Ce n’est pas la guerre ouverte mais ça y ressemble à quelques exceptions : la mouvance syndicale de l’administration publique a lancé des salves de revendications contre le gouvernement Ilunga Ilunkamba. En première ligne du front social, les syndicats des enseignants qui brandissent les accords de Mbudi sur la paie.
Depuis 2011, l’Etat a toujours pris en compte une dizaine de milliers de fonctionnaires fictifs sur les listings de paie expédiés dans des banques concernées par l’opération de la bancarisation. Si la Banque centrale, en fait, la direction chargée de la bancarisation se félicite d’avoir neutralisé les réseaux mafieux du coulage des salaires, la mouvance syndicale de l’administration publique rappelle que des centaines d’agents de l’Etat porteurs notamment de la fameuse carte bleue et engagés par le même l’Etat ne touchent ni salaires ni primes. C’est notamment le cas au ministère de la Décentralisation.
Par ailleurs, depuis fin février 2018, le gouvernement a entériné le Protocole d’Accord Gouvernement –Intersyndicale de l’Administration Publique (INAP ) sur le barème salarial des agents de carrière des services publics de l’Etat. Ce protocole d’accord pose le principe de la mise en œuvre progressive et par palier du barème convenu entre les deux parties. Le protocole, qui consacre la volonté du gouvernement de soulager la misère du fonctionnaire, prévoit en raison de la conjoncture économique du pays, l’application dudit barème en trois paliers dont 100 USD pour un huissier applicable en 2019, 150 USD en 2020 et 200 USD en 2021.
Pacta sunt servanda
Pour la mouvance syndicale de l’administration publique, le nouveau gouvernement devrait respecter le protocole négocié par le gouvernement Tshibala au nom du principe de la continuité de l’Etat. Et cette fois, l’INAP tient à ce que le taux de change réel soit de stricte application. A ce jour, le salaire d’un huissier avoisine les 100.000 FC, soit un peu plus de 100 USD au taux appliqué par le gouvernement, soit 920 FC/le dollar.
Et pourtant, la parité dollar/FC sur base de laquelle le budget a été élaboré est de 1.747.8 FC pour 1 USD. A titre de rappel, pour l’exercice 2019, les prévisions des dépenses de personnel se chiffrent donc à 3.689,93 milliards FC pour des effectifs de 1.310.404 agents et travailleurs.
Outre, l’existant projeté à fin 2018 de l’ordre de 2.831,5 milliards FC, l’enveloppe des rémunérations prend notamment en compte l’impact du cinquième du premier palier du barème convenu entre le gouvernement et l’INAP d’un import de 286,5 milliards FC. Elle intègre aussi l’impact des grilles barémiques approuvées en faveur de différents services et corporations socioprofessionnelles en 2018 pour une enveloppe de 21,3 milliards FC ainsi que d’autres actions sectorielles de la politique salariale envisagées en 2019 (ESU, Agriculture, Pouvoir Judiciaire, …) pour 349,7 milliards FC.
Le recrutement et le dégagement au sein de la Police et de l’Armée pour une enveloppe globale de 61,5 milliards FC ainsi que la mécanisation des nouvelles unités à l’EPSP et à la Santé pour 14,9 milliards FC sont également incorporés dans le budget de rémunération 2019 de l’administration publique.
Soutenabilité budgétaire.
Si le gouvernement se félicite du fait que l’application du cinquième du premier palier du barème de l’INAP devrait dégager de l’espace pour les autres postes des dépenses (fonctionnement, transferts et subventions, investissements et dépenses exceptionnelles), et que les prévisions des dépenses de rémunérations enregistrent 37,7% d’accroissement par rapport aux prévisions de 2018 situées à 2.590,0 milliards FC et 43,0% de recettes courantes, des experts notent que la RDC a dépassé légèrement le plafond fixé par les critères de convergences macroéconomiques de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en matière de soutenabilité budgétaire.
Selon les experts du ministère du Budget, la première mouture du budget 2020 se chiffre à 9,1 milliards USD. Mais le cabinet Ilunga pourrait y apporter des correctifs. Il sied de rappeler que le chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, a tablé pendant sa campagne électorale sur un budget annuel de 16 milliards USD.
POLD LEVI