La nouvelle opposition au pouvoir FCC-CACH prend forme vaille que vaille : elle sera Lamuka et CLC (ou ce qui en reste). C’est ce qui ressort des derniers appels à manifester lancés par les deux organisations manifestement en quête de gros bras. Le Comité Laïc de Coordination (CLC) avait déjà annoncé les couleurs en projetant des marches contre la corruption dans le cadre de l’affaire dite de 15 millions USD il y a quelques jours. Les activistes de l’archidiocèse de Kinshasa visent, dans la foulée, les juges de la Cour constitutionnelle qu’ils appellent à démissionner sans autre forme de procès ni proposition alternative. Face au vide juridique inimaginable pour un Etat que cela impliquerait, cette revendication cache mal un appel à faire table rase de toutes les institutions de la République et à l’instauration d’une nouvelle transition en RDC ainsi que n’a cessé de le réclamer Martin Fayulu, le candidat malheureux Lamuka à la présidentielle 2018.
Seulement, il faut trouver des pieds en nombre suffisant pour battre le pavé à l’appui de ces revendications politiques 9 mois après l’accession au pouvoir du nouveau président de la République issu de l’opposition. Les rangs de celle-ci ont été réduits à la portion congrue faute de combattants de l’UDPS/Tshisekedi qui les garnissaient habituellement. La réussite de la mobilisation n’est certaine ni pour le CLC, dont on sait depuis les révélations fracassantes de l’alors secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, que c’est le parti tshisekediste qui contribuait à 50 % aux manifestations convoquées par les catholiques en fournissant les troupes de manifestants, ni pour Lamuka-DVU de Fayulu. Après 4 meetings populaires dans les communes laissées-pour-compte de Kinshasa qui hébergent majoritairement des ressortissants de son Grand Bandundu natal, le candidat malheureux à la dernière présidentielle n’a pas réussi à se constituer un fond de chairs à canon crédible.
En quête de manifestants
En attendant, il faut bien manifester. Et Lamuka/DVU a choisi de lancer un appel du pied aux parents d’élèves et enseignants qui représentent quelques dizaines de milliers de Congolais préoccupés par la gratuité de l’enseignement de base décidée par Fatshi. Bien que saluée par tous, la mesure présidentielle se heurte à la résistance d’enseignants embourgeoisés de certaines écoles de la ville haute à Kinshasa, que la gratuité décrétée prive de substantiels revenus ; et au mécontentement de ceux des parents de leurs élèves. Ils seront donc les nouveaux combattants de la coalition Lamuka-CLC. Un communiqué signé de Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu, Adolphe Muzito et Moïse Katumbi en marge du consistoire d’élévation de l’archevêque de Kinshasa à la dignité cardinalice le 5 octobre dernier les y invite sans fards. Parce que « la gratuité de l’enseignement ne peut être effective à cause de la corruption généralisée », assurent les 4 leaders politiques.
En d’autres termes, Lamuka et le CLC invitent enseignants et parents d’élèves à torpiller la gratuité de l’enseignement de base. On peut douter de la réussite de l’appel, compte tenu du soutien dont bénéficie la décision présidentielle dans l’opinion, aussi imparfaite soit-elle. « Ces politiciens veulent nous faire passer pour des idiots», s’étrangle un parent d’élève de Kasavubu à Kinshasa. « Ce n’est pas en manifestant contre le détournement de 15 millions USD que nous résoudrons le problème de l’éducation de nos enfants», ajoute-t-il.
Ce pessimisme est largement partagé chez les détracteurs de Lamuka et du CLC à l’UDPS/T. Au cours d’une adresse aux combattants, mercredi 9 octobre à Kinshasa, Martin Kabuya, secrétaire général de ce parti a dit au sujet des manifestations Lamuka-DVU-CLC qu’« elles ne réussiront pas parce que ce sont des gens que nous avons fabriqués. Je connais toutes les stratégies qu’on faisait pour mener de telles actions ».
Manifestement, la nouvelle opposition doit recruter ailleurs.
J.N.