Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, a bouclé jeudi après-midi une visite d’Etat de 4 jours en Belgique, avec un agenda particulièrement médiatisé. Dès ce vendredi, le numéro 1 congolais se rend à New York aux Etats-Unis où il prendra part aux côtés de plusieurs de ses pairs à la 74ème session de l’Assemblée générale des Nations-Unies qui a démarré le 17 septembre. Elle est présidée par le nigérian Tiijani Muhammad Bande, 13ème ressortissant du continent noir à occuper ce poste prestigieux depuis la création de l’ONU.
Le Nigerian a annoncé que la lutte contre la pauvreté et le changement climatique, l’éducation et l’inclusion seront les priorités de son mandat. « Je collaborerai avec le Conseil de sécurité et le Secrétariat pour assurer une plus grande attention à la prévention plutôt qu’à la réaction à un ou plusieurs conflits de grande ampleur », promet-il.
Après une visite marathon à Bruxelles, capitale de l’ancienne métropole de la RDC où les préoccupations socio-économiques et de développement semblent avoir accaparé Fatshi, place aux questions sécuritaires, mais pas seulement. La lutte contre la pauvreté, le changement climatique pour lequel les ressources de la RDC sont d’un grand apport pour l’humanité, l’éducation … figureront au menu des entretiens de Félix Tshisekedi à New York.
Outre les discours protocolaires des chefs d’Etat et de gouvernement, la 74ème session de l’assemblée générale des Nations-Unies tiendra 5 sommets.
Sommet contre la pauvreté aussi
Le sommet de l’action pour le climat, le 23 septembre courant, qui planchera sur la transition mondiale vers les énergies renouvelables ; les infrastructures et les villes durables et résilientes ; l’agriculture durable ; la gestion des forêts et des océans ; la résilience et l’adaptation aux impacts climatiques; l’alignement des financements publics et privés sur une économie ayant zéro émission nette. Deux jours avant l’ouverture de cette session, un sommet des jeunes sur le climat aura lieu le 21 septembre.
Sous le thème général « Travaillons ensemble pour bâtir un monde plus sain » se tiendra une réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, la plus grande jamais organisée, selon les Nations-Unies, qui se fondent sur le fait que tous les pays du monde se sont engagés à mettre en place une couverture sanitaire universelle d’ici 2030.
Les 24 et 25 septembre se tiendra le sommet sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) qui ambitionnent de transformer le monde, de stimuler la prospérité et d’assurer le bien-être de tous tout en protégeant l’environnement. Un sommet sur le financement du développement est prévu le 26 septembre, qui réunira des dirigeants gouvernementaux du secteur économique et financier afin de dégager les ressources et les partenariats nécessaires et ainsi accélérer les progrès.
Le dernier sommet de la 74ème session de l’assemblée général de l’ONU se consacrera à l’examen de la «Voie Samoa», relatif au soutien et au développement durable des petits Etats insulaires qui comptent parmi les plus vulnérables au monde.Autant de sujets et thèmes qui intéressent la RDC car ils s’inscrivent dans la suite des préoccupations qui ont milité en faveur du long séjour bruxellois de Félix Tshisekedi, toujours en quête d’un soutien longtemps refusé à son prédécesseur, Joseph Kabila. Y compris par l’administration Bush qui dirige le pays hôte de la 74ème session de l’Assemblée générale onusienne, malgré une avalanche de promesses d’assistance conditionnée.
Rien de neuf de Bruxelles ?
En 4 jours de visite à Bruxelles, capitale de la Belgique et de l’Union Européenne, il ne semble pas que le nouveau chef d’Etat de la RDC ait décroché la timbale. Au finish, des réceptions fastueuses au siège du gouvernement par le 1er ministre flanqué de ses plus proches collaborateurs ; au Palais royal, par le Roi Philippe et la Reine Mathilde ; puis au siège de la Fédération des Entreprises Belges (FEB) devant une centaine d’hommes d’affaires, Fatshi n’a, lui aussi, récolté que des promesses conditionnées. Les mêmes qui avaient fini par avoir raison de la patience de son prédécesseur Joseph Kabila.
Certes, au moins 3 des 4 MoU ont été signés entre les nouvelles autorités de Kinshasa et leurs homologues belges. Mais ce ne sont également que des mémorandums d’entente, pas d’interventions ni d’actions immédiates belges en RDC. Ils se résument en : la tenue régulière des consultations politiques bilatérales, la réouverture du consulat belge à Lubumbashi et du consulat congolais à Anvers, un appui à l’Ecole Nationale d’Administration ainsi que la formation des diplomates congolais (Mémorandum politique) ; la reprise progressive de la coopération au développement, en commençant par la définition d’un programme transitoire ; la relance d’une coopération en matière de finances et la reprise de la coopération entre les banques centrales. Du réchauffement des relations. Pas plus. «Parce qu’un nouveau programme de coopération devrait être défini par un nouveau gouvernement (de plein exercice, l’exécutif belge en fin de vie ne faisant qu’expérdier les affaires courantes, ndlr) », se défend Alexander De Croo, ministre de la Coopération au développement, comme pour s’excuser du peu.
Mémorandum d’entente et d’attente
En réalité, il semble plutôt qu’avant Félix Tshisekedi n’est guère différent d’avec Félix Tshisekedi président pour les partenaires belges de la RDC, qui continuent à briller par le même art de se retrancher derrière des conditionnalités fourre-tout pour masquer leur incapacité – ou leurs réticences – à délier les cordons de la bourse en faveur des Congolais. « Le nouveau président doit prouver qu’il peut améliorer la situation pour la population, qu’il peut combattre la corruption et l’insécurité. On essaie ici de faire avancer les choses, mais il y a des attentes énormes quant aux réalisations du président», explique à ce sujet De Croo. Qui ne pipe mot sur lesdits critères belges d’appréciation et oublie que pour ce faire, il faut précisément des moyens recherchés par l’interlocuteur du royaume. En fait, une stratégie d’obstruction.
Mardi 17 septembre à Bruxelles, un 4ème MoU, relatif à la coopération militaire n’a pu être signé, alors que Fatshi sollicitait la réhabilitation du camp d’entraînement commando de Kotakoli et la relance de la formation militaire belge à Kindu, gelée par Joseph Kabila. Ce dernier texte est toujours en cours de négociations, et attend des planifications plus élaborées, renseigne-t-on du côté congolais. Où on se montre malgré tout optimiste: Certes, les MoU signés ne sont que des déclarations d’intentions non contraignantes, mais ils devraient permettre une certaine normalisation entre les deux pays. Les 4 jours de Fatshi à Bruxelles, c’était donc pour normaliser. Pas pour relancer.
J.N.