Du Comité Laïc de Coordination (CLC), un regroupement anarchiste créé par l’archevêché de Kinshasa fin 2017 pour mettre en œuvre des projets politiciens, les observateurs savaient depuis plusieurs mois qu’il était miné de l’intérieur par de profonds désaccords entre ses animateurs. Sur le sens et les objectifs de la lutte engagée sous prétexte d’exiger l’instauration de la démocratie et l’organisation des élections, MM. Isidore Ndaywell, Thierry Nlandu, et Justin Okana, ainsi que leurs collègues du directoire, Léonie Kandolo et autres Jonas Tshiombela ont cessé d’émettre sur la même longueur d’ondes depuis belle lurette.
A l’instar de nombre des regroupements de l’opposition radicale en RDC, la nébuleuse monsenguiste, créée pour s’affranchir de la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo) et contourner le CALCC (Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques du Congo), seule structure officielle conçue pour fédérer les laïcs catholiques, survit laborieusement aux résultats de la présidentielle du 31 décembre 2018.
L’élection de l’UDPS Félix Tshisekedi, un opposant radical d’entre les radicaux, a consacré l’alternance politique au sommet de l’Etat dont beaucoup de Congolais rêvaient. Y compris au sein du CLC. Poursuivre sous la même forme d’actes subversifs la lutte engagée contre le régime précédent ne se justifiait plus pour certains.
Appel signé de 6 membres
L’appel de 6 des membres du directoire du CLC à des nouvelles manifestations pour exiger des sanctions contre les auteurs – non identifiés comme tels par la justice en pleine procédure – d’un détournement présumé de 15 millions USD de rétrocession pétrolière et la démission de tous les juges de la Cour constitutionnelle – un véritable coup d’Etat – est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
En réalité, ce sont le directeur de cabinet du président de la République, l’UNC Vital Kamerhe, et le chef de l’Etat qui sont visés par cette saillie. On rappelle en effet que ce sont les 9 juges de la Cour constitutionnelle qui ont proclamé Félix Tshisekedi vainqueur de la présidentielle de décembre 2018, au détriment de Martin Fayulu, désigné vainqueur de la même élection par un groupe d’évêques catholiques originaires de l’Ouest du pays. Les manifestations projetées le 19 octobre ne pouvaient donc que contrarier ceux qui ne se retrouvent pas dans ce qui apparaît comme la mise en œuvre catholique d’un plan extra constitutionnel de sortie de crise.
Martin Fayulu en proposait déjà en mai dernier dans le même sens : de créer, à l’issue de «discussions à organiser entre les parties prenantes», une institution dénommée Haut Conseil National des Réformes Institutionnelles (HCNRI) chargée de réformer la CENI, la cour d’organiser de nouvelles élections générales ouvertes à tout le monde. Une structure sui generis à la tête de laquelle il s’était autodésigné.
Désaccords internes
Connu jusqu’il y a peu comme porte-parole du CLC, l’activiste des droits humains Jonas Tshiombela n’a pas daigné signer le programme des manifestations du 19 octobre prochain. Interrogé par la presse, ce kasaien d’origine s’est gardé d’approuver ou désapprouver l’initiative de ses collègues tout en promettant de se prononcer en temps opportun sur son avenir au sein du CLC. Il y a « trop d’informations sur les réseaux au sujet de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC, l’organisation qu’il dirige, Ndlr) m’attribuant tout sur la date du 19 octobre 2019, j’appelle les uns et les autres au calme », a-t-il déclaré vendredi 4 octobre dernier sur Top Congo FM. C’est tout sauf un soutien aux manifestations annoncées.
L’autre originaire du Grand Kasaï, Léonie Kandolo, ne s’entoure pas des mêmes circonlocutions. «Je ne fais plus partie du CLC depuis février dernier» a-t-elle révélé la semaine dernière, peu après que ses anciens collègues eurent rendu public leur projet de manifestations publiques. Avant de dénoncer «l’organisation des marches sans donner des propositions concrètes pour faire avancer (la démocratie, i.e) ».
Même le professeur de langue anglaise d’origine Centrale Kongolaise, Thierry Nlandu, n’émettrait plus à l’unisson avec ses collègues du directoire du CLC.
Ainsi, de la nébuleuse créée il y a deux ans par Laurent Monsengwo, il ne reste plus qu’un groupe d’animateurs du Grand Bandundu et des régions de l’Ouest rd congolais. Ainsi ratatiné, le CLC se réduit à un « machin tribal ». On peut dès lors douter de la réussite des manifestations projetées d’ici 10 jours.
J.N.