Jusque lundi 2 septembre 2019, des déclarations de condamnation de l’exécutif provincial du Kongo-Central se multipliaient sans affecter outre mesure les principaux acteurs de ce scandale sexuel. Particulièrement, le vice-gouverneur Justin Luamba, surpris et filmé en pleins ébats amoureux avec l’assistance de son supérieur hiérarchique et gouverneur de province Atou Matubuana. Certes, le patron de l’exécutif s’est empressé de limoger son assistante, Mimi Muyita, au début du week-end dernier, mais les dernières prestations médiatiques du duo qui dirige le Kongo Central ont affiché leur volonté de « passer l’éponge » sur le scandale. Et déclenché davantage de protestations. Le 31 août 2019, le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila dont relèvent le gouverneur du Kongo Central et son adjoint a plus que fermement condamné ceux que l’on présente désormais comme des comparses dans la sexe-tape de Matadi. « Considérant que ce comportement va à l’encontre des valeurs prônées par le FCC, après débats et délibérations, le FCC dénonce et condamne fermement ce scandale dans lequel sont impliquées les plus hautes autorités de la province, (…) et informe l’opinion qu’à dater de ce jour, le FCC a retiré totalement sa confiance et son soutien politique au gouverneur et vice-gouverneur du Kongo-Central », décrète le communiqué sanctionnant une réunion de la Conférence des Présidents des Regroupements politiques de la plateforme kabiliste.
24 heures après à Matadi, une réunion de la conférence des présidents fédéraux entérinait la décision de Kinshasa et demandait « aux concernés de faire preuve de responsabilité en respectant le mot d’ordre du directoire national du Front Commun pour le Congo ». Mieux encore, le communiqué signé à Matadi le 1er septembre 2019 appelait l’Assemblée provinciale (qui avait diligenté une enquête parlementaire sur le dossier) à « … souscrire à cette démarche pour le bien-être de notre chère province ».
Mais des doutes demeurent quant à l’issue souhaitée aussi bien par la hiérarchie FCC qu’une partie de ce qu’on peut considérer comme les forces vives centrales kongolaises qui ont bruyamment manifesté et appelé à la démission du tandem Matubuana-Luemba, dont les antécédents politiques n’ont jamais vraiment été empreints d’orthodoxie. Loin s’en faut.
Tandem rebelle
Le tandem qui a remporté haut la main l’élection provinciale au Kongo-Central en avril dernier fut un tandem rebelle, qui avait désobéi au mot d’ordre de la famille politique. A Atou Matubuana et Justin Luamba, le FCC avait préféré le PPRD Simon-Floribert Mbatshi-Mbatshia et Santé Nzinga-Nzeto, c’était connu de tous. Ancien gouverneur du Kongo-Central, Mbatshi-Mbatshia est un homme d’affaires et un acteur politique avisé qui, pourtant, n’avait pas le soutien de la jeune génération d’acteurs politiques de la région qui avaient multiplié des candidatures indépendantes, dont celles des ACO Matubuana-Luamba, à qui des observateurs locaux avisés reprochaient déjà à l’époque de ces joutes électorales, jeunesse et inexpérience.
Mais au Kongo-Central comme dans la quasi-totalité des 26 provinces rd congolaises, les députés provinciaux se sont laissés prendre à l’appât du gain immédiat proposé par le gouverneur a.i. de la province. Ici comme un peu partout à travers la RDC, la majorité était nettement FCC, puisque la plateforme kabiliste avait raflé deux des trois sièges de députation provinciale à Boma (Mambimbi Alain, Le Centre ; Nimi Mbumba Samuel, ACO). De même qu’à Kasangulu, à la sortie de Kinshasa où deux des 3 sièges sont revenus à Nsalambi Ngamakita Joseph (ACO), Mambu Luamba Papy. A Kimvula, l’unique siège est revenu à l’AFDC et Alliés (Tobena Ntamba Serge). A Lukula la même famille politique a raflé deux des trois sièges (Matondo Banda Augustin, Le Centre) et (Mpanzu Nsana Mangovo Augustin, PPPD). Même à Matadi, le camp présidentiel avait enregistré le retour sur orbite de Déo Nkusu, tandis qu’à Mbanza Ngungu, le gouverneur sortant Mutubuana Atou et Mantomina Nsona Zola (Le Centre) avaient arraché les deux sièges de députation provinciale. Avec Kongo Alphonse (PPRD), Tshela est passé dans l’escarcelle du FCC qui a raflé en plus un des deux sièges de Songololo grâce à Mbuku de l’AFDC.
Soit au total 15 élus FCC contre seulement 8 pour l’opposition. On leur doit la présence à la tête de la province de leur collègue Matubuana et de son second, Luamba, deux comparses qui ne doivent pas leur élection à la hiérarchie de la plateforme. Et dont on se demande ce qu’ils feront d’un désaveu qui ne leur avait pas empêché d’arracher la timbale électorale il y a 5 mois.
J.N.