Alors que la polémique est repartie de plus belle sur les dépenses outrées des institutions politiques, le ministère du Budget n’est plus à mesure de publier les états de suivi budgétaire mensuels au motif que son site a été piraté. Des commandes de véhicules, des salaires et autres avantages se seraient poursuivies en dépit de l’imminence de la formation du cabinet Ilunga Ilunkamba. Des fake news montés de bric et de broc par la Nouvelle société du Congo? Le ministère du Budget qui publie chaque mois les chiffres des dépenses publiques a, à brûle-pourpoint, cessé toute publication sur la toile. Motif, son site a été piraté. Des hackers y auraient même introduit des données fallacieuses à tel enseigne le ministère déconseille à quiconque de s’y attarder au risque de se faire piquer ses données personnelles.
D’ailleurs, la Nouvelle société civile fonde ses dénonciations sur des informations lui fournies par des fonctionnaires crédibles. Par contre, le ministère du Budget n’a même pas indiqué si son site sera derechef opérationnel dans sa note d’avertissement à l’opinion publique qui barre le mur d’accueil du site. Toutefois, selon des informations collectées notamment auprès de différents Secrétariats généraux des ministères et du régulateur des marchés publics, Le Maximum affirme, avec certitude, que le gouvernement Tshibala a bel et bien continué à effectuer des commandes des véhicules au lendemain des élections de fin décembre 2018, alors qu’il était censé expédier les affaires courantes et limiter ses dépenses aux actions prioritaires et indispensables à la bonne marche de marche de l’Etat.
Il est renseigné, par exemple, que le ministre sortant du Budget, Pierre Kangudia, a effectué une commande de 8 véhicules 4×4 auprès de à la société Central Motors pour 395.996, 5 dollars, soit 645.711.078 FC. Et Pierre Kangudia de préciser que le marché a été conclu sur base du « taux officiel de USD 1=CDF 1630,60 ». Et pourtant, ce n’est un secret pour personne, à fin décembre 2018, le taux de change était de 1520 FC le dollar et celui appliqué pour la paie de l’administration est resté cristallisé à 920 FC le dollar.
Autre commande lancée aux avant-veilles des élections, le 24 décembre 2018, pour 2019, porte plutôt sur des pneus. Le ministre de la Santé, Oly Ilunga en a commandé cinquante-six à CFAO Motors pour une valeur 17.605,08 dollars. «Un marché qu’on aurait dû accorder à une PME congolaise », regrette José Ebondja, activiste de la société civile. Et foi de ce vendeur, Place Kimpwanza, le ministère de la Santé pouvait obtenir ce lot de pneus à un prix deux à trois fois moins élevés.
Les dépenses de l’Etat courant 2018 doivent au préalable faire l’objet de reddition de compte au niveau de deux chambres avant l’examen de la loi des Finances 2020. Mais des bribes d’infos provenant du ministère du Budget indiquent des dépassements gargantuesques, notamment dans le cabinet du Premier ministre et des ministères élevés en vice-primatures pour la période 2018- et fin juin 2019. Comme les années précédentes, les budgets 2018 et 2019 de la RDC seront parmi le mal exécutés des Etats de la planète.
La RDC a obtenu 28% dans la transparence budgétaire d’Open Budget Index, OBI, en français, Indice du Budget Ouvert, IBO. In globo, la RDC a eu la note de 84 sur 300 sur le degré de transparence budgétaire. Open Budget index classe, tous les deux ans, les Etats selon leurs degrés de transparence budgétaire. Le budget 2017 de la RDC a reçu une note qu’on assimilerait dans nos universités à un R, refusé, au terme d’une évaluation qui repose sur des critères des organisations multilatérales comme l’IBP, International Budget Partnership, de l’OCDE, Organisation pour la coopération et le développe- ment économique ou encore l’Initiative mondiale pour la transparence fiscale, le Fonds monétaire international, FMI et l’Organisation internationale des institutions supérieures de contrôle.
POLD LEVI MAWEJA