Encore un dossier brûlant hérité de Kimbuta Yango par Gentiny Ngobila. Dans sa décision avant dire droit émise il y a peu, le régulateur congolais des marchés publics a, en effet, suspendu pour irrégularité le partenariat public privé (PPP) conclu, de gré à gré, début 2018, entre l’Hôtel de ville et IDEMA sur la production de cartes de résidence et des fiches d’identification pour étrangers.
Mais l’Autorité de régulation des marchés publics est restée muet sur le coût de ce marché. Toutefois, selon une source à la maison communale de la Gombe, la production des cartes de résidents est un marché de gros sous et devrait se chiffrer en termes des dizaines des milliers de dollars. Outre la panoplie des visas délivrés par la DGM, Direction générale de migration (dont le visa d’établissement spécial de 5 et de 10 ans, le visa d’établissement permanent, le visa d’établissement ordinaire (commerçant et profession libérale ), le visa d’établissement du travail, visa d’établissement des mineurs et étudiants, celui des épouses étrangères des nationaux), l’Hôtel de ville a ciblé les mêmes étrangers pour leur coller une carte de résidence. Mais à ce jour, aucun service de l’Etat n’est à mesure d’avancer un chiffre on ne peut crédible des étrangers vivant en RDC encore moins dans la capitale.
Selon nos sources, les services avaient initié à leur propre compte un recensement des étrangers à Kinshasa, et, naturellement, les résultats n’ont jamais été rendu publics. Il y a 10 ans, en 2009 donc, l’organisation mondiale de migration avait chiffré à 200.000 le nombre d’étrangers vivant en RDC dont près de trois quart dans la capitale, hormis les réfugiés. Des sources bien renseignées rapportent qu’il n’y a point de collaboration effective entre différents services d’Etat en matière de contrôle d’étrangers.
La DGM a récemment lancé une campagne publicitaire invitant les étrangers à se faire enregistrer. L’Hôtel de ville n’a pas été associé à la démarche. La Direction générale de migration a dit avoir mis en place un nouveau circuit de perception de visas d’établissement mais déplore le manque de moyens pour mener régulièrement le contrôle du séjour des étrangers résidant en RDC.
Tout porte à croire dans ce secteur, il est un désordre parfaitement structuré. Même au niveau national, le gouvernement ne dispose pas à ce jour d’un mécanisme efficient de contrôle du nombre de visas accordés par les postes diplomatiques et consulaires, ont fait comprendre, lors des conférences budgétaires sur la loi des finances publiques 2018, des experts du ministère des Affaires étrangères.
D’ailleurs, l’autorité de régulation des marchés publics a aussi suspendu, fin juin 2019, le système du guichet unique dans les postes d’entrée et de sortie de la ville de Kinshasa. Un marché offert par Kimbuta à travers un PPP, en entente directe (gré à gré) avec la même société IDEMA. Rien n’indique que, deux mois après, la nouvelle administration de l’Hôtel de ville respecte ou bafoue cette décision avant dire droit de l’ARMP.
Pour mémoire, les marchés de la production des cartes de résidence et des fiches d’identification pour étrangers habitant la ville de Kinshasa et celui de la mise en place du guichet unique aux postes frontaliers de Kinshasa (Aéroport de N’djili, Beach Ngobila, entrée Mitendi…) ont été initialement attribué à la firme Hologram. La convention est d’une durée de six ans représentant trois exercices de deux ans chacun. Conclu le 4 juillet 2011, la convention spécifique de partenariat public privé n’a été effective qu’en 2013.
Cinq ans après, soit le 22 janvier 2018, le Dircab de l’alors Gouv de Kin, André Kimbuta Yango, notifie à l’entreprise Hologram, la rupture de cette convention. Et que l’Hôtel de ville s’est trouvé un autre partenaire, la société IDEMA avec qui Kinshasa a conclu un marché de gré à gré.
Toutes les démarches menées par Hologram pour ramer l’Hôtel de ville sur la voie de la rationalité et du respect des règles d’adjudication d’un marché public ont été vaines. Même l’ARMP, quoique coiffée par la primature a du attendre le départ de Kimbuta de l’Hôtel de ville pour suspendre les attributions de marchés sus évoquées. Ce n’est un secret pour personne, l’Etat, s’est, ces dernières années, raviné et renversé dans le régime de tant pis pour personne. Kipe yayo, dirait le Kinois branché. Suspendre la production d’une carte induit naturellement la suspension jusqu’à nouvel ordre de celle-ci. Pas si sûr dans la logique de la kinoiserie.
Affaire à suivre.
POLD LEVI MAWEJA