Entre Kinshasa et Luanda, les relations semblent se réchauffer à la faveur de l’arrivée au pouvoir, mi-janvier 2019, de Félix Tshisekedi. Le nouveau président de la RDC, soucieux d’améliorer les relations de son pays avec ses 9 voisins, a réservé sa première visite officielle au voisin angolais en février dernier. Avant d’y retourner plus d’une fois, dont la dernière, pour sceller la réconciliation à laquelle il avait participé, entre deux autres des voisins de la RDC, le Rwanda de Kagame et l’Ouganda de Museveni. Une passe en or lui offerte par Luanda, grâce à l’entregent de son puissant chef des services secrets, le Général Fernando Gracia Miala, rapporte La Lettre du Continent du 25 septembre 2019.
C’est à cet ancien SINSE (Serviçio de Intelligencia e Gegurancia do Estado), les services des renseignements intérieurs angolais, que l’on doit le rapprochement Fatshi – Joao Lourenço. La barbouze angolaise avait été l’émissaire de José Edouardo dos Santos auprès de Joseph Kabila dans les années ‘2000, avant d’être brusquement démis de ses fonctions en 2006, puis de revenir sur les devant de la scène politique chez le voisin angolais à la faveur de l’élection à la présidence du nouvel homme fort de Luanda.
Parmi ses missions, réchauffer les relations avec Kinshasa, après que les relations très amicales entre l’Angola et la RDC du temps de Mzee Laurent-Désiré Kabila eurent été malmenées par son fils et successeur Joseph Kabila à la suite du conflit autour de la Zone pétrolière frontalière entre les deux Etats sur lequel le quatrième président congolais s’était montré intraitable.
Espérant étouffer ce dossier, le nouveau numéro 1 angolais a multiplié les gestes de rapprochements avec Fatshi. Le Général Fernando Gracia a ainsi réussi l’organisation du tout premier voyage officiel du chef d’Etat de la RDC, et à associer Fatshi à la médiation entreprise par Joao Lourenço entre l’Ouganda et le Rwanda.
La nouvelle alliance diplomatico-sécuritaire entre Luanda et Kinshasa n’a pas encore effleuré le litige frontalier qui a grippé les relations entre les deux Etats. Les blocs 14, exploités par le pétrolier américain Chevron, et 15, exploité par Exxon Mobil, débordent sur les eaux territoriales rd congolaises. Les deux Etats n’ont jamais réussi à régler ce litige dont la solution amputerait la production pétrolière angolaise. « Joao esquive la question », a révélé Fatshi au cours de l’interview à Internationales dimanche 22 septembre dernier, sans donner la moindre sur la suite qu’il compte réserver à ce litige.
Ce que l’homme fort de Luanda n’esquive pas, par contre, c’est la question de la sécurité à ses frontières avec la RDC. Joao Lourenço semble avoir obtenu de son homologue rd congolais l’autorisation de poursuivre sur son territoire les indépendantistes cabindais du FLEC. Depuis juillet 2019, le camp des réfugiés de Lundo Matondo près de Lukula au Kongo Central fait l’objet de raids nocturnes des forces armées angolaises, rapportent les mêmes sources. Elles visent à appréhender des activistes présumés du FLEC, le mouvement indépendantiste cabindais en guerre avec le gouvernement central angolais. Près de 50.000 Angolais originaires de Cabinda se seraient réfugiés dans des camps situés en RDC et au Congo-Brazzaville. Et la très grande majorité de ces réfugiés nourrit des sympathies en faveur de la cause indépendantiste sans pour autant appartenir au FLEC.
J.N