Au 15 octobre 2019, quelque 514 pêcheurs r-d congolais nommément identifiés par leurs proches, croupissaient dans les geôles ougandaises. Leur crime, ils auraient pêché dans la partie ougandaise du lac Albert. Au terme du dernier conseil des ministres, le gouvernement Ilunga Ilunkamba s’est engagé à les faire libérer mais sans trop dire comment. Certains pêcheurs ont été arrêtés à bord de leurs pirogues, il y a plus de deux ans, apprend-on. Il est curieux de constater que, malgré des mécanismes de règlement de différends du genre dans le cadre de CIRGL, Conférence internationale de la région de Grands Lacs (Accords de Nairobi, Accords d’Addis-Abeba…), Kinshasa n’arrive toujours pas à obtenir la libération de ses citoyens. Selon la société civile dans la région, la pêche emploie plus de 23.000 personnes dans le lac Albert. Et ce n’est pas du tout facile de s’y livrer par ces temps qui courent du côté congolais des lacs Albert et Edouard. D’une part des bandits qui se réclament d’obédience Maï-Maï, occupent pratiquement tous les ports de pêche de la région, dont Vitshumbi. Ils se paient même la liberté de prélever des taxes se chiffrent jusqu’à 150 USD par pirogue. D’autre part, la force navale ougandaise arrête qui bon lui semble au motif de violation de son espace lacustre. Il y a peu, la Banque africaine de développement a décidé d’appuyer la RDC et l’Ouganda dans la gestion intégrée de la pêcherie en ressources en eaux lacustres. il s’agit d’entreprendre le balisage, la sécurisation de deux lacs avec leur zone de frayère ainsi que leur délimitation. Mais depuis juillet 2017, rien n’a évolué. A présent les organisations de la société civile redoutent que les pêcheurs retenus en Ouganda ne soient l’objet de marchandage…politique. Pour d’aucuns, ces pêcheurs pourraient servir de monnaie de change, pour d’autres, ils pourraient même constituer une milice. Le déficit de communication officielle sur les conditions d’arrestation de 514 pêcheurs fait le lit des supputations en tous sens. Surtout que dans la région, on a, en effet, coutume, d’assister à des girouettes sociopolitiques du genre, un trafiquant d’or arrêté aujourd’hui, et le lendemain le voilà reconverti chef mayi-Mayi avec des hommes de main bien armés. Ce n’est plus qu’un secret de polichinelle, Kampala et Kigali négocient un retour apaisé des anciens rebelles du M23. Par ailleurs, les armées loyalistes de la R-dC, du Rwanda et de l’Ouganda pourraient derechef se coaliser dans l’Est du pays, dans le Grand Nord, et traquer des mouvements transfrontaliers de subversions et autres forces négatives étrangères dont les ADF ougandais et la marmaille des Mayi-Mayi locaux. Des tractations politiques sont actuellement en cours par rapport à ces opérations.
PLM