Des sources crédibles l’ont assuré lundi 12 août 2019 dans la soirée au Maximum : la publication de la première équipe gouvernementale de l’ère Fatshi ne dépendrait plus que du dernier paraphe des deux chefs de la coalition au pouvoir, Félix-Antoine Tshisekedi pour le CACH et Joseph Kabila pour le FCC. Qui peuvent émettre l’une ou l’autre réserve sur des membres des équipes proposées au 1er ministre Ilunga Ilunkamba par leurs plateformes politiques respectives dimanche 11 août 2019. Après que le chef du gouvernement eût, en ce qui le concerne, apprécié la conformité des dossiers lui soumis par les deux délégations relativement aux critères édictés quelques jours plus tôt.
Cette ultime étape de la composition de l’équipe gouvernementale coalisée ne devrait pas durer outre mesure : « c’est un exercice d’hachurage au regard de chaque nom de candidat ministre qui peut entraîner son remplacement par les propositions alternatives accompagnant les premiers choix », selon une source autorisée. Qui ajoute qu’il s’agit d’une sorte «d’échange et de vérification de fanions par chaque chef de plateforme politique qui ne devrait pas s’étendre sur plus de 48 heures ». Parce qu’en sa qualité d’autorité morale de la majorité parlementaire, Joseph Kabila doit s’assurer que l’équipe gouvernementale proposée rencontre aussi bien les intérêts de sa famille politique que ceux du détenteur de l’impérium (Fatshi), faute de quoi le gouvernement s’exposerait à une fragilisation dans les chambres parlementaires.
Le président sortant a en effet un mot à dire au sujet de la nouvelle équipe. Même si, cela va de soi, c’est le président de la République Félix Tshisekedi qui a la dernière décision sur la configuration de l’équipe appelée à mettre en pratique le projet de la nouvelle majorité parlementaire qu’il va piloter. Rumeurs fantaisistes
Pourtant, que de rumeurs, aussi fantaisistes les unes que les autres sur cette première équipe gouvernementale. Sur les réseaux sociaux, lundi dans la journée, une impressionnante liste ayant toutes les apparences de l’authenticité a fait le tour du monde, présentant des ministrables PPRD. Mais le document, un faux, a été aussitôt démenti.
Restait le problème créé par l’AFDC-A de Modeste Bahati. Le frondeur exclu du FCC a annoncé avec fracas aux médias avoir également transmis la liste des candidats de sa plateforme « au premier ministre et un autre original au président Tshisekedi». Mais les choses se présentent plutôt mal pour le très activiste ancien ministre d’Etat au Plan compte tenu des derniers avis sur la composition de l’équipe gouvernementale entendus de chacun des chefs de plateformes politiques coalisées. « Je ne vois pas Joseph Kabila accorder son quitus à une liste reprenant les candidats de Bahati », souffle au Maximum un haut cadre du FCC. Qui ajoute que Félix Tshisekedi non plus ne devrait pas s’aliéner son allié dans la majorité parlementaire pour un acteur politique qui pèse à peine une dizaine d’élus à l’Assemblée nationale et qui cultive la fâcheuse manie de faire chanter ses alliés politiques.
Bahati, c’est cuit
Sur Modeste Bahati Lukwebo et ses fidèles, la cause semble donc entendue: ils ne feront pas partie de cette mouture du gouvernement, pour la bonne et simple raison qu’ils ne sont membres d’aucune des deux plateformes coalisées. A la limite, « Bahati et sa frange représentent une sorte de groupe de non-inscrit à la chambre basse du Parlement», selon la compréhension de cet élu MLC, que Le Maximum a interrogé le week-end dernier.
Les consultations engagées par le premier ministre Ilunga Ilunkamba le week-end dernier ont néanmoins eu le don de révéler un pan de la personnalité du chef du gouvernement. L’homme est loin d’être une sorte de caisse de résonnance de qui que ce soit.
Reçus en audience, les mouvements citoyens représentés notamment par la Lucha de Tesongo se sont hasardés à vouloir donner des leçons au vieux routier qu’est ce professeur d’économie, plusieurs fois ministre et chef d’entreprises d’Etat. Ils en ont eu pour leur grade. « Je serai le premier à écrire sur mon compte twitter que vous êtes incompétent », a menacé Tesongo. La répartie du chef du gouvernement a aussitôt fusé : « Ce qui me déplaît chez vous, c’est cette espèce d’assurance de tout savoir… Donnez-moi votre projet de société pour résoudre les problèmes plutôt que de vous acharner sur les têtes des gens. Vous menacez d’écrire sur les réseaux sociaux, allez-y, je m’en fous … ». La délégation de l’église catholique, autre donneur de leçons devant l’Eternel, ne s’en est pas mieux sortie. Contre sa proposition d’écarter ‘‘tous ceux qui ont commis des bévues sous Joseph Kabila’’, Ilunga a répliqué avec flegme que le problème fondamental de la RDC, ce sont les moyens pour commencer à travailler à l’amélioration des conditions de vie des Congolais et non la chasse aux individus.
Les dernières heures seront donc déterminantes.
J.N.