En séjour de 72 heures depuis samedi 31 août 2019, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, entré en RDC par Goma s’est rendu aussi bien à Beni qu’à Mangina, l’épicentre de la 10ème épidémie de la maladie à virus Ebola (MVE), qui s’est déclarée depuis le 1er août 2018. Il y a un an et quelques semaines, donc. Soit, suffisamment, trop de temps puisque l’épidémie avait atteint le cap de 3.023 cas positifs, dont 2.024 décès lorsque le patron des Nations-Unies foulait le sol rd congolais.
Même si quelques guérisons étaient enregistrées dans les centres de traitement d’Ebola (CTE), notamment à Butembo, les décès s’avéraient encore nombreuses (9 au total), notamment au Nord-Kivu (3 décès) et en Ituri (1 décès), selon un rapport du comité multisectoriel de la riposte rendu public le week-end dernier. Il faut ajouter à ces pertes en vies humaines, 2 décès communautaires (1 à Mutwanga et 1 autre à Mandina), ainsi que 5 décès survenus dans les CTE (3 à Beni, 1 à Mabalako, 1 à Katwa, et 1 à Mwenga).
Dimanche 1er septembre, 4 guérisons dont un nourrisson ont été enregistrées à Mangina, le jour de la visite sur les lieux du secrétaire général de l’ONU. « Il faut que vous soyez les porte-paroles. Vous devez parler à votre entourage, les amis, les frères, les sœurs, les collègues, il faut dire qu’au moindre soupçon ils doivent se rendre auprès du personnel médical pour le test. Si le test est positif vous allez bénéficier d’un traitement. Ça vaut la peine de venir. Ceux qui viennent ici ont beaucoup de chance de guérir. Ne cachez pas les symptômes. Venez et profitez de l’opportunité pour vaincre la maladie », a assuré Antonio Guterres aux heureux vainqueurs de la MVE. Parce que dans la région, comme en Afrique de l’Ouest de 2013 (2014) à 2016, la riposte à la MVE a été confrontée à une sérieuse résistance des populations locales. Manifestement effarouchées par cette sorte de colonisation sanitaire dont s’accompagnent les thérapeutes occidentaux généralement flanqués de « formules toutes faites pour nettoyer dans le nègre », selon le point de vue d’un professeur de l’Ecole de Santé Publique de l’Université de Kinshasa.
A Goma, Beni et Mangina, Antonio Guterres a dit toute la compassion de la communauté des Nations pour les rd congolais affectés par une épidémie d’Ebola de plus. Et promis, naturellement, tout le soutien possible. Même si seulement 15 % des financements promis éradiquer la 10ème épidémie du genre en RD Congo sont disponibles. «Il nous faut une solidarité accrue de la communauté internationale. Les financements promis jusqu’à la fin de l’année correspondent plus ou moins en matière de besoin de lutte contre Ebola, mais seulement 15% ont été versés jusque-là. Il y a un problème de liquidité », a déclaré le secrétaire général de l’ONU à la presse à Goma. Mais ce n’est pas tout en matière d’aide internationale pour vaincre la MVE.
Après des discussions avec Félix Tshisekedi à Kinshasa, lundi 2 septembre 2019, Antonio Guterres a indiqué que les Nations-Unies visaient, au-delà de la MVE, toutes épidémies et pandémies en cours en RDC: la malaria, la rougeole, le choléra … « il faut une réponse qui soit capable non seulement d’éradiquer Ebola mais aussi d’appuyer le Congo à créer des services de santé, des services sociaux de base efficaces dans le combat contre toutes les autres maladies et dans la création des conditions pour que le pays puisse sortir d’une situation d’aide humanitaire pure à une situation de prestation des services de base dans une structure coordonnée ou contrôlée par l’Etat congolais », a décrété le plénipotentiaire onusien en séjour en RDC. Qui a annoncé une conférence internationale sur les services de santé de base en RDC qui se tiendra en novembre prochain à Goma.
O.H.
SOUTIEN AU-DELA DE LA DEMANDE CONTRE LA MVE : Ebola, l’ONU vise toutes les épidémies possibles
