déclare un chercheur d’emploi à Kinshasa. Des sources bien renseignées rapportent que des listes des agents de l’Etat dont leurs dossiers auraient été régularisés sont même affichées dans des locaux de certains partis politiques comme pour faire montre de l’efficacité et de la meilleure prise en charge de leurs dirigeants. Des observateurs avertis voient également dans les tentatives de création, parfois en télescopage avec des structures déjà existantes, de nouveaux organes pérennes spécialisés au sein de différents ministères, un stratagème des ministres de tutelle de créer des embauches pour financer leurs partis. Il y a encore quelques semaines, certains périodiques de la place ont barré leur Une d’une folle rumeur d’un probable partage des postes au sein des entreprises publiques entre le FCC et le CACH dont le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi et l’autorité morale du FCC, Joseph Kabila se seraient convenus en secret. Pour une simple rumeur supposée, ce fut plutôt le branle-bas dans salons politiques. En 2020, le fonctionnaire verra son salaire augmenter de 10 USD, selon les résultats des négociations entre le gouvernement (représenté par son VPM en charge du Budget, l’UNC Baudouin Mayo) et l’Intersyndicale de l’Administration Publique (INAP) sur le barème salarial des agents de carrière des services publics de l’Etat., dans les entreprises de catégorie A, comme les régies financières, les établissements OCC, Ogefrem, CEEC ou les sociétés anonymes comme SCTP, Gécamines, SNCC, RVA, le salaire et autres avantages en numéraires dépassent les 50.000 USD. D’ailleurs, le député d’opposition (Lamuka), et président du parti Alliance des démocrates pour le progrès, Christophe Lutundula, a offert au 1er ministre Sylvestre Ilunga, la création d’une commission paritaire Parlement-gouvernement pour fixer des grilles salariales harmonisées pour l’ensemble du secteur public. Lutundula propose aussi au 1er ministre d’initier des audits financiers dans ces différentes entreprises afin de se prémunir de tous détournements de fonds. Au sein d’une même entreprise, à l’exemple de la régie financière en charge de la parafiscalité, la DGRAD, le DG est à 41.000 USD le mois alors que le huissier n’atteint même pas 1.000 USD. La paie au sein de l’administration publique ne reflète guère la solidarité nationale, le souci de l’émergence d’une classe moyenne repris dans les discours des décideurs politiques. Le constat est des organisations de la société civile regroupées sous la coordination du Réseau gouvernance économique et démocratie (REGED) et du Comité d’orientation de la réforme des finances publiques (COREF). La société civile redoute que le protocole d’accord qui pose le principe de la mise en œuvre progressive et par palier du barème convenu entre l’Etat employeur et l’INAP soit définitivement enterré. Il prévoit l’application dudit barème en trois paliers dont 100 USD pour un huissier applicable en 2019, 150 USD en 2020 et 200 USD en 2021.
ABIJA BENAJA