Pour réviser et harmoniser les textes qui régissent le fonctionnement de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) parce qu’ils ne cadreraient plus avec l’esprit de ses rédacteurs et les attentes des fidèles, le Synode national protestant s’est réuni durant deux jours à Kinshasa, du 23 au 25 août 2019. Les travaux qui entendaient jeter les bases d’une église nouvelle et impersonnelle fidèle aux valeurs du protestantisme ont connu la participation de la crème de l’ECC en RD Congo, c’est-à-dire, les délégués provinciaux des 85 communautés membres. Ouverts vendredi 23 Août 2019 au centre d’accueil du lycée Dr Shaumba de Kinshasa, après la réunion du comité national restreint, les travaux du synode se sont clôturés dimanche 25 août avec l’adoption et l’harmonisation d’une nouvelle constitution et de nouveaux règlements intérieurs. Selon un communiqué de presse publié dimanche dernier, «des innovations pertinentes y ont été apportées, dont l’ajout d’une charte dans le préambule réaffirmant l’esprit de vivre ensemble dans la diversité. Avec l’adoption de ces nouveaux textes, l’ECC a posé les jalons d’une église qui répond aux attentes de ses 40 millions de membres et de la nation congolaise ».
Une sorte de tension, qui transparaît de cet extrait du communiqué distribué à la presse par les services de communication de la nouvelle direction nationale de l’ECC, reste perceptible : au synode protestant du lycée Dr Shaumba, le vivre ensemble dans la diversité aura subi et résisté aux assauts appelant à répondre « aux attentes » des fidèles représentés par leurs hiérarchies respectives. En fait d’amendements à la constitution et aux règlements d’ordre intérieur de l’ECC, c’est surtout du problème de la limitation des mandats des dirigeants des communautés qui composent l’église à 6 ans renouvelables une fois et de la détermination d’un âge limite d’accession aux postes de commandement qu’il s’agissait. Il a opposé les partisans de mandats illimités aux défenseurs de leurs limitations, au 1er rang desquelles se trouve l’actuel représentant légal de l’ECC, le Révérend Bokundoa-Bo-Likabe.
Le successeur de Mgr Marini Bodho à la tête de l’ECC est à l’origine de nouvelles méthodes de gestion et de gouvernance qui prônent transparence, rationalité et démocratie. Et n’hésite pas beaucoup à dénoncer les méthodes de gestion de son prédécesseur à la tête des communautés protestantes rd congolaises, qui auraient assure-t-on, brillé par leur opacité. L’homme de Dieu semble vouloir faire de son mandat à la tête de l’ECC un mandat de la rupture, y compris du point de vue du rayonnement extérieur du protestantisme rd congolais.
C’est ainsi que la clôture du 18ème synode national extraordinaire de l’ECC, qui coïncidait dimanche 25 août 2019 avec le 25ème anniversaire de la Cathédrale du 1er centenaire protestant, un culte solennel a été célébré, auquel le président de la République a été convié. Occasion pour le pasteur Eric Senga, porte-parole de la nouvelle direction de l’ECC, de mettre en avait le fait que « l’Eglise du Christ au Congo a eu le privilège divin de prier lors de l’investiture du chef de l’Etat. C’est cela le rappel de ce jour. Pour ainsi dire que l’ECC a reçu une responsabilité historique et même prophétique d’investir le chef de l’Etat, le 24 février. A l’occasion, le président de l’ECC rappelait cette responsabilité et aussi affirmait haut et fort, de manière claire, que l’Eglise s’est résolue à accompagner le chef de l’Etat pendant son quinquennat ». Et également, que c’est « un fils de l’Église Protestante, qui a accédé à la plus Haute Fonction de notre pays ». Comme tous ceux qui avant lui ont dirigé l’ECC, le Révérend Bokundoa et ses hommes prônent un rapprochement avec le pouvoir politique en revendiquant l’appartenance du nouveau président de la République à l’une ou l’autre communauté protestante du pays. Sans pour autant lui délivrer un chèque en blanc. « Le président a souligné que cet accompagnement n’aura pas un caractère flatteur, moins encore destructif. L’ECC n’est pas prête à jouer les flatteries mais un rôle prophétique qui consistera à appuyer ce qui est bon et interpeller quand il faudra, mais aussi à proposer des solutions », a expliqué le Révérend Senga. L’église protestante veut demeurer protestante.
J.N.