Mieux vaut, un tiens que deux tu l’auras. En attendant un hypothétique second aéroport pour Mbuji-Mayi, la RVA va redimensionner et moderniser Bipemba, et taire, après coup, la guéguerre de type de cargos et de tonnage adaptés à la piste de Bipemba que se livrent des compagnies d’aviation. La Régie des voies aériennes (RVA) va réhabiliter et allonger la piste de l’aéroport de Bipemba, principale voie d’entrée et de sortie de la ville de Mbuji-Mayi et de tout le Grand Kasaï. Pour s’assurer de la qualité du travail, le DG de la RVA, Abdalla Bilenge, a lancé début octobre un appel d’offre international pour sélectionner une entreprise experte dans la construction des sites aéroportuaires. Outre la piste, Abdalla Bilenge a également en projet l’extension du tarmac de Bipemba avec un élargissement, disposant d’une bretelle et d’un taxiway. Le balisage lumineux et l’éclairage au sol seront également perfectionnés. Bipemba connaitra également d’intenses activités de lutte antiérosive grâce aux dons financiers obtenus du Fonds africain de développement et du Fonds d’appui de transition, deux structures de la Banque africaine de développement (BAD). La piste d’aviation de la ville diamantifère, 1999m, est délabrée à plus de 60 % et ne peut donc plus accueillir des aéronefs de plus de 40 tonnes. En 2017, l’aéroport a été momentanément interdit à tout trafic le temps d’une réhabilitation, cahin-caha, de sa piste. Fin décembre 2015, Congo Airways avait dû suspendre ses vols à destination de Mbuji-Mayi à la suite d’un atterrissage mouvementé de son Airbus A320. Des pierres se détachaient de la piste et heurtaient violemment la carlingue de l’avion. Autre incident, en avril 2018, un Airbus d’une compagnie de la place est resté cloué au sol sur le tarmac de l’aéroport de Mbuji-Mayi à la suite d’une panne. Quarante-huit heures plus tard, passagers et frets ont été transportés vers Kinshasa par un Fokker 50 au terme de trois rotations. Un mois plus tard, ce dernier qui assurait la liaison Goma-Lodja-Mbuji-Mayi-Kinshasa n’a pas pu atterrir dans le chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental, suscitant les inquiétudes des passagers et autres opérateurs économiques qui avaient fait des réservations. Dans le souci de sortir le centre du pays de l’isolément, mais avec sérénité et sécurité, Congo Airways a décidé de maintenir la ligne par le biais des avions porteurs de moyens tonnages. Il appert que des compagnies aériennes se sont, en effet, engagées à n’utiliser que de moyens et petits porteurs pour conserver la piste. Mais hélas, mi-2018, des transporteurs aériens s’entraccusent de violation de la consigne, Congo Airways et Ethiopian mettent CAA à l’index qu’ils accusent d’avoir fait poser son Airbus A320 sur la piste cahoteuse de Mbuji-Mayi. C’est comme par un miracle permanent, une chance, une baraka que Bipemba n’a pas connu, ces dernières années, un grave accident avec mort d’hommes. Et à moyen terme, cette polémique de cargo et de tonnage ne sera plus que du jadis. Le DG Adballa Bilenge tient à relever Bipemba au diapason des standards internationaux de navigation aérienne. Une nouvelle tour de contrôle et des bureaux techniques connexes seront également construits, apprend-on à la RVA. Bipemba sera aussi doté d’une centrale électrique de distribution de l’énergie, d’une caserne anti-incendie avec un dispositif de ravitaillement en eau et en émulseur. Tous ces travaux rentrent, en effet, dans le cadre du Projet prioritaire de sécurité aérienne. La RVA dispose, en effet, depuis les années ‘90, d’un projet de modernisation de Bipemba mais qui exige, au préalable, la fermeture de l’aéroport. Le projet s’est heurté à un refus autant de l’élite que de l’opinion estimant que le pouvoir de Kinshasa voulait, en réalité, étouffer économiquement une province réputée réfractaire et bastion de l’opposition. Depuis, le projet a crashé. Il sied toutefois de rappeler qu’un consortium regroupant les sociétés DCA/Africa construction Sarl et Fidelity Sarl projette de construire un nouveau aéroport dans la périphérie de Mbuji-Mayi, dans la localité de Tshipuka dans la chefferie de Bakwa Kalonji, en territoire de Tshilenge, à quelque 20 km au sud de la capitale du Kasaï oriental.
POLD LEVI MAWEJA