Le Comité Laïc de Coordination (CLC) reprend du service … politique exclusivement. Les troupes de l’ancien cardinal-archevêque de Kinshasa ont mis quelque temps à reprendre les esprits après le changement-surprise intervenu au sommet de l’Etat fin décembre dernier, avec l’élection d’un opposant radical à la présidence de la République.
A l’instar de l’église-mère de la capitale, ses organisations politiques satellites catholiques avaient fait du pouvoir du chef de l’Etat sortant, Joseph Kabila, leur cible principale. Le raïs, ainsi que le surnomment ses partisans, s’est subrepticement soustrait du devant de l’arène politique en RDC, se dérobant ainsi en même temps du champ des tirs de ses adversaires catholiques, obligés d’en trouver une autre. Pas très loin, pour l’instant, le remplaçant de l’ancien président au Palais de la Nation fait presque l’affaire. Les prélats catholiques avouent sans peine le supporter à peine et lui assurent de leur reconnaissance « de fait » (donc pas de droit). Leurs organisations satellites, moins liées par les convenances, peuvent aller plus loin.
Au cours d’une déclaration, jeudi 3 octobre 2019 à Kinshasa, le CLC a annoncé sans surprise le début d’une série de manifestations pour, entre autres, exiger la fin de l’impunité, à travers la suspension des personnes impliquées dans le détournement de 15 millions USD de la République. Les hommes d’Isidore Ndaywell, un professeur d’histoire de l’Université pédagogique national exigent également la démission des juges corrompus et indignes de la cour constitutionnelle. Rendez-vous est pris pour samedi 19 octobre courant : « nous marcherons avec nos bibles, croix et chapelets, symboles de la justice pour tous, en portant des calicots exprimant notre refus total du règne de la corruption, de l’impunité et de l’absence de la justice », lit-on sur le communiqué de ces acteurs politiques catholiques.
Seulement, en fait de justice, certains observateurs font remarquer que s’agissant de l’affaire des 15 millions USD par exemple, aussi longtemps que les personnes citées ne sont pas formellement condamnées par les instances judiciaires, elles sont présumées innocentes. Et qu’en l’espèce donc, la notion de justice vantée par les catholiques du CLC paraît à tout le moins intéressée. « On ne peut être juste en marchant sur les fondamentaux de la justice et de l’équité », fait observer au Maximum un enseignant de droit, fidèle catholique engagé de la paroisse St Dominique à Limete.
D’autres encore déplorent l’engagement trop politicien et sans mandat des fidèles catholiques, professé par le CLC au détriment des questions sociales qui accaparent le plus grand nombre, comme la gratuité de l’enseignement de base. Elle affecte plus de 10 millions de parents d’élève du niveau primaire, dont des nombreux fidèles catholique. « Mais notre prétendue coordination se préoccupe davantage des questions bourgeoises », enchaîne cet interlocuteur du Maximum.
Mais, c’est connu, le CLC n’a de coordination catholique que le nom. Les manifestants de ces co-religionnaires se recrutent davantage parmi les casseurs des partis politiques de l’opposition politique radicale que parmi les fidèles catholiques, généralement modérés et d’une culture moyenne élevée.
C’est le parti politique d’un groupe de prélats de l’église catholique, le CLC de Ndaywell.
O.H.