Le week-end du 10 au 11 août 2019 restera marqué dans les annales de la vie religieuse à Lodja, la capitale économique et à vrai dire, l’épicentre de la province du Sankuru. Après 4 ans de travaux de construction, une oeuvre consacrée au culte au Très Haut, Goel Tabernacle, était inaugurée. L’événement a valu le déplacement du célèbre pasteur Baruti de l’Eglise de Righini à Kinshasa Lemba, dont relève la succursale provinciale qui a poussé de terre à Lodja. Ici, le maître de l’ouvrage se nomme Elie – Charles Lobandji Welo Osoko, l’évêque du lieu connu pour son opiniâtreté et sa détermination lorsqu’il s’agit des oeuvres consacrées à Dieu. L’ouvrage architectural, sans pareil dans toute la province depuis l’époque coloniale, frôle les 2 millions USD. Et vaut tant par sa beauté que par le nombre d’adeptes qu’y drainent la parole de Dieu selon le prophète Branham enseignée ici.
Cela ne s’était jamais vu auparavant : l’événement a attiré une foule estimée à près de 50.000 personnes le week-end dernier à Lodja. Parmi elles, des personnalités politiques, religieuses … et avec elles, la cohorte de conflits socio-politiques qui hantent le Sankuru depuis la très controversée élection gouvernorale de Lusambo, 500 km plus loin. Les fidèles avaient afflué de partout comme pour expier leurs péchés. On y a remarqué particulièrement la présence du sénateur PPRD Moïse Ekanga Lushyma, du député national CCU Jean-Marc Lombaku tandis que les président et vice-président de l’Assemblée provinciale Benoit Olamba et Anatole Dilomba représentaient l’organe délibérant de la province aux côtés du vice-gouverneur sortant assurant l’intérim du gouverneur, le Dr Pierre Lokadi ainsi que d’éminents membres des pouvoirs judiciaire et exécutif provincial…
Intervention malencontreuse
Tout s’est déroulé normalement jusqu’à la prise de parole par le gouverneur intérimaire Lokadi qui a jeté un froid indescriptible sur l’effervescence aussi pieuse que chaleureuse de la cérémonie de dédicace de Goel Tabernacle. En effet, après que le pasteur Baruti eut coupé le ruban symbolique de l’imposant édifice entouré notamment du pasteur Elie Charles Lobandji et du 1er président de la Cour d’appel du Sankuru, Pierre Lokadi, invité à donner un message aux fidèles a annoncé d’emblée «des poursuites judiciaires exemplaires» contre les meurtriers d’un certain Omindo alias Omera, un redoutable brigand coupeur de routes tenu à Lodja et alentours pour responsable d’au moins douze meurtres dont ceux de l’agent de police John Bulungu et du chef de groupement Moïse Kondema Wamu, notamment. Ces propos du numéro 1 a.i. de la province ont choqué beaucoup de participants qui n’ont pas hésité à le huer selon des témoins. Se ressaisissant, le Dr Lokadi s’est alors platement engagé à aider également à la traque des autres auteurs de l’assassinat du chef de groupement. Mais c’était trop tard. Les fidèles Branhamistes ne se sont pas fait prier pour condamner ce qui s’apparentait à une véritable apologie du crime. «Comment ce gouverneur se permet-il de verser des larmes pour un criminel qui a assassiné plusieurs agents de l’Etat dont il est le représentant ici et qui a extorqué arme à la main 350 millions FC de la Rawbank destinés à la paie des fonctionnaires sans manifester la moindre compassion pour ses nombreuses victimes?», s’interrogeaient la plupart des participants, certains allant jusqu’à accuser le Dr Lokadi et ses amis politiques de collusion avec le criminel assassiné qui, à la tête de sa bande, avait écumé fin 2018 les bureaux de vote de sa contrée pour obliger les électeurs et le personnel de la CENI à bourrer les urnes en faveur d’un député national et d’un député provincial proches du vice-gouverneur sous peine de représailles sanglantes.
Appel à l’unité
C’est l’intervention du sénateur Moïse Ekanga Lushyma qui a, aux dires des témoins, sauvé les meubles de justesse lorsqu’il a rappelé que tout en condamnant la justice populaire qui a poussé un groupe non autrement identifié à mettre fin aux jours du repris de justice impuni depuis 2016, les douze victimes innocentes de la bande de coupeurs de routes méritaient la compassion des vrais chrétiens. Il a appelé les sankurois à saisir l’occasion offerte par les disciples du Très Haut à la faveur de l’inauguration de Goel Tabernacle pour revenir à l’essentiel qui reste le développement de la province du Sankuru qui croupit dans une pauvreté inacceptable. Pour cela, a-t-il dit, il faut avoir le courage d’en finir avec la haine et les querelles improductives du passé, même récentes, et regarder vers l’avenir. Il a engagé ses frères et soeurs présents à la cérémonie à consacrer dans chaque heure de leur vie «50 minutes pour parler de l’avenir, 6 minutes pour évoquer le présent et seulement 4 minutes à nos querelles du passé», les paroles qui furent accueillies par un tonnerre d’applaudissements.
La cérémonie de dédicace du Goel Tabernacle s’est clôturée par la remise d’un diplôme d’excellence au révérend Elie Charles Lobandji Welo pour l’oeuvre de Dieu ainsi accomplie, par le pasteur Baruti qui a insisté sur la situation privilégiée de Lodja dans la province du Sankuru et en République Démocratique du Congo d’une manière générale.
H.O.