Mascarade se dit en français d’une apparence trompeuse et hypocrite. C’est à ce mot que fait penser la tournée baptisée « Safari » de l’opposant congolais Moïse Katumbi Chapwe qui a tenu meeting notamment à Idjwi, Bukavu (Sud Kivu), Goma, Beni et Butembo (Nord Kivu). Dans toutes ces villes de l’Est, le chairman de ‘’Ensemble pour le changement’’ a été accueilli par des groupes de jeunes affiliés à Lamuka brandissant des drapeaux et des banderoles à sa gloire. Ils étaient en compagnie de plusieurs dirigeants sportifs locaux auxquels des ‘missi dominici’ précédant l’ex-roi du Katanga avaient promis une assistance financière sonnante et trébuchante de la part du président du TP Mazembe. « Je vais rester à l’opposition pour que nous puissions continuer à tirer sur les oreilles de ceux qui nous dirigent ». C’est l’essentiel du message de Katumbi à ses partisans de l’ex-Kivu où il a également ‘’prêché’’, c’est le cas de le dire, l’amour, l’unité et le développement du pays. A Bukavu, après une longue marche à pied jusqu’à la place Major Vangu, MKC a, dans son adresse à la foule, évoqué le problème de l’eau, de l’électricité et des infrastructures qui font cruellement défaut dans cette ville, donnant l’impression qu’il détenait par devers lui les moyens d’y pallier à titre individuel. Des réseaux sociaux ayant récemment fait état de rumeurs de sa réconciliation avec son ancien mentor, le président honoraire de la RDC, Joseph Kabila Kabange, l’opposant congolais a nié tout rapprochement avec le flegmatique et taciturne leader du Front Commun pour le Congo (FCC) et rejette vigoureusement tout ce qui se racontait à ce sujet. « Moi je suis du côté de la population. Ce que vous suivez les gens raconter, c’est de l’intox. Moi et vous sommes un, je ne peux donc pas vous trahir », a martelé l’homme avec les mêmes accents populistes qu’il avait adopté en parlant de ‘’faux troisième penalty’’ lorsque, sans vouloir rompre ouvertement avec Kabila, il lorgnait déjà le ‘top job’ quelques mois avant l’élection présidentielle de NORD-KIVU ET SUD-KIVU Katumbi : la mascarade fin 2018. Déjà en campagne électorale pour 2023, le chairman de TP Mazembe feint de découvrir comme un enfant à peine né les problèmes qui se posent au commun de ses compatriotes : « On m’a dit que vous avez un problème du courant électrique et même d’eau », a-t-il déclaré le plus sérieusement du monde à ses auditoires. Avant d’ajouter, grand seigneur : « Oui, je sais que vous n’en avez pas, c’est pourquoi je vais rester dans l’opposition pour que nous continuons à tirer sur les oreilles de ceux qui nous dirigent c’est à dire le gouvernement afin qu’il donne ce qui est nécessaire pour le peuple ». Mieux, l’ex-gouverneur de l’ex-Katanga jure ses grands dieux d’être « toujours là pour plaider et faire pression sur les autorités du gouvernement actuel afin de les pousser à améliorer les conditions de vie des populations » ne convainquent pas grand monde quand on jette un coup d’œil rétrospectif sur son bilan à la tête de la plus riche entité provinciale du Congo-Kinshasa. Katumbi traîne en effet derrière lui plus d’une casserole sulfureuse notamment pour s’être fabuleusement enrichi grâce à une gestion de type mafieuse de la province cuprifère qu’il avait selon les observateurs les plus objectifs littéralement mis sous coupe réglée. C’est ce qui lui avait permis de s’enrichir à une vitesse vertigineuse et qui a suscité moult critiques de ses détracteurs. Après la publication par Médiapart de quelques bonnes pages des ‘wikileaks’, plusieurs médias en Occident où il compte pourtant beaucoup d’appuis questionnent en effet l’origine d’énormes gains qu’il a engrangé après la revente sur les places boursières internationales des parts irrégulièrement acquises par lui dans diverses entreprises minières au Katanga. On l’accuse également d’avoir, tout au long de son mandat à la tête de la province cuprifère décrété arbitrairement l’interdiction d’exportation de minerais de la RDC par la voie ferrée notoirement connue pour être la moins onéreuse. « Le but de cette interdiction de recourir à la Société Nationale Congolaise des Chemins de Fer du Congo (SNCC) était de confier le monopole de ces exportations à un charroi de plusieurs centaines de camions de sa société ‘Hakuna Matata’ qui bénéficiaient en outre