Difficile, voire impossible, d’affirmer que la coalition Lamuka émet sur la même longueur d’ondes, notamment sur l’attitude à adopter face au pouvoir FCC-CACH en place en RDC depuis janvier dernier. En marge de l’élévation à la dignité cardinalice de Fridolin Ambongo, le 5 octobre dernier au Vatican, 4 leaders de la coalition Lamuka, dont Katumbi Chapwe, ont accouché d’un appel au soutien des manifestations projetées par les catholiques du Comité Laïc de Coordi- nation (CLC) le 19 octobre prochain. Mais dans la coalition née de la plateforme créée à Genève en novembre dernier pour « effacer Félix Tshisekedi de la scène politique » (expression de Martin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS/T, le 9 octobre courant), de moins en moins de leaders partagent ce point de vue jugé extrémiste et contre-productif.
L’ancien conseiller spécial en charge de la sécurité de Joseph Kabila, Pierre Lumbi Okongo, qui pilote depuis son passage à l’opposition radicale un des plus grands partis politiques de l’opposition et de Ensemble pour la Changement, le Mouvement Social (MS) semble adopter une courbe rentrante. Le patron du MS a fait sensation à Bukavu en déployant des combattants pour l’accueil de Fatshi. A l’Assemblée nationale, les adeptes de cet ancien ministre de Tshisekedi Père sous la IIème République qui contrôle 21 élus et se place devant le MLC de Jean-Pierre Bemba (18 sièges) et le G7 de son patron Moïse Katumbi (10 sièges) affichent une attitude des plus modérées.
Au cours d’un point de presse à Kisangani, fin septembre, Pierre Lumbi a déclaré à la presse que même si Félix Tshisekedi n’avait pas gagné les élections, « il ne faut pas courir derrière les événements ». Parce que, selon lui, « il y a un temps pour pleurer, un temps pour essuyer les larmes, et un temps pour prendre la décision d’aller de l’avant ». Le ton était ainsi donné. « Nous allons lutter pour les grandes réformes à partir de maintenant », a-t-il ajouté, expliquant que son parti avait opté pour un « combat pour l’avenir ».
Combat pour l’avenir, pas pour le passé
Son combat pour l’avenir, l’ancien chef sécurocrate de Joseph Kabila n’entend manifestement pas le mener dans la rue contre la coalition FCC-CACH pilotée au sommet de l’Etat par Félix Tshisekedi et dans les deux chambres parlementaires par Joseph Kabila. Lundi 7 octobre à Bukavu, son parti politique a créé la sensation en se déployant ostentatoirement parmi ceux qui avaient largué des dizaines de combattants pour accueillir le président de la République. Félix Tshisekedi s’en est ému et l’en a remercié publiquement : «Nous avons également un parti de l’opposition, comme j’ai eu l’occasion de rencontrer le camarade du MS à l’aéroport et même parfois dans les rues, qui salue notre présence ici. Je voudrais le saluer et le remercier pour avoir autorisé les membres de son parti à venir ici. C’est un grand message, celui de l’unité. Parce que comme vous le savez, mon combat c’est de voir le peuple congolais uni, derrière les institutions, pour la paix et le bien-être » a-t-il déclaré à ce sujet.
Certes, mardi 8 octobre courant, dans un communiqué signé par Dieudonné Bolengetenge, son secrétaire exécutif national, le parti de Lumbi a tenu à réaffirmer son appartenance à la coalition Lamuka et Ensemble pour le Changement, la plateforme de Moïse Katumbi. Mais rien n’y fait, en réalité. Parce que le MS note « avec satisfaction les engagements publics du chef de l’Etat, expression d’une volonté manifeste pour améliorer le gouvernance démocratique et les conditions de vie de la population congolaise … » et « … s’inscrit dans la logique de l’opposition républicaine et constructive et suivra avec attention l’accomplissement des promesses du chef de l’Etat pour l’établissement d’un véritable Etat de droit en République Démocratique du Congo ».
On ne devrait donc pas compter sur ce katumbiste de la première heure pour battre le pavé le 19 octobre prochain à l’appel des leaders Lamuka. Ce que Lumbi semble convoiter plus que tout, c’est manifestement les fonctions de porte-parole de l’opposition, qui reviennent de droit au MS, mathématiquement. Le communiqué de son parti rappelle, d’ailleurs, que le MS est la première formation politique de l’opposition au parlement. La récente position de Fatshi pour la désignation du porte-parole de l’opposition politique et le bannissement du débauchage et du dédoublement des partis politiques va dans le même sens.
Si cela se confirme, l’opposition MS Lumbi, ce sera au parlement et plus dans la rue aux côtés de Fayulu et cie.
O.H.