En même temps que sont programmées de manière imminente les rentrées politique et parlementaire, une session extraordinaire du Conseil Supérieur de la Magistrature vient d’être convoquée. Une véritable aubaine ! Après les fortes turbulences qui ont secoué les Cours et Tribunaux de l’ordre judiciaire depuis décembre dernier dans la foulée du processus électoral notamment, l’occasion est idéale pour une véritable introspection et pour que le jeu de miroir fonctionne à fond dans le chef de tous les acteurs appelés à dire le droit dans notre pays, à quelque niveau que ce soit.
On ne le dira jamais assez, pilier de la démocratie, dernier rempart et régulateur des droits et libertés pour la garantie d’un Etat de droit, la justice est l’élément de confiance indispensable pour la paix sociale. En RDC, en raison de graves dysfonctionnements constatés et des décisions judiciaires parfois ineptes prononcées notamment à la faveur des derniers scrutins, la confiance est en passe d’être érodée entre la justice congolaise et les contribuables.
En effet, entre le Conseil d’Etat qui a littéralement et délibérément piétiné un des principes cardinaux du droit en s’octroyant unilatéralement des compétences qui sont d’attribution par le seul législateur et la Cour Constitutionnelle qui s’est distinguée par une volte-face inédite avec des arrêts incohérents validant, invalidant puis revalidant des candidats aux dernières élections législatives nationales alors que ses arrêts sont définitifs, irrévocables, d’application immédiate et opposables à tous, nombreux sont les citoyens congolais qui ne savent plus où donner de la tête.
Les plus hautes instances judiciaires du pays ont ainsi créé un profond malaise dans l’opinion déjà insatisfaite de la justice ordinaire. La justice dont on dit qu’elle élève une nation, risque si on n’y prend garde de porter les stigmates d’une institution prédatrice des droits individuels et collectifs à la merci du plus offrant ou du plus fort.
Une certaine clameur publique s’est levée récemment pour exiger la démission des plus hauts magistrats de la République. C’est tout dire ! Face à ce tableau très peu reluisant, plutôt que de se réduire à un banal rituel protocolaire au cours duquel les pontifes du droit congolais déclinent des discours d’auto-satisfaction, la session extraordinaire annoncée du CSM devrait servir de cadre pour un véritable aggiornamento du troisième pouvoir. C’est l’occasion idoine de nettoyer en profondeur et en urgence les écuries d’Augias pour épargner à la RDC les affres des frustrations et des haines engendrées par une distribution inique et cynique de la justice susceptible de fragiliser durablement le socle du vivre-ensemble entre Congolais.
Le peuple réclame une justice juste, indépendante, efficiente et fiable qui fonctionne de manière impartiale et attend des juges et autres magistrats et auxiliaires de justice un comportement digne du rang élevé qui leur est reconnu dans toute société civilisée. Le chantier est de taille et vaut son pesant d’or car l’avenir du pays en dépend. À bon entendeur, salut !
KARAMAZOV