Des violences meutrières ont bien été enclenchées après les élections en janvier 2019 à Kikwit notamment
Au fil des mois, semaines et jours, la coalition de l’opposition politique née en novembre 2018 à Genève s’émiette à vue d’oeil. L’unité, toute de façade de Lamuka n’aura pas résisté aux divergences d’intérêts politiques entre ses leaders de l’Est et de l’Ouest du pays. Le G7 Moïse Katumbi et ses troupes, qui comprennent également l’AMK (Alliance des Mouvements Kongo) de Sessanga, Lubaya et autres Mvuemba ont pris le parti d’une opposition républicaine au pouvoir FCC-CACH en place en RDC depuis janvier 2019. Et se sont donc quasiment soustraits de la plateforme convertie en coalition radicale emmenée par Martin Fayulu. L’apport des leaders politiques de l’Est du territoire national a, de surcroit, été rendu quasiment nul avec le départ d’Antipas Mbusa Nyamwisi qui a décidé d’offrir ses services au nouveau président de la République, Félix Tshisekedi.
Conversion mort-née
Une conversion mort-née en réalité, que cette transformation de la plateforme Lamuka. Même la branche Ouest de la coalition semble boiter depuis la défection du bandundois Freddy Matungulu, casé à la Banque Africaine de Développement (BAD) par Félix Tshisekedi. Elle a brisé le semblant d’entente tribale qui soudait l’édifice. Et le semblant de rapprochement avec le MLC de Jean-Pierre Bemba, qui du reste est censé diriger le présidium de ce qui reste de la coalition, dissimule mal des divergences d’objectifs politiques à court et moyen terme même si on parle de la priorité accordée à la lutte pour la ‘‘vérité des urnes’’ veut donner une impression contraire.
Au cours d’un meeting Place Ste Thérèse à Ndjili dans la banlieue de Kinshasa, le patron du MLC avait subtilement nuancé les choses en indiquant que la vérité des urnes doit être une vérité pour le peuple. Une vérité pour tout le monde donc, et non pas pour le seul Fayulu.
Depuis lors, l’adhésion des bembistes au projet du patron de l’ECIDE semble de façade, quoique claironnent les lieutenants du candidat malheureux à la présidentielle 2018. Significativement représenté au parlement, le MLC semble partagé entre une opposition républicaine dont il s’est fait le héraut depuis les lendemains des premières élections démocratiques en 2006, et le radicalisme populiste de Fayulu qui fait la part belle à un leader politique que l’on dit sans envergure réelle. C’est ce que Martin Fayulu et Adolphe Muzito (accessoirement) tentent de mettre en oeuvre en s’inspirant du tshisekedisme nihiliste et violent des dernières années Mobutu.
4 rassemblements populaires depuis janvier
Depuis la victoire à la présidentielle de Félix Tshisekedi, fin décembre dernier, Fayulu et Lamuka/Dynamique pour la Vérité des Urnes (DVU) ont organisé 4 rassemblements populaires, toutes dans les parties périphériques de Kinshasa, connues pour agglomérer un nombre impressionnant de laissés pour compte de la vie économique et sociale. Des mécontents de tout et de rien, mobilisables et manipulables sans grande difficulté. Il suffit pour cela d’invoquer les carences dans l’approvisionnement en énergie électrique par exemple, dont on sait que seulement 10 % des congolais jouissent depuis de nombreuses années pourtant. « On nous a volé ma victoire à la présidentielle », leur scande Fayulu, qui les invite à se mobiliser pour la reconquérir en remplaçant « victoire » par toutes les carences et privations propres aux pays en développement de la planète pour titiller les convictions «révolutionnaires» des uns et des autres.
Samedi 28 septembre 2019, dans une véritable inflation de déclarations politiques, Lamuka/ DVU a annoncé de nouvelles manifestations politiques. Contre les détournements et la corruption institutionnalisée et certains propos récents du président de la République au cours de son entretien avec la presse européenne. Un jour auparavant, la DVU, avait mis Félix Tshisekedi au défi de prouver la responsabilité de Martin Fayulu, Adolphe Muzito et leurs partisans dans les violences postélectorales en RDC allant même jusqu’à promettre un procès en diffamation. Des propos à ranger dans la corbeille des « invraisemblances pour la consommation du Congolais lambda » dont savent user et abuser les politiciens congolais en mal d’arguments.
DVU : court mais violent parcours
La vérité est que la courte histoire de ce qui est finalement devenu Lamuka/DVU avec la conversion de la Dynamique de l’opposition (DO) en Dynamique pour la vérité des urnes (DVU) le 21 août 2019 est jalonnée d’actes de violence et d’appels aux violences entraînant morts d’hommes et autres dommages graves causés par des manifestants chauffés à blanc par la propagande fayuliste.
A Kikwit, fief électoral largement acquis à Adolphe Muzito, le siège du PALU, son ancien parti politique d’où il a été ejecté avait été mis à sac aussitôt les résultats de la présidentielle proclamés le 5 janvier 2019. Lulendu Gipheu, chef de cellule du parti gizengiste au chef-lieu de la province du Kwilu est bel et bien mort au cours des représailles entreprises par les partisans du candidat malheureux à la présidentielle. Son seul péché fut de faire flotter le drapeau du PALU dans sa résidence au quartier Poto-Poto de la commune de Lukolela à Kikwit. Cette première victime de la vendetta politique est loin d’être la seule en ces jours qui suivirent la proclamation de la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle du 30 décembre dernier. Gingungu Sefu, secrétaire provincial du PALU, rapporte que M. Ndambu Athu Mudimbu, sentinelle au siège du parti, avait également succombé aux blessures lui infligées lors de la mise à sac du siège de son parti à Kikwit.
Les morts de Kikwit
Ces faits dramatiques ont été confirmés quelques semaines plus tard par Adolphe Muzito lui-même. Au cours d’une interview sur TV5Afrique, dimanche 3 février 2019, l’ancien 1er ministre qui fait tandem avec Fayulu assurait que « avec toute l’insécurité qui va se manifester à travers le pays, avec l’instabilité politique, aucun investisseur ne viendra dans notre pays. Il y aura un front social qui fera qu’ils seront obligés de négocier afin qu’on trouve une solution à la crise de légitimité ». Ces déclarations intervenaient 24 heures après le 1er meeting Lamuka à Ndjili Ste Thérèse à Kinshasa, rythmé par des appels à la haine contre les balubas, la tribu du président de la République élu au détriment de Fayulu en décembre dernier. « Muluba na nyoka totika nani ? Boma muluba tika nyoka !» (Entre un muluba et un serpent, tuez le muluba, épargnez le serpent !), scandaient à l’unisson des casseurs mobilisés par les leaders de l’actuel Lamuka/DVU. Une politique de la terre brûlée qui a donc bel et bien déjà occasionné plusieurs victimes.
J.N.
VIOLENCES TRIBALES POSTELECTORALES : Lamuka/DVU ment
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