L’information a été publiée par l’ambassade américaine, annonçant l’arrivée à Kinshasa, jeudi 12 septembre 2019, du secrétaire d’Etat US à la Santé, Alex Azar. Le social n’a vraiment jamais été le point fort des yankees sur le continent, et l’arrivée du ministre chargé de ce secteur peu intéressant pour le business a de quoi étonner.
En fait, c’est l’épidémie de la maladie à virus Ebola (MVE) qui sévit au Nord Kivu et en Ituri depuis un peu plus d’un an maintenant qui attire l’attention des Américains. Alex Azar ne vient pas à Kinshasa pour des broutilles. Son pays a déjà consenti quelques efforts dans la lutte contre la MVE avec un don de 38 millions USD via l’USAID, fin juillet dernier, dont 15 millions destinés à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour contribuer (par partenaires interposés) aux activités de prévention et de contrôle des infections dans les établissements de santé, à la surveillance de l’épidémie, à la formation des travailleurs sanitaires et à la mobilisation de la communauté contre la MVE.
Le 4 septembre 2019, à une semaine de la visite du ministre américain en RDC, l’USAID annonçait un don supplémentaire de 21 millions USD pour la lutte contre Ebola, ce qui porte le total du financement de l’agence à 158 millions USD depuis la déclaration de l’épidémie. Suffisant pour justifier le déplacement d’un responsable de ce niveau. Mais pas seulement.
Comme chacune des puissances planétaires, le pays de Donald Trump est engagé dans les recherches contre tout virus, dont Ebola. Pour prévenir une possible guerre bactériologique. La Chine, la France, l’Union Soviétique, le Japon … ont tous lancé des recherches anti-virales et inventé des vaccins qui n’attendent qu’expérimentation … sur cobayes humaines.
Tel est le cas de ce vaccin US, œuvre du Belge Paul Stoffels, ancien de Janssens Pharmaceutica racheté par l’US J&J. Durant 15 ans, le Dr Stoffels a travaillé sur des vaccins capables de neutraliser les maladies à virus, qu’il s’agisse d’Ebola, de la fièvre de Marburg ou de Lhassa, de Zika ou de l’influenza, rapporte notre consoeur Colette Braeckman du quotidien belge Le Soir. «C’est après les attentats du 11 septembre que les autorités américaines, prenant en compte la menace du bio terrorisme, ont demandé aux sociétés pharmaceutiques de mener des recherches sur des vaccins à large spectre, capables de neutraliser ces divers virus, 14 au total. En cas de réussite, ces vaccins pourraient être stockés par les gouvernements occidentaux afin de protéger leurs populations ou leurs armées contre d’éventuelles menaces de guerre biologique… ».
Selon Stoffels, «il y aura d’autres explosions de maladies à virus, et nous voudrions être capables de vacciner des populations entières, en produisant des millions de vaccins, pour créer des sortes d’autoroutes de sécurité et faire échec aux épidémies comme Ebola… ».
En RDC, le secrétaire d’Etat US à la Santé, qui rencontrera notamment son homologue, l’UDPS Eteni Longondo, et le patron de la riposte à la MVE en RDC, le professeur Jean-Jacques Muyembe ne vient donc pas inaugurer des chrysanthèmes.
D’autant plus que son pays a pris une avance considérable sur le plan curatif de la MVE grâce au mAb114, la molécule inventée par les chercheurs rd congolais de l’INRB, JeanJacques Muyembe et Sabue Malangu. La formule fait, en effet, l’objet d’une demande de brevet d’invention … US. Application No.62/087.082 datée du 18 octobre 2018, qui en fait une propriété américaine et non pas congolaise. Lorsque Azar vient à Kinshasa pour combattre Ebola, ce n’est donc pas par philanthropie.
J.N.