Les allégations les plus folles font monter la fièvre après ce qui se révèle de plus en plus comme un des nombreux accidents dont l’histoire de l’aviation civile congolaise est jalonnée, en attendant de plus amples informations que les autorités compétentes recherchent laborieusement.
Les réactions se sont succédées à un rythme fou durant tout le week-end au sujet de la disparition de l’Antonov AN 72 opérée par les FARDC qui assurait la logistique présidentielle. Après la marche organisée par des manifestants se réclamant de l’UDPS/Tshisekedi accusant on ne sait trop sur quelles bases le président sortant Joseph Kabila d’être lié à ce crash, des «pseudo-spécialistes » de l’aviation ont prétendu sur les réseaux sociaux notamment que l’appareil à bord duquel se trouvaient un équipage ukrainien et des membres des services de la présidence chargés de ramener vers Kinshasa un véhicule blindé ayant servi aux déplacements en provinces du chef de l’Etat aurait crashé tantôt non loin de l’aéroport international de Goma, tantôt près de la localité de Kasese au Maniema, tantôt à Okutu, près de Kole en province du Sankuru.
De la lointaine Amérique, le lobbyiste Herman Cohen ne s’est pas privé de participer à la cohue en publiant vendredi 11 octobre un tweet au vitriol contre Joseph Kabila, son Bouc Emissaire de prédilection : « Condolences to the families of those who died in the crash of a presidential cargo plane in the DRC » (‘’nos condoléances aux familles des victimes du crash du cargo présidentiel en RDC’’) a-t-il écrit avant d’ajouter avec une perfide mauvaise foi : «This underscores the importance of enhancing President Tshisekedi’s security against those in his governing coalition with false smiles » (‘’ceci met en lumière la nécessité de renforcer la sécurité du président Tshisekedi contre ceux qui sont dans la coalition au pouvoir (FCC de Kabila ndlr) avec des faux sourires’’), comme si pour cet inénarrable nonagénaire, la thèse d’un accident ou d’une erreur humaine devait à priori être écartée au profit d’un complot manigancé par le président sortant de la RDC contre son successeur!
Réagissant à cette vague de supputations, un communiqué du Mouvement citoyen Vivre Autrement (VA) rendu public samedi 12 octobre 2019, a appelé le public au calme en attendant les résultats de l’enquête. « VA présente ses condoléances les plus attristées au président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à toutes les familles des victimes du “crash de l’Antonov An-72″ et au peuple congolais”. En attendant les enquêtes sérieuses et achevées, menées par une équipe mixte pour élucider ce crash et établir ainsi les responsabilités sur cet accident cauchemardesque qui endeuille la République Démocratique du Congo, VA appelle à la sérénité de tous, et s’oppose vigoureusement à toute manipulation et à tout fixisme orienté politiquement contre le pays », écrit Prince Tshabola, coordinateur de ce mouvement qui a, dans le même ordre d’idée appelé les partenaires extérieurs traditionnels occidentaux de la RDC, notamment les Etats-Unis d’Amérique et l’Union Européenne, à contribuer eux aussi aux efforts de réconciliation, d’unité et de cohésion nationales du président Tshisekedi en prenant des mesures d’assouplissement, au cas par cas, des sanctions politiques internationales infligées contre certaines personnalités congolaises. « Nous les encourageons à soutenir désormais et de manière indéfectible ce nouvel élan et nous inscrivons en faux contre tout ce qui serait de nature à ébranler ces acquis politiques majeurs et promettons d’initier des actions de grande envergure en cas de persistance », écrit à ce sujet Tshabola cité par Jeff Kaleb Hobiang.
Dimanche en début d’après-midi, on a appris que les restes de ce qui pouvait être l’aéronef dont les services de l’aviation civile congolaise avaient perdu la trace quelques temps après son décollage de Goma à destination de Kinshasa auraient été aperçus près de la localité d’Okutu en secteur Bankutshu-Lokenye dans le territoire de Kole au Sankuru. Des paysans de cette contrée située entre les territoires de Lodja et de Kole avaient signalé aux autorités administratives de Kole avoir vu une épave d’avion enfoncée dans le sol avec des corps d’hommes. Une version de ces témoignages faisait état d’un homme de race blanche ayant vraisemblablement survécu à l’impact tandis qu’une autre ne signalait aucun survivant.
Interrogé par nos confrères de Top Congo FM à ce sujet, le CACH Joseph Stéphane Mukumadi, nouveau gouverneur du Sankuru qui avait quitté Lusambo, le chef-lieu de son entité pour Kinshasa la veille s’était montré peu affirmatif « Dire qu’il y a l’épave de la suite présidentielle, c’est beaucoup dire. Il y a certes des informations qui nous ont été rapportées dans ce sens comme quoi ils ont retrouvé cette épave. Mais c’est informel. Je ne peux pas donner à l’opinion publique quelque chose d’informel. C’est pourquoi j’ai dépêché une équipe d’experts sur place afin de regrouper toutes les informations que nous pourrions communiquer au public », a-t-il fait savoir dimanche soir en précisant que pour lui, «aujourd’hui, c’est encore tôt de dire qu’il s’agit de l’épave de la suite présidentielle ». Mukumadi a indiqué à cet égard : « nous attendons le retour des équipes de Kole pour informer l’opinion. Une fois qu’on a les vraies informations, nous allons faire une communication officielle. Ce sont les chasseurs, qui passaient par là, qui ont découvert l’épave d’un avion. Mais n’étant pas autant concernés par les normes de sécurité, ces chasseurs ont rapporté cela au près des administrateurs qui nous ont informés. Et nous avons immédiatement dépêché des experts sur place pour en savoir plus ».
Peu avant cette communication du chef de l’exécutif provincial, Benoît Olamba, le président de l’Assemblée provinciale du Sankuru avait rapporté à RFI « selon [son] collègue député ressortissant de Kole, on aurait retrouvé l’épave de l’avion à 75 Km de Kole-Centre et c’est dans le village Okutu, secteur de Bankutshu » et qu’«un colonel de la Police aurait été dépêché à partir de Kole (chef-lieu du territoire éponyme) vers le lieu de l’accident pour faire le constat et ramener les données réelles autour de cette situation ». Le PPRD/FCC Aimé Ngoy Mukena, ministre de la Défense a requis l’assistance de la Monusco pour déployer des équipes du comité de crise mis en place en vue de se rendre sur le site très difficile d’accès.
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