de saufconduits et d’exemptions illégales de taxes dans les postes douaniers aux frontières avec la Zambie par où les minerais transitaient vers les ports sudafricains », se souvient un haut magistrat congolais dont la tentative d’enquêter sur cette prévarication monstrueuse fut brutalement stoppée par sa hiérarchie manifestement circonvenue par le boulimique gouverneur katangais. C’est donc par millions de tonnes que des minerais (cuivre, cobalt, zinc, uranium etc.) ont été exportés au nez et à la barbe des services de douanes par celui qui, après avoir ainsi privé le trésor public de recettes faramineuses, joue aujourd’hui le rôle du preux chevalier désireux de fournir l’eau et l’électricité à ses pauvres compatriotes qui en sont privés faute de capitaux à investir dans ces secteurs par la Regideso et la Snel notamment. « Entendre Moïse Katumbi dénoncer les malversations de certains dirigeants congolais relève tout simplement d’une farce de mauvais goût. C’est l’hôpital qui se moque de la charité», s’étrangle notre source. Qui rappelle en outre les nombreuses expropriations forcées subies par plusieurs opérateurs économiques qui avaient refusé de céder à l’alors tout puissant numéro 1 du Katanga tout ou partie de leurs investissements pour une bouchée de pain. C’est ce qui est arrivé à un Monsieur Kabasele qui mourut de chagrin après que Moïse Katumbi qui lorgnait ses carrés miniers eut mobilisé des bandes de jeunes ‘’supporters’’ lushois pour le faire déguerpir d’un espace riche en prospects miniers au motif qu’il « n’était pas katangais ». « Le jour où un tel prédateur s’alignera du côté des populations et fera pression pour améliorer leur sort, leur garantir le droit à l’électricité, à l’eau et à un salaire décent, les poules auront des dents », ricane cet enseignant de Bukavu à qui nous demandons son avis après que Katumbi eut annoncé dans la capitale provinciale du Sud-Kivu la création sous peu de son parti politique, « un grand parti politique, votre parti politique ». MKC n’en était pas à une contradiction près. Une bobolaise (habitante de Butembo) lui ayant fait le reproche d’avoir entêté le député nord-kivutien Muhindo Nzangi pour qu’il ne se désiste pas à l’élection de gouverneur à Goma en faveur d’Eric Paluku Kamavu, qui avait les faveurs des gens de Butembo, il a carrément proféré des insultes à l’endroit d’Eric Paluku en félicitant Nzangi de n’avoir pas facilité les choses pour un politicien « somnolent » (‘’Wakulala Busingizi’’). « Au lieu de favoriser l’entente entre les deux candidats gouverneurs bobolais, en convoquant le présidium de Lamuka pour chercher à trouver un compromis, (…) il a privilégié ses intérêts personnels et laissé planer un flou hypocrite qui a joué en notre défaveur » selon Me. Sekera, un activiste bobolais présent au meeting. Et d’ajouter que considérer Eric Paluku comme un homme fatigué est un non-sens. « L’honorable Eric Paluku Kamavu qui est né en 1961 est âgé actuellement de 58 ans. Il est tout sauf un vieillard somnolent. Du reste il n’a que 3 ans de plus que M. Katumbi qui a 55 ans. Dans cette logique, Si pour Katumbi à 58 ans on est trop vieux pour pouvoir diriger une province, alors, comment comprendre que luimême croit avoir la capacité de présider aux destinées autrement plus lourdes de toute la RDC en qualité de président de la République comme il se prépare fébrilement à le faire… en 2023 lorsqu’il aura 59 ans ? », S’interroge ce cadre du RCD/K-ML qui s’interroge si Katumbi sait bien de quoi il parle en crachant ainsi sur un élu largement soutenu par les masses de Butembo ! « Moïse Katumbi ferait mieux de présenter publiquement des excuses à la population de Butembo qu’il a profondément vexé ou alors qu’il assume les conséquences de son acte qui brille par une réelle inconséquence politique », estime-t-il. Et de signaler les hauts faits d’Eric Paluku qui lui valent respect et considération dans son terroir : « C’est un véritable Bâtisseur. C’est lui qui a construit la prestigieuse mairie de Butembo (de la conception de l’idée, à la pose de la première pierre et l’érection de l’immeuble) ; c’est encore lui qui, étant gouverneur de province, fut au cœur de la politique d’allègement fiscal qui a permis à la ville de construire tous ces beaux immeubles qu’il a lui-même admiré ! ». Dont acte.
JN