Lamuka, c’est manifestement fini. La plateforme créée en novembre 2018 à Genève pour soutenir la candidature de Martin Fayulu Madidi à la présidentielle remportée par Félix Tshisekedi un mois plus tard, semble vivre ses dernières heures. La lente agonie de la plateforme de Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba, Mbusa Nyamuisi, Freddy Matungulu, Adolphe Muzito remonte à sa mutation en coalition politique fin mai dernier à Bruxelles. Une mutation qui dérangeait particulièrement les plans et les ambitions politiques du candidat malheureux à la der¬nière présidentielle. Fayulu n’entendait pas redescendre du piédestal sur lequel l’avaient juché Allan Doss et ses col¬lègues de Lamuka pour les besoins de la cause. Il s’est donc rebiffé. Le 21 août 2019 à Kinshasa en reconvertissant sa Dynamique de l’Opposition (DO), plateforme qui a porté sa candidature à la présidentielle, en « Dynamique pour la vérité des urnes ». La stratégie a été bouclée au terme de 9 jours de cogitations sur le fonctionnement de la plateforme créée en son temps en collaboration avec l’UNC de Kamerhe et le MLC de Jean-Pierre Bemba notamment. «Le peuple veut montrer que c’est lui qui est souverain et nous, nous devons suivre le peuple. Nous allons continuer le combat pour que la volonté du peuple soit respectée», a expliqué le patron de l’Ecidé à la presse à Kinshasa. Symptomatique.
Suivre le peuple, pas le présidium
Pour «suivre le peuple», ainsi qu’il le prétend Martin Fayulu semble avoir aussi choisi de cesser de suivre ses collègues du présidium Lamuka, coordonné depuis fin juillet 2019 par le MLC Jean-Pierre Bemba. Un présidium passablement laminé depuis que deux de ses membres, Antipas Mbusa Nyamuisi et Freddy Matungulu ont pris le parti d’en claquer la porte. Pour ne pas servir d’escalier aux ambitions de Fayulu qui prépare déjà la prochaine présidentielle, aurait déclaré le banquier Matungulu, après avoir accepté une nomination à la Banque Africaine de Développement proposée par … Félix Tshisekedi, l’adversaire de décembre dernier à la présidentielle. C’est la Tour de Babel dans la coalition Lamuka, chacun des leaders y parlant son propre langage. Fayulu aussi. Sur le contenu qu’il faut donner à la lutte de l’opposition au pouvoir FCC-CACH, les leaders de la plateforme genevoise ne seront jamais parvenus à s’entendre au-delà de la nécessité de déchoir leur ancien « candidat commun de l’opposition ».
Coincé par une grande partie de la base katangaise qui ne comprendrait pas que l’on s’acharne sur un ancien collègue de l’opposition radicale qui a accédé au pouvoir d’Etat, Moïse Katumbi s’est trouvé dans l’obligation de souscrire à une opposition dite républicaine et constructive. En attendant des cieux plus cléments pour canarder Fatshi, sans doute.
Idem ou presque pour Jean-Pierre Bemba dont le parti se réclame de l’opposition républicaine depuis son échec à la présidentielle de 2006. Vérité des urnes, oui, mais vérité pour le peuple (donc pas pour Fayulu) avait-il subtilement nuancé au cours d’un meeting populaire Place Ste Thérèse à Ndjili, à son second come back d’Europe.
Encore une fois, Fayulu se retrouve donc seul à courir derrière des objectifs politiques qui ne rassemblent pas, même dans l’opposition. Mais l’homme n’en est pas à sa première bourde. L’ancien porte-parole de la Dynamique Tshisekedi Président (DTP) puis de la Dynamique de l’Opposition (DO) dont il devient le patron après un conclave convoqué pour évaluer le fonctionnement de la plateforme (déjà) n’innove pas vraiment en s’appropriant la lutte commune à la présidentielle de décembre 2018. La Dynamique pour la vérité des urnes met un terme à l’existence de la coalition Lamuka.
J.N.